22 juillet 2005
La vérité de Robert, première partie

Je poubellise systématiquement tout ce qu'envoie Robert. Un de ses envois, mérite réponse, et donc voici la réponse. La première partie seulement, parce que c'est long et fatigant. Ce n'est à l'évidence pas Robert qui a écrit ça, c'est tiré d'un des multiples argumentaires que les «amis» d'Israël utilisent machinalement.

Tous les textes cités viennent du texte Robertien, que j'essaie de garder en intégralité. La suite, probablement demain. Le message originel de Robert s'appelle «Ce qui s'est réellement passé à Jénine»


Le camp de réfugiés de Jénine a été créé en 1953. Il comprend quelque 13 000 habitants, et est pratiquement inclus dans la ville de Jénine. À la suite des accords d’Oslo de 1993, Jénine a été, comme les autres villes palestiniennes, évacuée par Israël et placée sous le contrôle, tant civil que militaire, de l’Autorité palestinienne. Cependant, le camp demeure géré par l’Agence des Nations unies chargée des réfugiés (UNRWA).

Oué. Il y a une boulangerie aussi.


Le camp est passé, au fil des années, sous la coupe des organisations islamistes (Hamas et Jihad islamique), et est devenu l’un des principaux centres du terrorisme palestinien. Le Jihad islamique, en particulier, y avait une infrastructure qui était la plus puissante de tous les territoires – en raison d’un important financement qui lui parvenait de la direction du mouvement à Damas. Les services administrés par les agences internationales, et notamment par l’UNRWA, étaient eux aussi contrôlés par les organisations terroristes. Les soldats israéliens qui ont pris part à la bataille de Jénine rapportent qu’ils ont trouvé partout des affiches glorifiant les attentats-suicides, et que jusque dans les albums de photos familiaux les enfants étaient représentés en «martyrs», avec des ceintures explosives attachées à leur taille.

C'est quoi une infrastructure ? Ca sonne bien, en tout cas.

Pour le coup des affiches glorifiant les attentats suicides, c'est la même stupide propagande bornée que d'habitude. Alors, pour les malentendants, les mallisants, les malpensants et les malintentionnés, piqûre de rappel : toute personne morte de mort violente a doit à son affiche. Les affiches sont relativement standard, et indiquent le nom, la date de naissance et de mort. La cause du décès n'est en général pas mentionnée. Et, en passant, il y a un tas de choses que les soldats israéliens ayant pris part à la bataille de Jénine oublient de mentionner. J'y reviendrai.

Que deux ou trois abrutis aient trouvé drôle de déguiser leurs enfants en kamikaze est possible, je ne l'ai jamais vu moi-même, mais je fais confiance au mauvais goût humain. Cela dit, j'ai une collection de photos d'affiches, pour les gens qui veulent se faire leur opinion par eux-même. Me contacter.

Les rapports des services de renseignements de l’Autorité palestinienne, qui ont été saisis par Tsahal lors de l’opération «Mur de protection», indiquent que même le Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, y était passé sous la coupe des islamistes. La direction du Fatah dans le camp de Jénine écrivait le 25 septembre 2001, dans une lettre adressée au chef du Fatah en Cisjordanie, Marouan Barghouti: «[Le camp de Jénine] est caractérisé par une présence exceptionnelle de combattants qui prennent l’initiative de l’activité nationale. Rien ne les vaincra et rien ne les inquiète. C’est pourquoi ils sont prêts au sacrifice, par tous les moyens. Il n’est donc pas étonnant que Jénine soit la capitale des suicidés.»

Le fatah tombé sous la coupe des islamistes, ça ne veut rien dire, mais ça sonne bien, encore une fois. Sur le terrain, il est facile de se rendre compte (affiches, graffiti, etc.) qu'une lutte d'influence a lieu entre les trois factions rivales (Jihad, Hamas, Brigades Al-Aqsa). Comme le plus souvent, les forces de l'Autorité restent dans une prudente réserve. Cela dit, le camp était effectivement un nid de frelons, comme beaucoup de ces camps.

