Exil...
Peut-être que C. est sur sa terrasse. Il y a une tonnelle, de l'ombre, la vue sur Ramallah. A droite, un escalier, et toujours un mot pour les gens qui passent.
C'était l'endroit où je venais me reposer de la tension de Jénine, ma deuxième maison en Palestine. La maison de plein de gens aux regards droits et aux idées belles. Un endroit, un repère.
Des souvenirs de cette nuit terrible aussi, avec le plastiquage de la Muqa'ta à quelques centaines de mètres, le cache-cache avec les blindés, l'inquiètude folle.
C. va quitter sa maison de Ramallah pour la denière fois samedi. Elle n'aura jamais plus l'autorisation d'entrer en Israël. Notification en bonne et due forme a été faite aux services consulaires français.
On se console en se disant qu'on reviendra quand on aura le droit d'atterrir directement en Palestine. Mais à son tour elle fait sa tournée des adieux. Elle va laisser bien des orphelins. Mais elle aura allumé de sacrées feux de joie, d'espoir et de confiance.
Allez viens nous voir, Choupinette. On te montrera la petite sirène. C'est pas pareil, et ça te rendra pas ce qu'on t'arrache aujourd'hui. Mais on trinquera à la Palestine libre, et je sais que t'auras encore le feu dans le regard. Ils t'ont eue, mais ils ne t'auront jamais.
Écrit par O.
le 29 juillet 2003
à 11:14