16 juin 2005
État de droit, ou pas ?

L'important, c'est de savoir où sont nos valeurs, et où sont nos allégiances. Voici, côte à côte, deux déclarations faites par des Israéliens dans la presse.

Dans la première, un militaire israélien anonyme (de haut rang, d'après l'article) parle des Palestiniens. Il explique doctement que les Palestiniens savent que le plan de retrait unilatéral est une défaite pour eux, parce qu'il va signicativement diminuer la capacité des terroristes à faire du mal.

Et ils nous explique ce qui ne va pas avec les Palestiniens.

“Nothing will happen if a change doesn't takes place in their political values and they internalize values such as the rule of law.”
Rien s'arrivera si il ne se produit pas un changement dans leurs valeurs politiques et s'ils n'intègrent pas des valeurs telles que la primauté du droit.

Ça fait toujours plaisir de voir un militaire défendre l'état de droit, quelque soit le pays, et même si c'est inclus dans un ensemble de déclarations relativement contestables et passablement orientées.

Dans un autre coin du pays la «résistance à l'oppression» s'organise. Dans un certain nombre de colonies «évacuables» on importe des habitants, on prépare des structures, et surtout on explique que la loi, c'est bien joli, mais qu'on s'en fout. Seconde déclaration :

Tens of thousands will come to Homesh and Sa-Nur in northern Samaria," MK Aryeh Eldad (National Union) told the crowd. "They won't care about any law. No fence will stop them. Nor the security cordons of the police and army," he said
«Ils viendront par dizaines de miliers à Homesh et Sa-Nur en Samarie du nord» déclare le député Aryeh Eldad (Union Nationale) à la foule. «Ils ne se soucieront d'aucune loi. Aucune barrière ne les arrêtera. Ni les cordons de sécurité de la police et de l'armée» dit-il.

L'important, c'est donc que les Palestiniens apprennent à respecter le règne du droit. Et que les Israéliens gardent le privilège de décider si ce même droit s'applique à eux ou pas.

Entendons-nous bien. Il est des lois auxquelles ils *faut* désobéir. Et, je le comprends bien, c'est une question de point de vue. Mais ce ne peut être, pour moi, qu'en cas de conflit moral insoutenable. Et ma vision de la morale à moi ne comprend pas l'occupation illégale et armée d'un territoire étranger, l'empoisonnement ou le vol des récoltes et des troupeaux, la violence et l'intimidation sur les populations, les routes réservées, et tout ce qui fait le joli quotidien aux tuiles rouges et volets verts des colons israéliens.

Mais ma question demeure : Israël est-il un état de droit ou pas ? Réponse dans deux mois, ou avant, si on décide là-bas d'abandonner toute idée de morale et qu'on renonce au droit - ou qu'on le change - au nom des fanatiques religieux. Démocratie ou théocratie ? Amis Israéliens, il va falloir choisir.

De facto, les Palestiniens n'ont pas là leur mot à dire : il leur faudra gérer les conséquences du choix israélien. Si Israël reprend sa trajectoire initiale, celle d'une démocratie laïque éclairée par les valeurs du judaïsme et basée sur le principe d'un état de droit, on ira vers une paix pas facile, mais au final une paix. À condition qu'on permette ensuite aux Palestiniens une transition pour en arriver à un système similaire.

Si Israël plonge dans une théocratie à l'iranienne (les colons et leur mouvance, boostés à mort par un éventuel échec du plan de retrait, ne vont certainement pas s'arrêter en si bon chemin), arrivera ce qui arrivera.

Écrit par O. le 16 juin 2005 à 09:04
Réactions