11 octobre 2004
Bonnet d'âne...

Quand une cinquantaine de profs d'économie des plus prestigieuses "grandes écoles" américaines (Harvard Business School et consorts) l'ouvrent à propos d'économie, on peut s'attendre à ce qu'ils sachent de quoi ils parlent.

Dans leur "lettre ouverte au président George W. Bush", ils se livrent à une démolition en règle et sans pitié de son programme économique passé et à venir.

Ils appellent à l'arrêt et au renversement de son système de réduction d'impôts pour les plus riches, et suggèrent même qu'à force de creuser les inégalités, le tissu social risque d'en prendre un sale coup.

At the moment, the most commonly accepted measure of inequality - the so-called Gini coefficient - is far higher in the United States than in any other developed country and is continuing to move upward. We don't know where the breakpoint is for the U.S., but we would rather not find out.
Actuellement l'indice de mesure d'inégalité le plus communément accepté, appelé coefficient Gini, est bien plus élevé aux États-Unis que dans tous les autres pays développé, et continue de grimper. Nous ignorons où se trouve le point de rupture pour les USA, et nous préférerions ne pas le découvrir.

Et pourtant, ce ne sont pas des gens qu'on peut qualifier de gauchistes...

Entre les oreilles : Eldorado - Bernard Lavilliers

Écrit par O. le 11 octobre 2004 à 23:50
Réactions

Quand on lit cette lettre on retrouve quand des choses intéressantes : Privatisation de la sécurité sociale, baisse des impôts. Comme le gouvernement français...

Est-ce que la situation devenue extrême aux USA pourrait faire réfléchir les Européens sur leur choix de société ? Nous suivons aussi le chemin d'une augmentation des inégalités.

Mis à jour par loïc le 12 octobre 2004 à 10:29

C'est dommage qu'ils ne donnent pas les sources de leurs données - ne serait-ce qu'en bas de page.
Parce que leur message sonne aussi comme un "c'est pas eux les experts, c'est nous".

Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi ces économistes ne seraient pas des gauchistes. Si rien le laisse entendre clairement, le fait de considérer la privatisation de leur SS comme un mal, ou de parler de mauvaise redistribution, me laisse tout de même penser que ces économistes ne sont pas de fieffés libéraux.

PS: Loïc, si tu as des infos sur la privatisation de la Sécu en France, ne sois pas égoïste : partage tes connaissances !
Parce que je connais un bon nombre de personnes qui en ont marre de financer le SuperMachin et qui voudrait JUSTEMENT ne plus lui devoir le moindre centime.

Sur la baisse des impôts aussi, j'aimerais plus d'infos parce que, pour l'instant, je ne vois rien venir.
A moins que tu ne parles uniquement de cette pathétique baisse d'impôts sur le revenu (vite compensée par l'augmentation d'autres taxes) ?

Mis à jour par Zarathoustra le 12 octobre 2004 à 13:53

Privatisation de la sécu. Mon terme est un peu excessif, c'est l'introduction d'une part d'assurance privée forcée dont je parle. Il me semble que le gouvernement veut de plus en plus aller vers ce système.

"cette pathétique baisse d'impôts sur le revenu (vite compensée par l'augmentation d'autres taxes)" Exactement. Cette pathétique baisse rapporte beaucoup aux plus riches, mais pour la compenser, les collectivités sont bien obligées d'augementer les impôts locaux. Les impôts locaux sont payés par tous, quelque soit le niveau de ses revenus, les impôts sur le revenu ont donc profité qu'à une tranche très aisée de la population. Mes parents sont tous les deux cadres, avec du capital, dans les statistiques ils font partie des 10% les plus riches. Et bien, pour eux, la baisse n'a pas compensé la hausse. Ils ont pourtant des revenus pour permettre une éventuelle compensation. En gros, les impôts dans l'ensemble ont augmentés pour toute la population à l'exception des très riches.