L’opération «Mur de protection» a été déclenchée par Tsahal avec pour objectif de porter atteinte à l’infrastructure terroriste, en détruisant des centres de fabrication de bombes et en arrêtant les principaux responsables des réseaux terroristes. Dans le cas de Jénine, cette opération était particulièrement significative car le camp jouait un rôle de plaque tournante dans la formation et l’équipement des auteurs d’attentats-suicides. Les soldats israéliens engagés dans l’opération étaient des réservistes, mobilisés à la hâte après l’attentat-suicide de Netanya du 27 mars qui a fait 29 morts et plus de 100 blessés. Ces soldats venaient de quitter leurs lieux de travail, leurs femmes et leurs enfants. Ils avaient eu à peine une journée de préparation avant les opérations, et n’étaient pas préparés à l’enfer qu’ils vécurent dans Jénine.

Si ça peut rassurer l'auteur de ce torchon pathosé, les familles du camp de réfugiés ne s'attendaient pas non plus à l'enfer qu'elles ont vécu. Et les Palestiniens n'ont pas de femmes, pas d'enfants, ou alors ils s'en foutent, puisque ce sont des monstres sanguinaires.

Et entre nous, si on sait qu'un endroit est un nid de frelons, est-il réellement raisonnable d'envoyer un groupe de réservistes mal préparés à l'assaut ?

Et étaient-ils si mal préparés, d'ailleurs ? Certaines des cartes d'état-major israéliennes que j'ai pu voir, trouvées dans les décombres semblent indiquer le contraire. Chaque maison est numérotée de façon à pouvoir demander un appui feu aérien. Sur une des cartes que j'ai vues, on voit une zone dessinée à la main. Elle correspond à un poil près à la zone de destruction.

L’armée israélienne entra dans le camp de Jénine durant la nuit du 2 au 3 avril. Les organisations palestiniennes avaient transformé le camp en fortin, avec des tireurs embusqués un peu partout et des mines disséminées dans les rues et à l’intérieur des maisons. Les terroristes suicidaires, motivés de longue date pour se faire exploser au milieu de populations civiles israéliennes, étaient prêts à passer à l’action contre les militaires israéliens.

La bataille a en fait commencé par des escarmouches sur les collines surplombant le camp, où les FDI ont installé des postes d'observation. Ensuite, l'infanterie a commencé se progression sur un seul côté du camp. Comme la fois d'avant. Comme prévu. Certaines maisons de la périphérie avaient été évacuées et minées. La population avait été prévenue de l'emplacement des mines : les Palestiniens ne sont pas idiots. Plus en retrait dans le camps, des cuisines communes et des points de ravitaillement et de repos avaient été mis en place pour les combattants. Il y avait apparemment consensus sur le fait que le camp allait se battre.

Les gens allaient défendre leurs maisons, instruits par les expériences précédentes de novembre, à Naplouse et Betlehem, où les Israéliens avaient commencé leur technique de progression "à la taupe"... c'est à dire pas dans les rues, mais dans les maisons, en perçant les murs pour pouvoir circuler, entraînant naturellement des dégats considérables dans les habitations traversées. La méthode est toujours la même : on pénêtre dans une maison en faisant sauter un mur, on enferme tout ce qui bouge dans une seule pièce, pour une durée pouvant varier entre quelques heures et plusieurs jours, et on s'installe. On fouille (lire : on ravage), occasionnellement on vole, et ainsi de suite.

Curieusement, la méthode n'est pas très populaire chez les Palestiniens.

Le camp s’était rapidement vidé de sa population: la moitié des habitants étaient partis avant l’arrivée de l’armée israélienne, et au troisième jour de la bataille il ne restait plus sur place que 10 % de la population, soit un peu plus de mille personnes. Il y avait là, outre un noyau de 200 combattants armés, des civils qui avaient décidé de demeurer à leurs côtés mais aussi des habitants que les terroristes avaient contraints à rester sur place.

N'importe quoi, n'importe quoi, et encore n'importe quoi. Seules les maisons de la bordure ouest avaient été évacuées (et encore, pas toutes) et leurs habitants étaient pour la plupart dans le camp. Il faut signaler à ce stade que l'IDF contrôlait à ce moment le reste de la ville et que les déplacements étaient naturellement interdits. Conditions rêvées pour l'évacuation de 9000 personnes, on nous prie de le croire.

