06 juillet 2005
La liberté ou la loi !

Il se passe un truc intéressant aux USA.

Vous vous souvenez de l'affaire Plame / Wilson ? En deux mots : George Wilson, ancien ambassadeur US envoyé au Nigeria pour remonter la «filière» des fameux efforts irakiens pour avoir de l'uranium, revient avec une critique au lance-flammes : les documents sont bidons, il n'y a pas de filière nigériane.

Là-dessus sort un article qui dévoile que Wilson a été envoyé sur recommendation de sa femme (Plame), et qui annonce que ladite Plame est un agent de la CIA opérant sous couverture. Euh. Ex-couverture, maintenant. L'article cite sa source comme étant quelqu'un travaillant dans l'administration américaine.

Tollé, indignations, enquête. Au bout du compte, deux journalistes se voient signifier par l'enquêteur qu'ils doivent dévoiler leur source. Ils refusent, passent au tribunal, perdent, font appel, perdent, ça va jusqu'à la cour suprème qui refuse d'examiner leur dossier et les renvoie face au juge qui leur a donné l'ordre de dévoiler leurs sources.

De là, un des deux journaux, dépositaires des documents de son journaliste, décide de collaborer. L'autre journal refuse, la journaliste aussi. On menace les journalistes de prison.

Il y a donc deux positions en présence.

la liberté...
Il est impensable que le pouvoir puisse exercer des pressions sur la presse. Beaucoup prétendent, et les journalistes impliqués aussi, qu'il vaut mieux la prison que la trahison d'une source anonyme. La grosse crainte est que les sources anonymes se taisent dans le futur.

... ou la loi !
Dévoiler l'identité d'un agent secret sous couverture est, pour un membre de l'administration, un crime. Un crime a été commis et le journaliste en connait le coupable. Le directeur d'un des deux journaux a décidé de collaborer en expliquant qu'au bout du compte, son journal ne veut pas se placer au-dessus de la loi.

On a apparemment le choix entre deux mauvaises solutions. En effet, la première solution est de facto une atteinte à la liberté de la presse. Sans parler que des sources anonymes potentielles peuvent prendre peu et ne pas parler quand ça serait nécessaire, par exemple sur un crime commis par l'administration ou un de ses membres. Je prends cet exemple là, car c'est au nom précis de cette situation qu'on demande aux journalistes de dévoiler leurs sources : savoir si un membre de l'administration a commis un crime. Solution numéro deux. Ironique, non ?

Écrit par O. le 06 juillet 2005 à 18:06
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