18 mars 2004
Sir Walter

On est arrivés là parce qu'on voulait une pølse. La belle lumière de printemps venait de partir, et il paraissait approprié de s'adosser au comptoir en alu pour déguster la saucisse sur son petit tapis de carton noyé de moutarde.

On l'avait vue, la petite église. Jolie. Mais jusque là, on était de l'autre côté de l'eau. L'occasion et la pølse faisant le larron, et la porte étant ouverte, on est entrés.

"Goddag, goddag". Bonjour. Il se tient, voûté, devant la table aux souvenirs, cartes postales. Volontaire du dimanche, sans doute des autres jours aussi, il accueille, sans trop espérer. Les gens passent sans le voir, il est fragile, tellement blanc qu'il est translucide. Il a froid, et il a la goutte qui lui pend au nez.

A chaque personne qui part, "hej-hej", au revoir. A celui qui donne, à celui qui ne donne pas. Pareil. Pas pour lui, de toute façon. Pour Dieu ? Je ne sais pas : moi non plus, je ne lui parle pas.

En sortant de Saint Alban, je me prends à penser à Quentin Durward, de Walter Scott. J'avais une grosse édition avec des gravures. Un bouquin énorme. J'avais Ivanhoe aussi dans la collection.

Je cherche à me souvenir du nom de l'oncle de Quentin Durward.

Je me demande si je n'ai pas raté un train, quelque part, quand il me faut quatre jours pour me rendre compte que le petit vieux, son goddag, sa goutte qui lui pend au nez, étaient une bien plus belle visite que celle de l'église. Et que je l'ai ratée.

Écrit par O. le 18 mars 2004 à 09:09
Réactions

Est-ce difficile de s'en assurer?

Mis à jour par Marc le 19 mars 2004 à 01:19