A moi, on m'a décrit un noyau de 70 - 80 combattants. L'équipement était de bric et de broc. La seule "arme" disponible en masse, c'est la bombe artisanale fabriquée avec des morceaux de tuyaux, popularisée sous le nom de "pipe bomb" (bombe-tuyau).

La présence des civils était destinée à freiner l’avancée de Tsahal, permettant ainsi aux combattants palestiniens de harceler les soldats israéliens. Il s’agissait, de la part des organisations palestiniennes, d’une tactique délibérée dont elles devaient se réclamer ouvertement au lendemain de la bataille (1). Dans l’optique d’un mouvement se livrant à des attentats-suicides, mettre en danger des civils palestiniens afin de continuer la lutte contre Israël n’avait d’ailleurs rien d’extraordinaire. D’où la situation qui s’est reproduite un certain nombre de fois (voir témoignages) au cours de la bataille de Jénine: des civils palestiniens qui s’adressent pacifiquement aux soldats, et des combattants qui font irruption derrière eux et tirent sur les soldats.

Les civils étaient là parce qu'ils n'avaient pas le choix. Ils habitent là, et ne pouvaient le plus souvent quitter le camp. Avant la bataille, à cause du couvre-feu imposé en ville par l'IDF, pendant la bataille parce que c'était extrêmement dangereux de se trouver dans la rue.

Les déclarations grandiloquantes des chefaillons à la télé sont juste ça : des déclarations grandiloquantes. La cause Palestinienne avancera à grands pas quand elle saura qui montrer à la télévision, et qui ne pas montrer. Je suppose que c'est de bonne guerre d'exploiter des déclarations imbéciles. Mais ce sont des déclarations qui n'ont pas grande valeur documentaire. Elles sont pratiquement exclusivement à usage "interne", pour établir le prestige de la faction à laquelle le mec appartient. C'est comme quand Sharon dit qu'il veut la paix.

Le coup du combattant palestinien qui se cache derrière des civils, je ne dis pas non. Ce qu'on oublie de nous dire, c'est que c'est une pratique largement répandue dans l'IDF, et qu'elle a été intensément utilisée pendant la bataille de Jénine. On a même connu un incident tragicomique où un bouclier humain palestinien a été blessé par des soldats israéliens qui se méfiaient de ces individus se cachant derrière un civil.

L'usage du bouclier humain par les forces israéliennes est ultra-documenté, la cour suprème a du s'en mêler plusieurs fois. L'interdit n'a apparamment pas une valeur morale suffisante.

Toute autre armée, dans ces circonstances, aurait agi comme les Américains le firent, récemment encore, en Afghanistan: «nettoyer le terrain» par des bombardements massifs, envoyer ensuite les blindés, et enfin faire pénétrer les hommes à pied. Mais l’infrastructure militaire des terroristes ayant été volontairement disséminée au sein des zones habitées, cela signifiait porter atteinte à la population civile. C’était contraire au code éthique de Tsahal. Au lieu de pilonner aveuglément, on envoya donc les hommes sur le terrain. Ces hommes étaient eux-mêmes des civils israéliens tout juste mobilisés, psychologiquement impréparés à une guerre de rues, et d’autant plus fragiles face à un adversaire ayant fait le choix de la mort. Cela explique le grand nombre de victimes israéliennes.

J'ai du mal à lire ça sans rire. Ca me rappelle le témoignage de ce major du service de santé de l'IDF, dont le point culminant était qu'il donnait des bonbons aux enfants.

Traduisons : c'était un assaut mal ficelé, avec une sous-estimation du niveau de résistance. Quand on envoie une formation investir une ville, on voit mal les défenseurs s'installer dans le champ d'en face, et dire "nous sommes là, à découvert, envoyez l'aviation et qu'on en finisse". Un peu de sérieux.

Pour le code éthique de l'IDF, il est à géométrie variable. Boucliers humains, "cocotte minute" (faire sauter un bâtiment avec les gens dedans), toute personne se prenant une balle devient instantanément une personne recherchée (la liste des personnes recherchées, apparemment, c'est l'annuaire téléphonique : ça fait quatre ans que seules des personnes recherchées sont atteintes...)

