05 février 2003
Un peu de logique...

Bon, monsieur Sharon est embêté. Il y a les vilains travaillistes qui ne veulent pas entrer au gouvernement. Et si ils n'y viennent pas, il va devoir faire un gouvernement qu'on va poliment décrire comme "de droite".

Il va devoir s'allier avec des gens totalement fous et irreponsables, qui ne veulent pas la paix avec les Palestiniens. Notez que lui, il est le patron d'un parti dont les statuts disent clairement qu'il n'accepte pas la création d'un état palestinien. Mais ça ne le gêne pas. Il veut exactement ça. Seulement, il veut la caution des travaillistes pour le faire, il veut les piéger comme la dernière fois. Il veut continuer à pervertir toutes les initiatives de paix avec le label "vrais morceaux de gauche israélienne dedans".

Alors pour convaincre les travaillistes de venir au gouvernement, il a essayé plusieurs idées. La première, dès le soir des élections, c'était "le pays dans ces heures graves a besoin d'union nationale". Il a axé tout son discours de victoire là-dessus. Souvent, il était sifflé par ses propres militants, c'est vous dire comment le besoin d'union nationale taraude le Likud. Il a même cité les mots de Rabin. C'est là qu'il a le plus été sifflé. Symbole, encore...

Mais les travaillistes ont refusé. Ils se sont faits entuber une fois, se sont retrouvés à cautionner des trucs hallucinants, et bon, ils ont compris pourquoi leur électorat s'est fait la malle. Et puis ils disent que s'il faut soutenir le gouvernement lors des moments difficiles, peu importe qu'ils votent les lois depuis les bancs de la majorité ou ceux de l'opposition, du moment qu'ils les votent. Cest pas idiot, comme raisonnement...

Alors il faut essayer autre chose. La dernière en date : en refusant de venir au gouvernement, les travaillistes s'opposent au plan Bush pour la paix !

C'est là que ça devient drôle. Suivez-moi. La "vision" de Bush, à dieu ne plaise qu'on doive se fier à un type qui a des visions tous les mois sur tout un tas de trucs, c'est un état Palestinien "provisoire" en 2005.

Rappelons que le Likud de Sharon est opposé à la création d'un état palestinien. Mais bon, on ne peut pas ouvertement envoyer chier les États-Unis, ce sont eux qui maintiennent le pays sous perfusion, financièrement, militairement, et légalement (29 vétos au conseil de sécurité de l'ONU, par exemple...).

Alors on est d'accord avec la vision de Bush, naturellement. A quelques détails près. Notez qu'on aimerait bien les connaître, les détails en question. Mais Sharon a obtenu de Bush qui l'aime bien (au point de l'appeler "homme de paix", j'en ai encore les larmes aux yeux...) lui a donné la permission de ne dévoiler les détails de son plan (je croyais que c'était le plan de Bush, moi...) qu'après la constitution de son gouvernement. La fameuse "road map" que réclame le "qut" (États-Unis, Nations Unies, Union Européenne, Russie, rien que ça...).

Sauf qu'il y a dix jours, Sharon disait dans une conférence de presse que le qut en question n'avait aucune importance... mais bon.

Road map, donc, que les travaillistes en ne s'associant pas au gouvernement sont accusés de refuser, alors que :
- elle n'est pas publiée
- selon les fuites dont on dispose, c'est un torpillage en règle de l'esprit du texte
- on sait, et monsieur Sharon le dit lui même, qu'il s'en fout.

Moi, j'ai du mal à comprendre que les Israéliens ne se rendent pas compte qu'on se fout de leur gueule...

Je suis pressé de voir la suite...

Écrit par O. le 05 février 2003 à 15:06
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