Les yeux au fond de la tête
Paul est toujours là quand il faut. Voici le texte de la chanson de François Béranger : une ville. Je suis bien persuadé que Béranger n'était pas à Jénine quand l'opération Vanguard a été déclenchée, en octobre dernier, mais il la décrit parfaitement, vingt ans avant. Ce qui tenterait à prouver que partout, c'est la même saloperie...
La fin est un peu optimiste, mais bon, faut pas désespérer.
Construis dans ta tête une ville
dans la chaude torpeur d'un été
les robes de coton des filles
leurs tresses nattées de fleurs coupées
en riant elles fuient les garçons
des jardins viennent des flonflons
Construis dans ta tête une ville
dans la chaude torpeur d'un été
le soir aux terrasses le vin brille
la nuit prend tout, sérénité
elle fait lever une rumeur
berce les coeurs marque les heures
dans les cheveux blonds d'une fille
la main qui caressait s'arrête
on se dit "non, c'est impossible"
et pourtant oui, ça vient, c'est là
c'est gros c'est noir, ça hurle, ça crache,
c'est chenillé armé blindé
c'est surmonté d'un fort canon
et de plusieurs gueules casquées
Ferme les yeux et vois la ville
au matin blème et réprimée
le sang qui passe du rouge au noir
séchant sur les rues labourées
maisons éventrées et fumantes
stupeur, colère, haine cachée
ferme les yeux, entends la ville
d'abord elle a peur puis se reprend
et s'interroge, pourquoi, comment ?
qu'avons-nous fait, pourquoi ce viol ?
et qui sont-ils tous ces truands ?
injures, pavés, arbres coupés
Les gars les filles, les vieux, les jeunes
font une ronde qui rend fou
tous les guignols à cheveux ras
qui ne comprennent vraiment pas
le monde entier d'abord crédule
en reste assis sur son p'tit cul
Eh oui, ça y est, c'est arrivé
les cosaques ont été défaits
Construis dans ta tête une ville
dans la chaude torpeur d'un été
faut jamais se réjouir trop tôt
les cosaques reviendront bientôt
et si demain c'était ta ville ?
mieux vaut ne dormir qu'à moitié...
[Entre les oreilles : Une ville - François Béranger ]
Écrit par O.
le 16 octobre 2003
à 06:54