09 février 2004
la course en tête...

Vous avez peut-être remarqué, mais le compteur de l'Iraqi Body Count a passé les 10 000. Mais attention, hein. On ne recense ici que les morts civils.

Si on ajoute 3000 civils afghans tués depuis le début de la "guerre contre le terrorisme", on est très largement bénéficiaires, nous, les pays civilisés : même en comptant les 3000 morts du onze septembre, les pays civilisés ont plus de 9000 victimes d'avance, puisque l'ensemble des attentats terroristes recensés depuis le 11 septembre a fait en gros 408 victimes.

Pas mal pour un début... Mais bon, c'est colatéral. On ne va pas chipoter pour 9000 civils ici ou là.

Mais tout de même, je me demande... le but de la guerre contre le terrorisme c'était pas de protéger les populations civiles contre la violence aveugle ? Ou bien c'était seulement les populations civiles *blanches* (lire : occidentales ou alliées) ? Faut le dire, hein, qu'on ne reste pas dans la confusion. Parce que pour les gens simples comme moi, ça prend un tour inquiètant, tout ça.

En savoir plus : ici ou

Écrit par O. le 09 février 2004 à 07:17
Réactions

Ton compteur, est-ce qu'il compte aussi les morts irakiens dus aux attentats islamistes en Irak ? Genre les morts Kurdes, etc. ?

Tu l'as peut-etre deja vu, mais je te recomande aussi le compteur "NoBody Count", qui compte les morts evitees grace a la victoire sur Saddam Hussein. On en est a 40000 vies sauvees depuis l'invasion de l'Irak, et 160000 refugies evites. Je crois que c'est nous qu'on gagne, la.
Ca rejoint un peu ma notion de morts virtuels israeliens evites grace aux operations anti-terroristes.
Une anti-comptabilite qui, parce que moins sanglante, en fait "anti-sanglante", n'est pas aussi impressionnante que celle que tu mets en exergue pour culpabiliser l'Occident. Mais elle sait ramener l'analyse quantitative morbide du conflit a sa veritable dimension.

Dans un conflit-type entre une armee occidentale et une guerilla terroriste islamiste, comme ils se multiplient de nos jours, il y a une vague loi qui veut que les morts occidentaux sont le maximum du possible de la part des hordes terroristes, tandis que les morts de l'autre cote representent le minimum collateral. Une sorte de ratio meta-moral entre l'acte de tuer et l'intention de tuer.

Il y aura evidemment des exceptions pour confirmer la regle, genre un islamiste en legitime defense ou un Arabe tue de sang froid. Mais le schema reste representatif.

Mis à jour par boq le 09 février 2004 à 09:10

Va passer ne serait-ce qu'une semaine n'importe où dans les territoires ou en Irak, regarde ton minimum collatéral meta-moral à l'oeuvre, et reviens nous voir.

Meta-moral, c'est quand on n'arrive pas à réconcilier la morale et les faits ?

Mis à jour par O. le 09 février 2004 à 09:31

je me pose pas mal de questions quant au comptage des morts évités : en terme mathématiqque et plus précisément statistique c'est idiot, en terme de morale c'est ... immoral, en termes humains, ça me semble ignoble.

en terme politique, c'est de la real politik au mieux, au pire un terrible mensonge.

Mis à jour par wam le 09 février 2004 à 09:39

Meta-moral, parce que j'ai quand meme un petit probleme a mettre les mots "tuer" et "moral" dans une meme phrase.
Le fait est qu'entre deux meurtres, meme si ca fait peu de diference pour celui qui n'est plus de ce monde, il y a une difference morale dans le monde des vivants. L'acte de tuer est immoral, mais il genere quand meme une distinction morale entre lui et les autres meurtres. Une morale auto-generee, une meta-morale.

A part ca, tu commences sur un essai polemique/politique/quantitatif, je te reponds avec un angle d'analyse different, et tu me reponds sur une experience du terrain que je n'ai pas. Rapporter les recits de certains amis soldats n'aura pas non plus le meme poids. Ca mets fin au debat d'idee, forcement.

Ah, et wam: pourquoi ?

Mis à jour par boq le 09 février 2004 à 10:26

La différence entre tes amis soldats et moi étant qu'ils sont partie du système en cause (l'occupation militaire), et même si je ne doute pas de leur bonne foi, je doute très fortement qu'ils aient en mains toutes les données du problème.