On peut relire avec émotion (recherchez-le sur le net) le témoignage d'un des conducteurs de bulldozers qui ont dévasté le camp. «Beaucoup de gens étaient dans les maisons que nous devions démolir. Je n'ai pas vu, de mes yeux, quelqu'un mourir sous la lame du D-9. Et je n'ai pas vu de maison s'effondrer sur des gens vivants. Mais, si c'était le cas, je m'en foutrais. Je suis persuadé que des gens sont morts dans ces maisons, mais c'était difficile à voir parce qu'il y avait beaucoup de poussière partout et qu'on travaillait beaucoup la nuit. J'étais content à chaque maison détruite, parce que je savais que ça ne les dérangeait pas de mourir, mais qu'ils tiennent à leur maison. Si vous abattez une maison, vous enterrez quarante ou cinquante personnes pour des générations. Je ne suis désolé de rien, sinon de n'avoir pas rasé tout le camp.»

Pour la recherche, le mot clé c'est "kurdi bear".

Il y avait dans le camp, nous l’avons dit, environ 200 Palestiniens armés; la moitié d’entre eux se rendirent, les autres continuèrent à se battre. La bataille dura dix jours; elle fit 23 morts du côté israélien, et au moins le double du côté palestinien.

Plutôt 80 combattants que 200, à moins qu'on compte les gamins qui transmettaient les messages comme combattants. Quoi ? Des enfants ? C'est répugnant ! Ouais... le nom Gavroche vous évoque quelque chose ? Dans toutes les guerres urbaines, les gamins transmettent les messages. Si c'est héroïque en France quand c'est Gavroche, c'est pareil à Jénine. N'oublions jamais : c'est le vainqueur qui attribue les bons points à la fin.

Les affrontements se limitèrent très vite à la partie centrale du camp. Dans cet espace qui avait la forme d’un carré de cent mètres de côté, traversé de rues étroites, la progression des forces israéliennes était rendue très difficile par les commandos palestiniens qui, dans leurs actions de harcèlement, avaient systématiquement recours à l’arme suprême du suicide.

Aha. Recours systématique au suicide sauf pour :
- la moitié, qui s'est rendue
- les survivants encore en liberté
- les 19 combattants morts identifiés tués par balles

Ca fait super systématique, ça, hein ? En fait je crois qu'on a recensé *deux* attaques suicide pendant la bataille.

Jamal Abou Al-Hija, commandant de l’organisation militaire du Hamas à Jénine, déclarait à un journal arabe londonien que «les forces de combat de toutes les organisations du camp ont été équipées avec des ceintures explosives et des grenades» (2). Les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa (l’organisation terroriste dépendant du Fatah) annonçaient dans un communiqué qu’une Palestinienne nommée Ilham Ali Dasouqi s’était fait exploser au milieu de soldats israéliens, tuant deux d’entre eux et en blessant six autres (3). Même les enfants étaient mobilisés. Abou Jandal, commandant du Jihad islamique à Jénine, interviewé par la chaîne de télévision Al-Jazira au cours des combats, déclarait: «Il y a des enfants postés dans les maisons, avec des ceintures explosives à côté d’eux» (4).

Même remarque que précédemment sur les déclarations qui n'engagent que ceux qui les font. Il suffit de compter le nombre d'enfants tués pour savoir que des vagues d'enfants ne se sont pas jetées dans la bataille avec des ceintures d'explosifs. J'ai un scoop au sujet des Palestiniens : ils aiment leurs enfants, comme tout le monde.

Les combattants israéliens devaient neutraliser les Palestiniens armés tout en protégeant les civils palestiniens pris dans la zone des combats. Mais les terroristes portaient des tenues civiles, ou bien ils se dissimulaient derrière des civils avant de tirer sur les Israéliens: des soldats de Tsahal furent ainsi tués ou blessés parce qu’ils n’avaient pas voulu prendre le risque de porter atteinte à des innocents. Parfois, aussi, des Palestiniens étaient victimes de tragiques méprises. Un homme fut tué parce qu’il portait à la ceinture un pansement médical que les soldats, situés à quelques mètres de lui, avaient pris pour une ceinture explosive. Il est probable, par ailleurs, que des civils palestiniens furent victimes de balles perdues ou de l’effondrement de maisons. D’autres furent victimes des charges explosives placées par les combattants palestiniens.

