04 août 2004
Question de confiance...

Hou que c'était impressionnant !

Au hasard d'un zapping dominical, on tombe sur CNN et là, fantastique branle-bas de combat, des images martiales des forces de sécurités américaines investissant Manhattan, les mots "Orange Alert" qui reviennent, et naturellement un défilé de consultants sérieux comme des papes expliquant tous les uns après les autres qu'au point où on en est ils n'ont pas la moindre idée de ce qu'il se passe, mais que ça va venir.

Restez à l'écoute pour tout savoir sur la menace terroriste à New York.

Deux jours plus tard, la baudruche perd de l'air : il apparaît que la plupart des informations justifiant ce ramdam guerrier dataient. Dataient pour certaines d'il y a trois ans, même.

Au passage, la capacité de nos journalistes à écrire le Français ne cesse de me terroriser. Reuters titrait hier :

Tom Ridge admet que ses informations sont datées

Oui, mon gars. Elles sont datée d'il y a trois ans. Peut-être voulait-il dire : "Tom Ridge admet que ses informations datent" ?

Alors pourquoi déclencher une telle frénésie policière sur des informations disons tièdes ?

Les mauvais esprits -- vous savez comme il y en a -- vont s'empresser de dire que c'est pour maintenir la population sous pression et la faire regarder ailleurs que là où ça fait mal. Au choix : six soldats américains morts en Irak, Kerry qui prend du poil de la bête, un déficit budgétaire astronomique...

Heureusement il y a Tom Ridge. Reuters l'a entendu déclarer ceci :

"Nous ne faisons pas de politique à la Sécurité intérieure", a-t-il dit. "Ce n'est pas une question de politique".

Nous voilà rassurés, non ?

Ce qui est un peu dommage, c'est qu'un journaliste, peut-être resté un peu plus longtemps que les autres, ou plus attentif, a aussi relevé la phrase suivante :

"But we must understand," said Ridge on Sunday, "that the kind of information available to us today is the result of the President's leadership in the war against terror."

"Mais nous devons comprendre", a déclaré Tom Ridge Dimanche, "que le genre d'information à notre disposition aujourd'hui est le résultat du leadership du Président dans la guerre contre le terrorisme"

Deux observations sur cette phrase :
- vu que les tuyaux se révèlent crevés, que penser du reste du leadership ?
- voilà une déclaration qui me rassure totalement sur l'absence de motivation politique. Pas vous ?

Et enfin un dernier clin d'oeil : on a pu lire ici ou que la famille du Président , le même jour, a fait une séance photo dans les locaux du Citigroup Center, une des cibles présumées. Soit le Président est très bien informé, soit il est très bien informé, hein...

Bloomberg and Pataki rang the opening bell at the stock exchange Monday to show solidarity with workers and visited the Citigroup building with first lady Laura Bush and her twin daughters in the afternoon.
Bloomberg [maire de New York] et Pataki [gouverneur, je crois] ont ouvert la séance à la bourse lundi pour montrer leur solidarité avec les gens qui y travaillent, et ont visité le bâtiment du Citigroup avec la première dame Laura Bush et ses filles jumelles dans l'après-midi.

Je suis désolé, mais tuyau crevé plus admirable héroïsme de la famille présidentielle qui se rend par solidarité sur un des sites prévus pour l'éventuelle attaque devant les caméras, je suis certain qu'il se trouvera des mal pensants pour trouver que ça fait un peu propagande de base.

Personnellement, je ne me fais pas beaucoup d'illusions. Même si on ne les a pas pris en flagrant délit de mensonge depuis plus de, mmmh, disons 24 heures.


Écrit par O. le 04 août 2004 à 07:02
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