14 novembre 2004
Heure d'hiver

Il ne pleut pas. C'est parce qu'on est en hiver. En été, même endroit, même heure, il pleuvait. On était restés coincés à boire de la bière (ou de l'eau minérale, pour le petit) parce qu'il pleuvait. On regardait les gens courir dans la vaine recherche d'un abri autre que la soi-disant tente style "fête de la bière" qui était surtout une tente "fête au prix de la bière", sans même la mauvaise musique en moins.

Ça sentait le chaud, le rire, la frite, et le marchand de glaces parlait toutes les langues, et avait justement vécu au coin de la rue.

Maintenant, le patron sur la rue est un matou noir et blanc qui en persécute un marron. Non content de l'avoir chassé du train fantôme, il le poursuit devant la baraque à courses de chevaux propulsés à coups de boules de billard.

On a même failli ne pas reconnaître la maison qui bouge, grince, secoue et souflle, en oubliant qu'elle était à l'origine un bâteau.

On a le temps de s'attarder sur les détails, l'insolent panneau "attention cyclistes" sur le grand huit en bois, les petits poêmes fraîchement repeints sur une des facades, le temps de constater que les adresses sont encore libellées "tentes",alors que maintenant tout est en dur. Temps de délibérer sur le bien fondé d'un repas où on peut manger "à volonté" pour 99 couronnes...

Un type déverse des tombereaux de feuilles mortes, côté forêt. J'ai compris. Ce n'est pas un coup de l'automne : ils versent dans les forêts les feuilles mortes tombées dans les parcs d'attraction. Ou bien ils les importent de Roumanie ?

Une jolie faim d'automne. Devant chez Peter Liep, une rouquine est enveloppée d'une couverture, appuyée contre un arbre. Une gamine en rose stridule après son petit frère, alors que le père s'inquiète de nous voir rire... de la taille des poumons de sa fille. Un gamin, oublié sur une souche, regarde ses talons marteler le bois.

Un conducteur de carriole à chevaux nous cligne de l'oeil, et le train de 59 est à l'heure pour rentrer. C'est chaud, confortable, et on partage le couloir avec, curieusement, la même famille qu'à l'aller. On boucle. Pour finir, le chocolat chaud de rigueur, avec de la chantilly au sucre vanillé, et un vieux Pratchett.

Entre les oreilles : speak - Tribal Tech

Écrit par O. le 14 novembre 2004 à 17:58
Réactions