12 décembre 2003
Le benêt de la semaine

Grand article dans le Ha'aretz d'aujourd'hui consacré à un dénommé Dershowitz qui vient de nous pondre un bouquin destiné à contrer la vague d'attaques dégradantes contre l'honneur d'Israël. Tous ces gens qui disent du mal du pays le plus avancé du monde en matière de droits de l'homme.

Vous pouvez lire le pavé à votre aise. J'ai juste pris une dizaine de lignes pour vous montrer à quel type d'argumentaire on a affaire :


The 1967 war is still being taught at military academies throughout the world, in part because Israel won and caused few civilian casualties.
Ho, la guerre des six jours a fait peu de victimes civiles, didonc. Notez que dans un sens, quand on sait que le gros des combats a eu lieu dans le désert du Sinaï et sur le plateau du Golan, ça n'a rien de vraiment étonnant. Monsieur Dershowitz, il n'y a pas de civils sur le col de Mitla. Ceci explique cela. Et la guerre n'a duré que six jours. C'est difficile de faire beaucoup de morts en six jours, mais c'est un concept purement israélien.
In the intifada, too, Israel is accused of having killed 3,000 Palestinians, compared to the 750 Israelis who have been killed (people forget, he stresses, that Israel has also saved lives of citizens because of its actions against terror)
Ah, il n'y a pas assez de morts côté israélien pour faire victime : on en arrive donc aux morts virtuels. Prenons une moyenne arithmétique de 27 attentats évités par mois, avec un nombre de morts moyen de 16,52 morts par attentat, Israël pourrait donc en toute logique clamer des pertes de l'ordre de 446,04 morts par mois supplémentaires. Notez que j'ai déjà vu des démarches plus puantes. Mais peu. J'ai pris des chiffres bidon, naturellement. Mais tout une bande de vautours s'est déjà livré aux calculs avec les vrais chiffres.

Mais attendez, vous n'avez encore rien vu :

The world, including the U.S., can learn from Israel about how soldiers are educated with respect to the purity of arms. Indeed, America is learning from Israel how to use a certain type of bomb that will cause minimal damage to civilians.
Mwahahahahahahahaha !!!!!!! Une bombe d'une tonne lâchée sur des constructions en parpaings : 16 morts et 150 blessés, pour UN type recherché. C'était à Gaza. Les boucliers humains par dizaines, la chienlit quotidienne de l'occupation, c'est la pureté des armes israéliennes. Je préfère en rire. J'ai envie de le baffer, le Dershowitz là. Ca doit être à cause du type qui m'a tiré dessus à Ramallah alors qu'on portait une blessée sur une civière. Ou à cause des impacts de balle sur mon ambulance préférée. A moins que ce soit de voir mes collègues ambulanciers nus allongés sur le bitume pendant une demi heure. J'hésite... Ou le poivrot dans son bulldozer à Jénine... les divers "accidents" survenus à des étrangers témoins gênants... je sais vraiment pas.
Dershowitz sees in a positive way, for example, reports in the Israeli press about the distress of the Palestinians and this reflects the country's high degree of morality. He says Israel has done something unique in the history of war: It has humanized its enemies. There is no other country, he says, where the sufferings of the enemy are reported.
Aucun autre pays où les souffrances de l'adversaire sont commentées? Ce type n'a pas ouvert un journal depuis 1950, visiblement. Et ce type n'a jamais entendu la façon dont pas mal d'Israéliens parlent de ces journalistes qui écrivent depuis la Cisjordanie. Il ne doit pas savoir que pour beaucoup Amira Hass est une chienne enragée, et tout sauf une journaliste. Hein, Boq ? Elle a quelle réputation Amira ? Et quelle idée étrange a-t'elle de clamer sur tous les toits que les Israéliens ont totalement déshumanisé les Palestiniens ?

Ce genre de propagande à deux sous me fout en rogne.D'autant que le monsieur prend des libertés avec l'histoire :

Territorial changes after a war of defense are fine, especially in the case of Jordan , which started the war against Israel in 1967 and bombarded Israeli territory with 15,000 shells.

Amusant. Parce que comme le rapporte Yves Cuau, reporter à l'époque, pendant le tout premier point de presse de la guerre des six jours, Moshé Dayan a déclenché l'hilarité de tout son entourage en décrivant l'invasion Égyptienne à laquelle Israël avait été obligé de répondre : "en tous cas, au moins un de leurs obus a traversé la frontière". Cuau a obtenu le prix Albert Londres pour son ouvrage de 1968 consacré à la guerre des six jours : "Israël attaque".
Les Jordaniens étaient bien incapables de tirer 15000 obus sur le territoire israélien, sachant qu'au bout de deux heures ils n'avaient plus d'aviation, ce qui rendait leurs batteries d'artillerie totalement intenables.

Et tant qu'on y est :

Dershowitz adds that he has heard from former president Bill Clinton and other senior American officials that Arafat was the only major obstacle at Camp David.

Dommage que d'autres gens, qui y étaient, eux, ont vu Barak en obstacle, avec Clinton en complice. C'est con, hein. Ca fait trois ans maintenant que le débat fait rage, et ce qui en sort est que tout le monde a merdé, mais que tout le monde a trouvé plus pratique de faire porter le keffieh à Arafat. Il a une tête à keffieh, Arafat.

Dans le pavé, naturellement, apparition remarquée des Tibétains. Le pape, aussi. Et puis il est contre les démolitions de maisons parce que les familles ne sont pas coupables des crimes de l'un d'entre eux. Et puis ça la fout mal, alors qu'on obtiendrait le même résultat avec des amendes ! Beuark !

Bref, soit le Dershowitz en question est un benêt naïf, soit c'est un fallacieux menteur. Vous pouvez me citer.

Et je rappelle le principe de base : qu'il existe pire ailleurs ne transforme pas le mal en bien. Ni en moins mal.

Écrit par O. le 12 décembre 2003 à 21:58
Réactions

Pour la guerre des Six Jours, a part le Sinai et le Golan, y'a eu aussi la conquete de la Judee-Samarie, tu sais le truc dont on parle jusqu'a maintenant. Mais effectivement, si y'a eu si peu de victimes, c'est que y'avait probablement pas beaucoup de monde... Ou bien c'est aussi parce que, comme tu le soulignes si bien, une guerre courte c'est toujours mieux qu'une guerre longue.

[...] on en arrive donc aux morts virtuels. [...] Notez que j'ai déjà vu des démarches plus puantes. Mais peu. J'ai pris des chiffres bidon, naturellement. Mais tout une bande de vautours s'est déjà livré aux calculs avec les vrais chiffres.

J'aime bien quand tu me fais des clins d'oeil.

Il ne doit pas savoir que pour beaucoup Amira Hass est une chienne enragée, et tout sauf une journaliste. Hein, Boq ? Elle a quelle réputation Amira ?

Qui ca ?

Et je rappelle le principe de base : qu'il existe pire ailleurs ne transforme pas le mal en bien. Ni en moins mal.

Certes.
Tout n'est pas forcement a jeter dans tes diatribes.
Mais cette belle phrase est davantage une invitation a l'introspection pour les accusateurs monomaniaques, qu'une circonstance attennuante pour les accuses.

Mis à jour par boq le 14 décembre 2003 à 10:57