Encore une fois, j'attends que quelqu'un m'explique la différence morale entre un type qui se fait sauter dans un bus et un type qui sciemment écrase avec son char un vieux dans un fauteuil roulant (orné qui plus est d'un drapeau blanc, pour le cas où le doute subsisterait sur l'utilisation du fauteuil roulant comme véhicule de combat).

Tu t'acharnes à me répondre comme si je défendais l'attaque suicide ou que je négligeais le problème terroriste. Ce n'est pas le cas. Moi, je suis incapable de différencier moralement les deux comportements décrits ci-dessus.

Et l'idée n'est pas de mettre fin au débat. Mais l'expérience du terrain me donne un angle que tu ne peux pas avoir. Faut-il pour autant le réfuter ?

Je réfute ta théorie de la morale à géométrie variable. A cause de toutes ces terreurs qui ne disent pas leur nom et qu'on pratique, les mains propres, massivement.

Parce que j'ai pleuré *de terreur*, justement, caché dans une encoignure, pendant qu'un char matraquait à la mitrailleuse la maison de ma voisine, dans le but, rapporté le lendemain dans la presse, de "faire passer un message" à la mère d'un type recherché.

Quel type de message crois-tu que les habitants du pâté de maison ont reçu ?

Le système de toute occupation militaire, et particulièrement le système israélien, qui est le seul dont je peux vraiment parler pour l'avoir longuement et douloureusement subi sur place, est une terreur. En soi.

Alors je réfute la morale à double niveau. Parce que la non-terreur israélienne fait trois fois plus de morts et vingt fois plus de blessés que la terreur palestinienne.

Tiens, on retrouve à peu près le même ratio que dans les nombres que je donnais plus tôt...

Amusant, tu ne trouves pas ?

Mis à jour par O. le 09 février 2004 à 11:14

A mon avis une action positive est bien meilleure qu'une action négative.

Je veux dire qu'il y aura toujours des vampires pour sucer le sang des cadavres.

Ces compteurs me semblent des bombes de haine.
Les américains ont enclenché un compteur le 11 septembre 2001 à 10H TU.
Le principal résultat est qu'il a entrainé la création du IrakBodyCompt.
Qui lui même entrainera un attentat aux gaz dans un métro européen dans un avenir plus ou moins proche et un nouveau compteur . . .

Pour ma part je laisse les morts enterrer les morts et préfère me préoccuper des vivants.

A ce sujet je vous recommande la lecture du
Dictionnaire des Justes de France sous la direction de Israel Gutman aux éditions Yad Vashem - Jerusalem.
Avec une introduction de notre analphabète national Jacques Chirac ;^)

Comme quoi même sous 6 millions de cadavres il y a une parcelle d'humanité à relever. (Je parle des justes , hein, J.C. n'a rien a voir là dedans)

Belle leçon de paix, non ?

Mis à jour par PierreAmoretti le 09 février 2004 à 11:25

Accuser le *compteur*... t'en as de bonnes... :)

Mis à jour par O. le 09 février 2004 à 12:54

boq> pour les raisons évoquées dans le 1° paragraphe, j'avais oublié le donc. en terme de morale, de structure de raisonnement (donc de biais induit ou pas), ton argument ne tient pas.

en histoire, comme en morale, on ne peut faire parler les morts, encore moins ceux qui ont failli / auraient pu / dû (justement pour asseoir un raisonnement) mourir.

c'est pour cela que le compteur de ceux qui auraient pu mourir ne tient pas un instant. sauf en terme de real-politik. mais là, c'est un choix ... politique. respectable quant à moi, si le discours ne vise pas à l'instauration d'une dictature.

note enfin qu'en terme moral, un mort évité en soi (j'insiste : "en soi", pas quel qu'en soit le prix), pour moi ce sera toujours une bonne chose.

Mis à jour par wam le 09 février 2004 à 13:27

"un mort évité en soi (j'insiste : "en soi", pas quel qu'en soit le prix)"

En voilà une remarque fort intéressante !
Alors, la question polémique du jour est la suivante :
dans quelle(s) situation(s) - i.e. au-delà de quel prix -, est-il préférable de laisser mourir des gens ?

(il y a des cerveaux qui vont buggés...)

