Felicie... Aussie...

Je veux bien que les Australiens (lire : le gouvernement australien, avant que les Australiens ne le virent) aient décidé d'abdiquer toute idée de pensée indépendante, mais j'imaginais qu'au moins ils garderaient le concept de pensée tout court.

Apparemment, non.

L'Australie a décidé de s'opposer à la résolution de l'ONU qui demande qu'Israël applique le jugement de la Cour Internationale de Justice sur le mur.

Pour mémoire, voici ce que dit le jugement en question :

[Israël] is under an obligation to cease forthwith the works of construction of the wall being built in the Occupied Palestinian Territory, including in and around East Jerusalem, to dismantle forthwith the structure therein situated,

Le jugement est très clair : c'est la partie du mur construite en territoire palestinien qui est visée. Si les Israéliens, pour leur sécurité, au lieu de faire la paix, décident de construire un mur de soixante-dix millions de mètres de haut, ils sont libres de le faire : chez eux.

Résolution de l'ONU, donc. Six pays votent contre :
- Israël, parce que;
- les États-Unis, parce qu'aucun président prenant une attitude égratignant Israël ne peut être réélu;
- La Micronésie, les Iles Marshall et Palau, parce qu'ils font où le dollar leur dit de faire, depuis toujours;
- l'Australie, parce qu'ils sont embarqués sur le navire américain par manque de projet propre.

Pour preuve, cette déclaration hallucinante de la part d'un pays qui vient de s'opposer à la résolution qui, on le rappelle, ne s'en prend qu'à la partie du mur situé en territoire palestinien :

Australia supports Israel's construction of the separation fence but it should not cross into occupied territories, Australia, Foreign Minister Alexander Downer said on Wednesday.

L'Australie soutient la construction par Israël de la clôture de séparation mais elle ne devrait pas passer dans les territoires occupés, a déclaré mercredi le ministre des affaires étrangères de l'Australie.

Ben, mon gars, suffisait de lire !

Tiré du site de l'ONU :

L'Assemblée générale a adopté, ce soir, une résolution exigeant qu'Israël, puissance occupante, s'acquitte de ses obligations juridiques telles qu'énoncées dans l'avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) déclarant contraires au droit international « l'édification du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé. »

Ce n'est nullement le principe du mur lui-même, ni de la sécurité d'Israël qui est en question : si les Israéliens veulent un mur, qu'ils fassent un mur. Ce qu'on leur demande, c'est de le construire chez eux, ou au pire, mitoyen.

Toute la propagande de bas étage consistant à brâmer au droit des Israéliens à la sécurité s'écroule d'elle-même quand on lit le texte : c'est le mur dans les territoires occupés qui pose un problème. Quand l'Australie vote contre cette résolution tout en disant que le mur ne devrait pas passer en territoire palestinien, elle se tire dans le pied, et son gouvernement passe pour aussi significatif que celui de Palau, la Micronésie, ou les Iles Marshall.

Enfin, le ministère des affaires étrangères israélien a ajoûté deux nouveaux mots à son vocabulaire : justice et moralité.

"Israel is particularly disappointed with the European position, the willingness of the European Union to toe the same line as the Palestinians... even at the price of compromising on the basic principles of justice and morality," a Foreign Ministry statement said.

"Israël est particulièrement déçu de la position européenne, l'acceptation par l'Union Européenne de se mettre sur la même ligne que les Palestiniens... même au prix de compromis sur les principes de base de justice et moralité." dit une déclaration du ministère des Affaires Étrangères

Je ne sais pas si l'union européenne va s'en remettre, mais je suis ravi que dans ce ministère là quelqu'un ait retrouvé le dictionnaire ouvert à la lettre "m" comme moralité.

Tout ça ne change rien aux problèmes de base : Israël doit se retirer des territoires occupés, et l'ensemble de la population palestinienne doit expliquer, gentiment ou pas, à la poignée de tarés sanguinaires qui s'illustre tragiquement depuis quelques années qu'on a fini de rigoler, que le moyen-âge est passé, et que s'ils ont vraiment des tendances suicidaires ou au "martyre", qu'ils sont invités à aller se faire sauter sous le char le plus proche plutôt que dans un arrêt de bus.

Ce système d'ONU ne vaut pas un pet de lapin si c'est de toute façon celui qui a le gros gourdin qui a le dernier mot.

Mes amitiés aux Micronésiens, Marshalliens, et autres Palausois, qui n'y sont pour rien.

Écrit par O. le 21 juillet 2004 à 21:06