Un autre a aussi été victime d'un accident de la circulation : écrasé par un char dans une chaise roulante sur la route. C'est la vie. Pour une vision un peu plus sérieuse de la situation, se reporter à l'excellent travail d'investigation réalisé par Human Rights Watch.
Deux infirmières ont été touchées par balle. Une est morte, et le témoignage de la survivante indique sans ambiguité que ce sont les israéliens qui les ont allumées.
Une femme a été un peu lente à ouvrir la porte quand l'armée a frappé : ils ont fait sauter la porte, et elle avec.
La liste est longue...

Le centre de Jénine était devenu un véritable champ de mines. Le commandant du Hamas, Jamal Abou Al-Hija, racontait le 8 avril, dans une interview téléphonique à la chaîne de télévision Al-Jazira, comment ses hommes avaient placé «des engins explosifs sur les routes et dans les maisons». Il y en avait dans les poubelles, dans des réfrigérateurs placés en pleine rue, dans des trous au milieu de la chaussée. On évalue entre 1 000 et 2 000 le nombre des bombes, mines et charges explosives qui étaient dispersées dans le camp (5).

Ce problème de mine s'est ensuite étendu "grâce" à l'épandage accompli par les bulldozers et les tanks. On est passé d'une situation où tout le monde savait où étaient les mines à une situation où il y en avait un peu partout. Plus d'un an après les combats, des explosifs faisaient encore des victimes, essentiellement des mômes.

Les maisons étaient minées, elles aussi: entrées, portes intérieures, armoires, objets divers. Après les premiers combats, les corps des Palestiniens furent piégés, pour tuer les Israéliens qui s’en approcheraient. La bataille se poursuivit dans ces conditions, meurtrière pour les Israéliens comme pour les Palestiniens.

Après les soldats sont devenus très méfiants. Dans la clinique de l'UNWRA, ils ont par exemples tiré une balle dans chaque robinet pour vérifier si une bombe n'était pas dedans. Pour ne prendre aucun risque, ils ont aussi tiré sur les stocks de vaccins dans les frigos. On ne sait jamais.

Plus sérieusement, les ravages dans les maisons ont été systématiques. Dans certains cas les soldats ont déféqué dans des boites de conserves et les ont mises dans le frigo, en cadeau. On a trouvé des inscriptions sur les miroirs. Un ours en peluche cloué au mur par un couteau. Ce genre de choses. Un magasin d'articles vidéo a été "fouillé" de près...


Le tournant se produisit au septième jour des combats. Ce jour-là, 13 soldats israéliens furent tués après avoir été attirés dans un piège. Un espace dont les combattants palestiniens étaient supposés s’être retirés était en réalité miné de toutes parts. Les soldats israéliens y furent attirés par des civils palestiniens; puis les charges explosives furent actionnées et des Palestiniens en embuscade tirèrent sur les soldats. Les Palestiniens empêchèrent ensuite l’évacuation des blessés israéliens, qu’ils achevèrent un par un, à coups de fusil (voir, à la suite de cet article, le témoignage d’un combattant palestinien). Dix hommes furent tués lors de la première attaque, et trois autres en tentant de leur porter secours.

Curieusement, on ne mentionne pas les hélicoptères de combat, pourtant généreusement utilisés.

Ces pertes suscitèrent une vive émotion au sein de l’opinion publique israélienne, d’autant qu’à l’évidence l’embuscade avait été rendue possible par le code éthique de Tsahal interdisant une intervention massive contre des objectifs civils. «Si nous avions fait la guerre comme des Américains, 13 des nôtres seraient encore vivants»: cette phrase revenait dans toutes les conversations. Le gouvernement ordonna à l’armée de recourir à d’autres moyens, en particulier des bulldozers D-9 géants, capables d’intervenir en terrain miné et que leur blindage protégeait des tirs palestiniens. De toute façon, à ce stade de la bataille, la séparation entre les civils et les derniers combattants retranchés dans le camp avait été plus ou moins accomplie, et les Palestiniens commencèrent à se rendre dès qu’ils virent apparaître les engins géants. La bataille dura encore deux ou trois jours.