Mis à jour par Zarathoustra le 09 février 2004 à 13:44

C'est totalement malhonnête de poser la question en ces termes. Malhonnête et orienté.

Toute personne qu'on ne tue pas dans le cadre d'une opération "antiterroriste" ne condamne pas une victime innocente à mourir. Inversement, tuer un "would-be" kamikaze (note l'usage du conditionnel, largement répandu, qui signifie qu'en fait on en est au mieux au stade de la rumeur) ne sauve pas nécessairement une ou des vies, puisque justement, on ne sait pas.

Je ne sais pas exactement ce que Wam voulait dire, mais je sais où ta question allait, et c'est un raisonnement totalement pervers.

La question n'est pas "au-delà de quel prix est-il préférable de ne laisser mourir des gens".

La question c'est : "au delà de quel prix est-il préférable de tuer des gens".

Une autre façon de poser la même question serait : "jusqu'à quel point sommes-nous prèts à renier les valeurs que nous professons pour nous opposer à ceux qui ne les partagent pas".

Benjamin Franklin, dont je suppose que tu es un fervent admirateur, disait en substance que celui qui est capable de renoncer à sa liberté ou ses droits pour obtenir la sécurité ne mérite ni sa liberté ni ses droits.

Non seulement je suis d'accord, mais je vais plus loin : celui qui est capable de renoncer aux droits *des autres* pour sa propre sécurité a aussi tout faux.

Mis à jour par O. le 09 février 2004 à 16:44

Au sujet du prix a donner pour une vie humaine (mais un peu hors-sujet par rapport a ce qui precede): je me souviens de ce que m'avait dit un ami qui travaillait aux ponts et chaussees, a propos des travaux routiers necessaires dans les endroits reputes dangereux (nombreux accidents).

On decide des travaux a partir d'un certains nombre de blesses ou de morts par accident de la route a cet endroit.
On peut ainsi calculer de facon macabre combien vaut une vie humaine (par ex, il faut au moins 3 morts pour debloquer les 10 millions de francs necessaires etc..). Je ne me souviens plus du chiffre exact, mais ce froid calcul m'avait fait frissonner...

Remarquez que ce prix de la vie humaine varie selon les regions, et que dans les regions riches, il faut moins de morts pour debloquer les travaux chers: la vie des riches vaut donc plus cher (ca on le savait deja).

Mis à jour par Christine le 09 février 2004 à 17:00

Quand je disais:
**(Je parle des justes , hein, J.C. n'a rien a voir là dedans)**

J.C. c'est Jacques Chirac pas l'autre qui était là 2000 ans avec Jacques Chirac mieux connu sous AnalpheGrosBete©
ou souraveugle© . . .

Mis à jour par PierreAmoretti le 09 février 2004 à 19:57

Merci, O. Je voulais simplement préciser que parler de morale en utilisant des artifices rhétoriques du type "en faisant ça, on évite tant de morts" va contre toute morale et contre l'honnêteté de tout raisonnement. c'est un acte politique.

Je vois, Zara, que la majorité des notions de morale t'échappent. Essaie de lire, comprendre, le raisonnement plutôt que de te braquer bêtement. Tu sais, être à l'écoute, ça aide des fois.

Mis à jour par wam le 10 février 2004 à 09:40
Ton compteur, est-ce qu'il compte aussi les morts irakiens dus aux attentats islamistes en Irak ? Genre les morts Kurdes, etc. ? (boq)

Sans intervention américaine combien de morts évités par les attentats islamistes, la pluie de missiles et les mitraillages des troupes de la "coalition"?

Un bel exercice d'application pour la théorie des "morts évités" que tu exposes ici.

A moins, bien entendu, que l'idée (à peine) saugrenue évoquée par O. dans sa conclusion, ainsi que par Christine dans son commentaire, concernant le *prix* de la vie humaine, ait tapé dans le mille.

Mis à jour par aqb le 10 février 2004 à 13:03

MIF affiche le 'No Body Count'.

Mis à jour par Jerome le 10 février 2004 à 20:11

En voilà une surprise...

Mis à jour par O. le 10 février 2004 à 20:17

J'avais pas vu les chiffres ! J'en pleure de rire !