"Parce que je connais un bon nombre de personnes qui en ont marre de financer le SuperMachin et qui voudrait JUSTEMENT ne plus lui devoir le moindre centime." Je leur souhaite de devoir payer via leur assurance privée miraculeuse un traitement contre le cancer sur plusieurs années... Tu veux essayer ?

Mis à jour par loic le 12 octobre 2004 à 14:20

"Part d'assurance privée forcée" ?!
Personnellement, c'est la GROSSE part d'assurance publique forcée qui m'exaspère.

La privée, je peux en changer. La concurrence existe (dans les limites exigues que l'Etat veut bien tolérer en la matière).

La publique, c'est gestion opaque, gaspillages intempestifs et népotisme à tous les étages. Et je ne peux PAS en changer. La concurrence est interdite (tiens, au fait, c'est pas un cas aggravé de monopole, ça ?).

Le gouvernement n'ira malheureusement pas vers ce système. La SS existe depuis 60 ans. Ce sont 60 ans de rafistolages et de cautères plus ou moins efficaces, et AUCUN ajustement structurel. Tandis que le Parlement parlemente et ne contrôle rien, le gouvernement discute et négocie avec toutes les personnes qui n'ont absolument rien à gagner à ce qu'un changement survienne (indice : ce ne sont pas les assurés).

Il faut lire les nombreux articles de l'IFRAP sur ce sujet pour se rendre compte que la SS prend l'eau et que rien n'est fait pour l'améliorer (je ne parle même pas d'efficacité, car c'est un mot honni par la plupart des défenseurs du SuperMachin), à défaut de vouloir éventuellement la sauver.

Et je ne parle même pas des collusions entre la secte de l'Ordre des Médecins, l'Institut Pasteur et le ministère de la "Santé publique".

Je reviendrai plus tard sur la suite de ton commentaire.

Mis à jour par Zarathoustra le 13 octobre 2004 à 11:56

En ce qui concerne la "baisse" des impôts, je suis d'accord avec toi sur le fait que c'est tout le monde qui morfle.

J'aimerais néanmoins précisé deux choses :
- en France, il n'y a quasiment plus de riches. Les riches, les vrais, ils se sont déjà expatriés.

- les collectivités ne sont PAS obligées d'augmenter les taxes locales ! Si elles apprenaient déjà à gérer MIEUX avec autant d'argent(pour "moins", il faudra attendre encore quelques décennies), elles pourraient très bien s'en sortir.

De plus, si les milieux aisés se font aussi avoir, c'est que, finalement, ils ne profitent de rien du tout. Par conséquent, si tu veux chercher les véritables bénéficiaires de ces baisses/hausses, il te faut regarder du côté de ceux qui perçoivent cet argent : les conseils régionaux et généraux, les cantons, les communes, etc. Bref, l'Etat.

En ce qui concerne le traitement contre le cancer, et lorsque je suis d'humeur conciliante, je dis que j'aimerais que la SS ne serve qu'à financer les GROS risques, laissant ainsi des mutuelles s'occuper des petits risques de la vie quotidienne (ce qui permettrait aussi aux assurés de choisir comment ils veulent être soignés - je pense ici à l'homéopathie qui vient d'être reléguée au rang de sorcellerie grâce à l'immonde Ordre des Médecins qui a fait preuve d'un beau lobbying auprès du ministère de la "santé publique").

Le reste du temps, je dis que cela fait plus de trente ans que l'on pourrait soigner le cancer, mais que tout est malheureusement fait pour favoriser l'industrie chimique et pharmaceutique, cette machine de guerre qui détruit les corps au lieu de les fortifier.

Mais c'est un autre sujet, et je dois en parler avec O. auparavant...

Mis à jour par Zarathoustra le 13 octobre 2004 à 23:57

Tu es marrant: "la SS ne serve qu'à financer les GROS risques" On laisse tout au privé, sauf les vrais problèmes. Connais-tu le sens du mot "mutualisation" ?

Mis à jour par Loïc le 17 octobre 2004 à 16:51