Mince. A la guerre, on meurt. Prière de modifier le manuel en conséquence.

Mais le centre du camp demeurait truffé de mines, et il fallut détruire des dizaines de maisons avant d’y pénétrer. Chaque destruction de maison était précédée d’un appel, répété trois fois, en arabe, à l’aide d’un mégaphone, pour que les habitants sortent avant l’intervention des bulldozers. Par ailleurs, les experts soulignent qu’un bulldozer de ce type met une demi-heure pour détruire une maison, de sorte que ceux des habitants qui n’avaient pas osé sortir lors des appels s’y étaient certainement résolus dès que le bulldozer était entré en action. Les descriptions, qu’on a vues un peu partout dans les médias, de gens écrasés sous leurs maisons, relèvent donc davantage du mythe ou de la propagande que de la réalité.

C'était facile. Suffisait de sortir sous la mitraille, dans le feu croisé, entre les combattants palestiniens, les soldats israéliens, et les hélicoptères, qui tiraient sur tout ce qui bougeait. Surtout la nuit, c'était encore plus facile. On a au moins deux cas documentés où le conducteur du bull était prévenu de la présence de quelqu'un dans la maison. Dans un des deux cas, celui qui est allé prévenir le conducteur a pris une balle dans la tête. Dans le second cas, le gamin (handicapé) est mort sous les ruines.

La destruction des maisons était inévitable, car la profusion des charges explosives placées par les terroristes les avait transformées en autant de pièges mortels. Un haut responsable militaire palestinien devait avouer par la suite aux enquêteurs de l’hebdomadaire Time qu’«une partie des morts ont été tués par l’effet des charges explosives piégées dont les combattants palestiniens avaient empli le camp» (6). De fait, entre le départ des forces israéliennes et la fin du mois d’avril, 21 habitants du camp ont été blessés par des mines palestiniennes qui avaient été déposées durant les combats.

Lire, et relire, le témoignage de Kurdi Bear. Beaucoup de maisons ont été détruites juste parce qu'elles étaient sur le chemin, pas parce qu'elles étaient minées ou contenaient des combattants. Le problème des mines est lui bien réel.

Lorsque les premiers visiteurs étrangers arrivèrent sur place, ils trouvèrent un champ de ruines. Ces scènes, photographiées et filmées par la presse, eurent un effet psychologique sur l’opinion internationale. On imagina une destruction totale du camp, avec ses habitants. En réalité, seule avait été touchée la partie centrale du camp. Sur quelque 2 000 maisons que comprenait le camp, 10 % avaient été affectées par les combats, dont une partie seulement étaient détruites.
La zone des combats occupait, nous l’avons vu, un espace de cent mètres de côté, soit la longueur d’un terrain de football. Même en y ajoutant les maisons voisines, qui ont souffert elles aussi de la bataille, cela ne fait pas une grande superficie. Le commandant Patrick Delforge, dépêché sur place par le gouvernement français et l’ONU pour faire l’expertise des bâtiments, a constaté que «140 maisons qui abritaient 120 familles ont été détruites»; à cela il faut ajouter les bâtiments qui n’ont pas été détruits mais qui ont été atteints lors des combats: «85 immeubles où vivent 255 familles sont classés dangereux; 20 bâtiments réunissant 60 familles sont à démolir» (7). Des dégâts sérieux, certes, mais qui sont très loin des visions apocalyptiques complaisamment répandues.

Ben voyons. 100 mètres sur cent mètres, hein ? Deux fois rien. De quoi se plaignent-ils, ces 5000 sans abris ? Oui, cinq mille. Pas une vision d'apocalypse ? Ben moi, trois ans après, j'ai encore des frissons quand je repense à cet endroit. Parce que j'y suis allé, moi. J'ai vu les gens fouiller les décombres pour retrouver quelqu'un, ou quelque chose. J'ai vu ces gens abattus, au visage gris. J'ai respiré pendant plus de six mois la poussière qui n'en finissait pas de retomber. J'ai parlé aux gens enfermés dans leurs maisons sans électricité ni eau, qui écoutaient la progression des combats. J'ai parlé à ceux qui passaient de maison en maison, sous le balles, au fur et à mesure que le bulldozer écrasait le dernier refuge. J'ai parlé aux gens emprisonnés à 12 dans une pièce pendant des jours alors que les soldats "habitaient" le reste de la maison. J'ai vu les murs troués, les appartements dévastés, les marques d'incendie. J'ai vu des kilomètres de fils de cuivre, vestige du système de filoguidage des missiles des hélicos. J'ai vu les transformateurs électriques percés de balles. J'ai vu...