Mis à jour par O. le 10 février 2004 à 21:27

O.
"C'est totalement malhonnête de poser la question en ces termes. Malhonnête et orienté." "je sais où ta question allait, et c'est un raisonnement totalement pervers."
Non, j'essaie simplement de trouver quelle pouvait être la question à la réponse de WAM (j'aimais bien Jeopardy, en fait...).

Et j'ai bien peur d'être plus proche que toi de la solution. "un mort évité en soi (j'insiste : "en soi", pas quel qu'en soit le prix)" signifie bien qu'un mort peut être évité mais PAS quelqu'en soit le prix, donc PAS à n'importe quel prix, donc il y a bien dans la tête de WAM un "prix-seuil" au-delà duquel on peut éviter les "morts en soi".

Note que je ne lui ai pas fait l'affront de m'expliquer ce qu'était un mort "évité en soi", concept bien flou dont j'ai bien du mal à comprendre le sens. Si l'auteur pouvait développer...

"La question c'est : "au delà de quel prix est-il préférable de tuer des gens"." Dans ce cas, je suppose que Saddam pouvait rester au pouvoir encore un petit peu. Il n'avait pas dépassé son "quota" de massacres ? Ah, le pays était tellement plus sûr quand il était là... (tiens, ça me fait penser à une citation de Benjamin Franklin qui disait...)

Sur la citation de Benjamin Franklin, je suis d'accord avec le côté théorique. Mais je ne peux m'empêcher de penser que ce brave homme n'a pas connu le XXe siècle...

WAM
Lors d'un autre débat, j'avais finalement découvert que, tapi derrière un rideau de "valeurs", MANU avait en fait du respect pour les assassins. Alors toi, que caches-tu au juste derrière ce mot-valise qu'est la Morale ?

""en faisant ça, on évite tant de morts" va contre toute morale et contre l'honnêteté de tout raisonnement." Ah bon ? Alors faire la guerre aux nazis fut une erreur ? Anéantir l'Empire Soviétique fut une erreur ? Aucune vie n'a été sauvée ?

"Je vois, Zara, que la majorité des notions de morale t'échappent." Non, c'est l'inverse : c'est moi qui me suis échappé des bras de cette vieille femme qu'est la Morale. C'est en lisant sa généalogie, que l'on commence à prendre ses distances avec la Dame, et que l'on cesse de se réfugier dans ses jupons au premier danger venu.

"de lire, comprendre, le raisonnement plutôt que de te braquer bêtement." Mais, je t'ai parfaitement lu. J'attends d'ailleurs que tu me dises quel est ce "prix-seuil" qui t'a fait écrire qu'un mort ne peut pas être évité QUELQU'EN SOIT LE PRIX.

Mis à jour par Zarathoustra le 11 février 2004 à 14:23

Cent fois sur le métier remettre son ouvrage, même si dans ce cas cela me semble à la limite du discours au désert. Donc Zara : "j'avais finalement découvert que, tapi derrière un rideau de "valeurs", MANU avait en fait du respect pour les assassins"
Où as tu lu que j'avais du respect pour les assassins ? J'ai dit que l'assassin est AUSSI et d'abord un être humain et que c'est l'humain que je respecte. L'assassin mérite la prison et éventuellement le soin, l'humain a la vie comme seule perspective.

J'ai tendance à penser qu'un gardien de camp dort en chacun de nous et que le boulot de l'humain c'est de le maintenir endormi. Tuer le vilain d'à côté me semble, dans cette perspective, contreproductif et de toute façon, spirituellement (puisque tu es allergique à la morale), criminel (je tue mon propre esprit en tuant l'autre).

Alors faut il tuer un assassin ? Oui si dans l'urgence il n'y a pas d'autre solution pour l'empêcher de tuer lui même, non s'il est réduit à l'impuissance. Et même dans le premier cas on en ressort pas intact, demande aux anciens appellés d'algerie ce qu'ils en pensent (une bonne lecture à ce sujet : "Le fakir" de René Victor Pilhès).

Nietzsche est un penseur très tonique mais parfois toxique et je pense qu'il aurait serieusement évolué s'il avait fait une vraie guerre.
Respectueusement (et sans ironie),

Mis à jour par Manu le 11 février 2004 à 15:18

...

Mis à jour par wam le 11 février 2004 à 15:50
Où as tu lu que j'avais du respect pour les assassins ? J'ai dit que l'assassin est AUSSI et d'abord un être humain et que c'est l'humain que je respecte.

