à suivre...

Vous savez que mon ordinateur portable est mort. Il m'a quitté le lendemain de mon retour de Palestine, regretté de tous, et surtout de moi.

Bon. On ne va pas en faire un fromage, mais j'ai tout de même un livre à écrire, et rapidement, même. Alors un ami m'a dépanné en m'amenant de fort loin un ordinateur portable dont il ne se servait plus. Un Compaq. Ce détail aura son importance plus tard...

A peine mon ami reparti chez lui, je me jette sur la machine en question, au creux du sofa, avec une tasse de thé. Ce détail là n'aura aucune incidence sur la suite du récit, ne vous croyez pas obligés de tout noter.

Ca fait des mois et des mois que ça me travaille : je veux une machine avec Linux dessus. Parce que j'en ai ma claque de Windows, et parce que "philosophiquement", Linux ça me parle. On en reparlera.

Justement, j'avais à portée de main mon jeu de CD d'installation de Linux Mandrake 7.2. Et puis, on peut tout à fait installer un Linux à côté d'un Windows sur une même machine ! Et puis... l'ami qui m'a amené le PC a pris soin d'apporter tout ce qu'il faut pour le remettre sur pied en cas d'erreur fatale...

Vous imaginez la tentation ?

J'ai cédé, mon père... j'ai introduit le cd numéro UN dans le mange-disques, et j'ai relancé la machine, non sans avoir pris la peine de vérifier dans le manuel où on trouvait le setup, pour vérifier que la machine peut démarrer sur le CD. C'est là que j'ai découvert que chez Compaq, le setup c'est plein de petite nicones et de zoulies couleurs. Ca aurait du me mettre la puce à l'oreille... retenez ceci aussi pour la suite du récit.

Eh, ho, moi j'écris, vous, vous retenez. Chacun sa part du boulot.

Hop, en avant l'installation. Première constatation satisfaisante, le touchpad du portable, le petit truc où on glisse le doigt pour bouger le curseur, est parfaitement reconnu. Et nous voilà partis. Choix de la langue... (mince, on peut installer Linux en breton, dites-donc !) et on arrive au choix de la partition de disque. J'ai déjà utilisé ce programme plusieurs fois, il est capable de redimensionner sans soucis une partition Windows pour faire une 'tite place pour Linux. Clic.

Re-clic.

Re-re-clic !

Ca clique pas. Le curseur bouge, je peux le positionner au dessus du bouton "Ok", porte magique à franchir pour atteindre le nirvana linuxien, et je ne peux pas cliquer ! J'essaie les classiques : "enter", "ALT-O"... rien à faire. Le TouchPad me trahit.

Je suis un obstiné, quand je veux. Je vais calmement jusqu'au PC de P., je lui pique sa souris, je la monte sur le Compaq, et en avant, on recommence !

Démarrage, gnagna, choix de la langue (serbocroate ? woah!), gnagna, redimensionnement de la partition Windows...

... clic...

PAS CLIC !!!!!!

A ce point du récit, le vocabulaire français de P. s'est enrichi de plusieurs jurons particulièrement colorés.

On se calme, on réfléchit... et on s'obstine. Linux vient aussi avec un programme d'installation en mode texte qui ne fait pas appel à la souris.

Eheh...

Démarrage, gnagna, choix de la langue (tiens, Catalan, aussi...)... redimensionnement de la... argl ! Un message d'erreur de cinq lignes m'apprend que je ne sais trop quel script perl ne retrouve pas ses petits.

Là, je me suis retouvé devant une alternative. Je pouvais continuer en effaçant totalement le disque (et donc en supprimant la partition windows), ou renoncer.

Renoncer... c'était la chose raisonnable à faire.

Définitivement.

A coup sûr.

Mais bon...

Allez. Je réfléchis. J'ai un CD de restauration original de chez Compaq, le numéro de série officiel qui va bien, tous les logiciels, et il n'y a pas encore de documents sur la machine. Qu'est-ce que je risque... ? Que ça ne marche pas et que je doive faire - littéralement - macine arrière et réinstaller Windows. Je sais faire ça en dormant. Et j'ai même pas sommeil...

J'appuie sur le bouton. Le progamme d'installation de Linux reformatte le disque, et nous voilà partis.

L'installation se passe bien, la machine éjecte le cd, redémarre d'elle-même, et sous mes yeux émerveillés l'environnement KDE apparait, je me dirige vers le panneau de configuration et...

... le TouchPad me trahit encore ! A chaque fois que je l'effleure, le curseur s'affole, part dans tous les sens, je ne peux plus rien faire. Le curseur bouge tout seul ! Si j'utilise la souris externe, ça va. Mais chaque fois que je trouche le truc, même sans le faire exprès, c'est la panique. Et puis la c son n'est pas reconnue. Et puis... bon.

Déçu comme si je m'étais fait recaler par P. au second rendez-vous, je décide puérilement de lui faire la peau au Linux, et de me procurer une version tout de même plus récente.

Hop, j'insère le CD d'origine COMPAQ, je lance le programme de réinstallation, il me demande le numéro de série, je dérange P. pour qu'elle me lise le numéro qui se trouve de l'autre côté de la machine, je le tape, et... "numéro invalide".

Je recommence, majuscules, minuscules, on relit l'étiquette 12 fois... rien à faire, le programme de réinstallation compaq ne veut rien savoir.

Là je me fâche un poil. Il m'agace, le truc, là. Et puis j'ai dans ma collection un cd d'origine Windows 98 bootable. Alors je vais m'en passer, moi, du cd Compaq, ça va être vite vu!

Je reboote, programme d'installation, il me dit qu'il ne trouve pas de partition, qu'il va en créer une, et puis... il se plante. On parle évidemment là d'un Cd Microsoft d'origine, que j'ai même acheté !

Qu'à cela ne tienne... il bute sur un problème de partition, je vais lui en créer une, moi, de partition ! J'ai la disquette DOS qui va bien !

Mais... est-ce que le portable va booter sur la disquette ? Allons-voir dans le setup.

Et là... DISPARU le setup ! Et je fais face à la triste réalité : contrairement à tous les ordinateurs de la planète PC, ce Compaq, victime du particularisme de la marque, a son programme de setup non dans une ROM, mais sur le disque dur ! Et le disque il a disparu quand Linux s'est installé ! Pour pouvoir avoir des zoulies nicones en couleur, Compaq a foulé aux pieds toutes les règles ! (Notez que c'est aussi pour s'assurer qu'on n'installerait rien d'autre que leur produit sur leur ordinateur...)

Du coup je pique une rogne, j'attrape mon manuel Linux, je le lance en mode console (sans souris... comme au bon vieux temps) et je pars à la découverte d'un des quelques milliers de fichiers de configuration, notamment celui qui cause des souris.

Et j'ai réussi ! Maintenant il marche tout bien ! Et puis la c son aussi ! Et puis la c réseau !

De gré ou de force, je suis condamné à Linux.

(large sourire)

Écrit par O. le 06 décembre 2002 à 10:17