Comment crée-t-on, dans ces conditions, l’illusion d’une destruction totale? C’est simple, et tout photographe amateur le sait: il suffit de choisir un angle très fermé, puis de «recadrer» le cliché afin de faire disparaître les maisons non détruites aux alentours. Ce qui vaut pour les photos de presse s’applique évidemment aux reportages de télévision. La vision globale, que chacun peut avoir sur une photographie aérienne comme celle reproduite ci-dessus, est entièrement évacuée dès que l’on se limite aux gros plans. Les images effroyables qui ont choqué le monde relevaient donc largement de la manipulation (soit par parti pris politique, soit par souci commercial car des images choquantes se vendent mieux).

Connard. Je t'emmène là-bas quand tu veux, et je te les montre, les angles. Ou mes photos sans gros plans.

Tout journaliste, même non présent sur place, pouvait se poser des questions à ce sujet. Cela n’empêcha pas une presse partisane de se lancer dans des descriptions qui n’avaient aucun lien avec la réalité. Ainsi, le quotidien communiste L’Humanité rapportait (8) que «600 maisons, au moins, ont été détruites dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie». Pour sa part, l’hebdomadaire catholique La Vie (9) affirmait que «du camp d’un kilomètre carré abritant plus de 15 000 réfugiés – des paysans chassés, en 1948, de leur Galilée ancestrale –, il ne reste plus qu’un monticule de parpaings et de ferraille, aplani par Tsahal, au bulldozer». Le journaliste de La Vie avait tout simplement multiplié par cent la superficie de la zone détruite! De plus, en se référant avec insistance à la population totale du camp, il laissait entendre que les victimes se comptaient par milliers; cela lui permettait de reprendre ensuite à son compte l’accusation palestinienne de «massacre», sous sa forme la plus odieuse: «un “massacre” de prisonniers, mais aussi de femmes et d’enfants». Il est vrai que des accusations analogues étaient répétées, à la même époque, par la grande presse et par les médias audiovisuels, sous l’effet de la propagande palestinienne (dès le 10 avril, Saëb Erekat avait déclaré à la chaîne de télévision CNN que les Israéliens avaient tué «plus de cinq cents personnes»).

Beaucoup de bêtises ont, en effet, racontées. Pas seulement par les européens ou les palestiniens, d'ailleurs. Ha'aretz a encore dans ses archives une déclaration de Shimon Perez parlant de centaines de victimes. Une confusion énorme a régné pendant un certain temps après la fin de la bataille, notamment à cause d'un énorme chaos de communication. Entre les fuyards partis dans les villages environnants ou en ville, les prisonniers emmenés, et l'état du réseau téléphonique, il a fallu plusieurs semaines pour avoir une idée exacte de la situation.

Les conduites d'égoûts défoncées pendant la destruction, ainsi que les cadavres de beaucoup d'animaux coincés sous les décombres (quelques cadavres humains aussi) faisaient régner une odeur de charnier assez impressionnante.

La suite demain. En principe.

Écrit par O. le 22 juillet 2005 à 12:27
Réactions

j'ai juste une question bête : c'est quoi IDF - FDI ? israel defense force ?

sinon, le gars se contredit aussi lui même, "les soldats", "les militaires", ... "ces hommes étaient eux-mêmes des civils israéliens tout juste mobilisés". Après tout, les méchants combattants palestiniens étaient peut être aussi eux-mêmes des civils tout juste mobilisés, hein.

à part ça voilà je suis en colère juste avant le week end, grmmbl, je te déteste (et j'adore te lire pour ça aussi)

Mis à jour par miss.lezard le 22 juillet 2005 à 15:19

Il y avait 5 dégueurobertages, je vous les fais avec une seule poubelle. Dedans, un seul truc à relever : «Pour le "connard" tu trouveras sans probleme des photos ou la zone detruite n'est pas plus grand qu'un terrin de footbal », à quoi je réponds tranquillement que je n'en ai pas besoin : j'ai les miennes, prises sur place.