Euh... Ben... C'est-à-dire que tu viens de le redire, là... Je ne sais pas si tu te relis, mais moi je lis (tu me diras si je me trompe - mais j'ai beau retourner ta phrase encore et encore, je lis toujours la même chose):
- je respecte les êtres humains (ou l'humain chez les humains)
- les assassins sont D'ABORD et AUSSI des êtres humains, ils ont donc un côté humain (c'est ici que nos vues sont diamètralement opposées)
- donc je respecte les assassins pour leur côté humain (à moins que "humain" et "être humain" est un sens différent chez toi, auquel cas il faudra que tu m'expliques ce que tu nommes "l'humain").

"l'humain a la vie comme seule perspective." Je ne sais pas très bien dans quel dessin animé tu t'es perdu, mais un assassin a LA MORT comme seule perspective ! C'est d'ailleurs pour cela qu'on le nomme... assassin.

"Tuer le vilain d'à côté me semble, dans cette perspective, contreproductif" Le "vilain" ?? Sérieusement, tu as quel âge ? Tu crois que c'est de petits larcins que je parle ?

"puisque tu es allergique à la morale" Pas allergique, non. C'est juste un mot que j'utilise avec précaution, car c'est vite un mot-valise (comme "les valeurs").

"je tue mon propre esprit en tuant l'autre" C'est bien joli, l'empathie, mais c'est une notion qui n'existe plus chez l'assassin. Sinon, ben... il ne tuerait pas, quoi ! Le problème, c'est que tu raisonnes comme si l'assassin pensait comme toi.

"non, s'il est réduit à l'impuissance" Cet argument est valable dans ton monde car pour toi la notion de Justice a disparu (cf. nos précédents échanges sur la "pesée" d'un crime). Dans le mien, il ne tient pas la route : la Justice n'est pas rendue et le crime du criminel n'est pas apprécié à sa juste "valeur".

"même dans le premier cas on en ressort pas intact, demande aux anciens appellés d'algerie ce qu'ils en pensent" C'est pour cela que le métier de soldat est bien difficile.

"Nietzsche est un penseur très tonique mais parfois toxique et je pense qu'il aurait serieusement évolué s'il avait fait une vraie guerre." J'en doute sérieusement. Mais, de toute façon, ce ne serait que pure spéculation.

Mis à jour par Zarathoustra le 11 février 2004 à 16:26

Bon, j'ai compris, il ne peut y avoir, pour le moment au moins, d'échange constructif.
Un autre jour peut-être...

Mis à jour par Manu le 11 février 2004 à 22:38

Ah là, non trop c'est trop....! Quand j'entends le mot morale, je mets un coup de pied dans c... du Ministre/député/curé/prof qui l'a sorti et je sors mes Droits de l'Homme, fais un petit paquet de sa leçon et hop !

Pas de curés ici !

Mis à jour par PierreAmoretti le 11 février 2004 à 23:08

"il ne peut y avoir, pour le moment au moins, d'échange constructif."
C'est-à-dire que si tu essaies de construire quelque chose qui doit absolument aller dans ta direction, et surtout avec le genre de matériaux utilisés jusqu'à présent, ton chantier risque d'être repoussé aux calanques bretonnes.

A part ça, si j'aime bien être victorieux sans coup férir, JE SAVOURE PLEINEMENT le moment où mon interlocuteur déclare forfait.

Mais ça, tu ne peux pas le comprendre.
Un autre jour peut-être...

Mis à jour par Zarathoustra le 12 février 2004 à 00:03

Ca doit revenir cher en Kleenex, non ?

Mis à jour par O. le 12 février 2004 à 00:14

je me disais aussi, cette notion de joute (ouf !) apparait de plus en plus clairement. la vie est un combat, camarade !
mdr.

Mis à jour par wam le 12 février 2004 à 10:10

De la part d'un impudique irakien :

"Oh mon Dieu, quel idiot j'ai été. Oui, j'ai réalisé tout récemment, même si j'avais mes doutes, que j'étais aveuglé par certains faits, et maintenant grâce à de vrais amis du peuple Irakien, j'ai ouvert les yeux pour voir la vérité.

