Paul: portrait en 4 paragraphes et 2499 caractères

Je m'appelle Paul, mais il a bien fallu que je me trouve un pseudonyme pour l'internet, alors j'utilise les 4 premières lettres de mon nom de famille, "gemp"; j'ai remarqué que ce n'était pas très courant, alors c'est resté. J'ai même un serveur de ce nom-là qui est perpétuellement en travaux et d'une rudimentarité frustrante. Je me rassure en sachant que les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés, avant de me souvenir que je ne suis pas cordonnier.

Je suis graphiste. Technicien de surface, comme j'aime à le dire: on me donne du contenu et je le dispose avec tout le talent dont je suis capable sur une surface, qu'elle soit papier, écran, murale, ou même vestimentaire. Mais le talent, ça ne paye plus. Ça eut payé, comme dirait Fernand Raynaud, mais ça paye plus. Maintenant, il faut être jeune et fougueux pour espérer gagner simplement de quoi acheter ses cigarettes quotidiennes, mais seulement si on vit encore chez maman, parce que sinon il faut penser à acheter quelques Knacky et de la purée en flocons. Moi, une grande partie de mon absence de rémunération passe dans l'achat de bière blanche, que je consomme à la pièce dans des endroits beaucoup trop chers, et si possible à crédit.

Je suis graphiste de père en fils. J'ai appris bien plus avec mon père que dans une quelconque école, où la majeure partie de mon temps était occupée à trouver des excuses pour n'avoir pas fait le travail demandé. Je suis devenu assez bon dans ce domaine et ça m'a servi par la suite, mais pas lors de mes rencontres épisodiques avec L'URSSAF et les impôts. Ni avec mes différents et successifs banquiers qui ont quand même dû se donner le mot; il n'est pas possible de savoir autant de choses sur moi aussi rapidement qu'un coup d'oeil à mes relevés bancaires.

J'ai oublié de mentionner que j'étais majoritairement du sexe masculin, totalement et peut-être irrémédiablement célibataire (alors que j'ai pourtant un lit suffisamment grand) et accro à quelques drogues diverses et variées, la plupart par à-coups. Sans exhaustivité: la cigarette (en bonne place), la télévision (par éruptions de séries américaines et boulimies de programmes nocturnes), l'ordinateur (dans ce qu'il a de ludique et exponentiellement consommateur de temps), l'alcool (par à-coups réguliers), la lecture (de science-fiction, d'une manière exclusive et anglophone, par à-coups aussi, quoique plus durables), les crevettes roses ou grises (mais j'essaye de décrocher). Ah, et je n'aimerais pas avoir un chien.

Écrit par gemp le 01 janvier 2002 à 20:27