Update : 8 déguelis, maintenant (16:02)

Update : 11...

Rectification : 15...(samedi, 08:50)

Mis à jour par robert le 22 juillet 2005 à 15:53

C'est pas une question bête. C'est Israeli Defense Force. Ou, dans l'autre version, Forces de Défense Israéliennes.

Mis à jour par O. le 22 juillet 2005 à 15:59

C'est la traduction de Tsahal: TSAvat (armee de) HAgana (defense) LeisraeL (d'Israel).

Sinon, O., ton texte il est vraiment trop long. Pas la force de robertiser sur ce coup.

Mis à jour par boq le 23 juillet 2005 à 10:05

Moi j'ai perdu 2 de mes amis, la-bas, qui servaient a l'epoque dans golani et j'ai eu le temoignage 3 autres. Etrangement, ca n'a pas grand chose a voir avec ce que tu racontes. Mais j'imagine qu'ils se sont concertes tous les trois, chacun a 1 mois d'intervalle, pour me raconter des conneries ... J'irai leur expliquer ton histoire, je suis sur que ca va les faire bien rire.

Ce qui est en revanche indeniable, c'est que si on ne s'etait pas embarasses de scrupules et qu'on avait fait la guerre a l'americaine, on n'aurait pas perdu 23 soldats.

Mis à jour par Skan le 23 juillet 2005 à 12:46

Au lieu de rigoler bêtement avec tes amis, viens donc nous raconter ce que je dis de faux.

Je ne doute pas une seconde que les soldats israéliens en ont bavé là-bas et qu'aucun cadeau ne leur a été fait. Mais si c'est pour venir me raconter la bouche en coeur qu'ils ne prenaient pas de boucliers humains, qu'il n'y a pas eu de tirs indiscriminés, que des hordes de kamikazes leur ont déferlé dessus, et qu'ils ont distribué des bonbons aux enfants.

Moi je suis ouvert à la discussion. J'ai des heures d'enregistrements et de notes de témoins oculaires, des centaines de photos que j'ai prises sur place. J'avais deux copines américaines dans le camp pendant l'assaut. Et j'ai vécu six mois dans la ville après l'assaut. Je peux probablement te raconter des histoires sur tes amis Golani qu'ils préfèreraient que tu ne connaisse pas. À moins bien sûr qu'ils aient basculé dans la frange de ceux que j'ai rencontrés ici ou là... demande à un de tes amis si un jour, assis sur un APC, il a bloqué le passage à 25 mètres de l'hôpital à un européen avec un bébé mourant dans les bras en lui expliquant qu'il n'en avait rien à foutre, de ce bébé.

Parce que l'européen c'était moi. Le bébé est bien mort, tu peux rassurer tes amis de la Golani.

Demande-leur aussi si ils ont souvenir d'une femme enceinte en train de saigner à mort une nuit dans une ambulance, éclairée par les projecteurs de deux chars, pendant que le chef de char, à la jumelle, observait la scène en se marrant. Le conducteur de l'ambulance, c'était moi.

Si il y en a un qui se souvient de s'être fait prendre en photo le pied sur la tête d'un blessé dont le bras pissait le sang, et qui s'est ensuite engueulé avec un européen auquel il a foutu un coup de crosse dans le ventre, l'européen c'était moi.

Ils te racontent pas ce genre d'histoires, tes potes de la Golani ? J'en ai plein.

Mis à jour par O. le 23 juillet 2005 à 13:06

Une remarque technique.

Tu délimite tes citations par un div class="cite". Le problème, c'est que dans un aggrégateur, cette délimitation saute, et on a beaucoup de mal à savoir si tu cite ou si tu t'exprime sur ce que tu cite.

Il existe la balise HTML blockquote, qui est explicitement destinée à citer des paragraphes.

Mis à jour par Olivier G. le 23 juillet 2005 à 14:36

Robert, x6

Mis à jour par yoyo le 25 juillet 2005 à 17:16

Robert, x2

Mis à jour par robert le 26 juillet 2005 à 07:37