Pour la première fois je réalise dans quel énorme mensonge j'ai vécu pendant 9 mois et le pire est que j'ai moi même créé ce mensonge, et j'y ai cru si fort que j'étais imperméable à toute autre opinion. Le monde entier me disait de me réveiller et de voir les choses en face, d'avoir un peu de cervelle et de voir la vérité. Ils m'ont donné des preuves qui ne laissent aucun doute sur le fait que je vivais un mensonge, mais j'étais tellement borné... et je m'en excuse.
Pendant 9 mois j'ai cru que les choses allaient bien, que l'Amérique avait fait le bon choix, qu'on nous avait débarassés de S. H. et de sa machine à tuer, que j'étais heureux, libre, et que je rêvais d'un monde meilleur.

Grâce à tous les vrais amis du peuple Irakien, j'ai commencé à avoir des doutes et à me poser de vraies questions, et de jour en jour mes doutes ont grossi, et je me suis resolu à faire ce que je redoutais depuis 9 mois. J'ai décidé de réévaluer tout ce que je voyais, et de le comparer avec ce que je pouvais voir avant la guerre.

Alors, un matin, je suis sorti dans la rue comme d'habitude, en me dirigeant vers l'hopital où je travaille, mais cette fois mes yeux étaient ouverts et j'ai fait très attention à tout ce qui m'entourait :

- la première chose qui m'a frappé est que toutes les images de Saddam avaient disparu, et même si il est évident que je l'avais déjà remarqué auparavant je n'y avais jamais songé sérieusement, je veux dire, PERSONNE ne m'avait demandé si ça me plaisait ou non, ni qui avait fait ça. Etait-ce le peuple irakien ? Impossible, les Irakiens adoraient Saddam (l'ensemble des médias ne mentiraient tout de même pas). Etaient-ce les Américains ? Je pense que s'ils avaient passé tout leur temps à retirer des images de Saddam, ils seraient à Nassiryah en ce moment. Alors j'en suis venu à la conclusion qu'il devait y avoir une conspiration derrière tout ça, et ne me demandez pas quelle conspiration ni qui a conspiré et pourquoi, c'est une conspiration et c'est tout.

- la deuxième chose qui m'a gené est qu'AUCUN policier ou soldat américain n'a pris la peine de me demander où j'allais, d'où je venais, ni ne m'a demandé ma carte d'identité. J'ai vérifié mon portefeuille, et j'ai vu que je n'en avais aucune sur moi, et en fait je n'en ai pas eu une sur moi depuis le 9 avril 2003, alors qu'avant cette date, j'avais toujours sur moi 2 ou 3 cartes d'identité (y compris le certificat de service militaire) et malgré cela je vérifiais systématiquement mon portefeuille pour m'assurer de n'en avoir oublié ou égaré aucune. Je veux dire, sérieusement, qu'est ce qu'un homme sans sa carte d'identité ?

- Un autre incident affligeant s'est ensuite produit lorsque je suis allé acheter le journal : j'ai trouvé des douzaines d'étranges journaux et magazines irakiens et plus encore de journaux étrangers (le nombre total de journaux irakiens est maintenant de 132), au lieu des 10 tous propriétés du gouvernement, avant la guerre, et j'ai dit "quel bordel ! qui suis je censé croire maintenant ? comment puis je savoir lequel d'entre eux dit la vérité ?" et j'ai été encore plus déçu en apprenant que la nouvelle armée irakienne fêtait la nomination de 700 volontaires. Et ensuite ? Ne va t-on pas continuer de combattre (je parle de vraie guerre) ? Quel gâchis, nous n'avons eu l'occasion de vivre que 3 guerres majeures au cours des 23 dernières années, et il y a beaucoup d'ennemis auxquels nous n'avons pas encore donné une bonne leçon.

- Une autre nouvelle déprimante est qu'il n'y aura plus d'executions publiques, que dis je, il n'y aura plus d'executions du tout. Vous arrivez à le croire ? Plus d'action ni d'amusement.

- Enfin j'ai trouvé un emploi [dans un hopital] et là je n'ai pas vu une grande différence si ce n'est que ces moments extraordinaire où un enfant meurt simplement à cause du manque de premiers soins ou de médicaments bon marché, les larmes de sa mère et les reporters du monde entier qui se pressent tout autour pour prendre une photo sensationnelle et faire un reportage choc sur les effets de l'embargo, ces scènes me manquent tant. Maintenant les choses sont des plus ennuyeuses, on soigne juste les gens et beaucoup d'entre eux guérissent même.

- Puis un ami à moi m'a dit que c'était le jour de paye et j'ai obtenu mon salaire, ils m'ont donné ces étranges fiches de payes sans aucune figure d'un président irakien dessus. Je me souviens bien, et je l'ai dit ici dans le passé, que mon salaire mensuel avant la guerre tournait autour des 17$. Cette fois ils m'ont donné 200 dinars irakiens qui, au taux de change actuel vaut environ 150 $ et le pire est qu'ils ont confirmé qu'une hausse à l'équivalent de 300 $ a été approuvée et commence dés le mois prochain, avec de possibles hausses dans le futur. Et j'ai compris ce qu'ils voulaient dire : on nous arnaquait ! non, je ne suis pas idiot! ils vont voler notre pétrole, et ils peuvent dire qu'ils vont nous rendre l'argent et qu'ils ont investi des milliards de dollars pour construire l'Irak et pousser de nombreux pays à réduire les dettes du pays, mais NOUS sommes les perdants dans l'histoire, et ne me demandez pas comment, car je serais damné si je connaissais la réponse.

- D'un autre côté, avant la guerre, Saddam ne nous donnait presque rien même en des temps meilleurs que ceux ci. S'il ne volait pas notre pétrole, il gardait tout l'argent dans sa poche.
Il en a utilisé pour réjouir ses proches ? Et alors ? C'est son droit le plus stricte, et s'il desire faire des cadeaux aux bons amis du peuple irakien tels George Gallaway, Bernarde Merime ou Jackie... oups, desolé, tout cela n'est qu'une rumeur.

- Et qui plus est, les longues files de queue à la station essence, les prix élevés de l'essence sont tous revenus à la normale, et les seules choses qu'il reste pour me rappeler le bon vieux temps sont les ruines et les déchets ici et là. Mais ils sont (tristement), lentement retirés et reconstruits. Puis j'ai entendu une explosion et poussé un soupir de soulagement et remercié mes frères Musulmans "Enfin, un son du passé".

Quel ignorant j'étais de penser que tout allait bien et encore une fois merci CNN, la BBC, Al-Jazeera, M. Dean, M. Chirac et nos chers dirigeants Arabes et Musulmans pour m'avoir montré la vérité, et je ne parle pas des détails insignifiants que j'ai cités. Je parle du fait le plus important :

Vous m'avez fait réaliser que la liberté ne vaut pas des heures d'attentes pour faire le plein d'essence, d'avoir 10 heures de courant électrique par jour (même temporairement). En fait, vous m'avez montré que la liberté ne représente RIEN pour moi. Merci de m'avoir montré que je suis né pour être un esclave et que j'aime tant m'agenouiller devant mon maître quel qu'il soit (et il n'y en avait pas de meilleur que Saddam). J'adorais embrasser le sol partout où il passait, ainsi que la manière qu'il avait d'insulter, violer, torturer et tuer des irakiens chaque jour.

Un ami m'a demandé de ne jamais utiliser le mot en 4 lettres (et ce n'est pas mon genre de le faire). Desolé Scott, mais je ne peux pas ne pas dire, pour tous ceux qui ont voulu me dire ce que je devrais penser :
Même si j'avais complètement tort (et je suis sûr que non) sur le pétrole, complètement tort aussi sur l'alimentation électrique, F*UCK YOU ALL. GWB MADE THE RIGHT DECISION AND AMERICA DID THE RIGHT THING AND WE ARE FREEEEEEEEEE!"

Mis à jour par Zarathoustra le 12 février 2004 à 11:48

laisse tomber Zara, y vont dire que c'est un "collaborateur".

Mis à jour par boq le 12 février 2004 à 12:04

3/4 des personnes qui émargeaient sur les listes des services de sécurité et de repression de Saddam, c'est à dire ceux qui enlevaient, tuaient, torturaient, intimidaient, faisaient disparaître des irakiens civils innocents, actuellement ils émargent sur les listes des services de renseignement américains en Irak.

Mis à jour par Moi le 15 février 2004 à 11:35

Il faut instaurer le "dollar count" pour quantifier le pillage des ressources du peuple irakien volées par les firmes US.

Mis à jour par Moi le 15 février 2004 à 11:37