One quiet night in Copenhagen
... Et on se retrouve dehors. Sans beaucoup de mots. Avec la certitude d'avoir vécu un moment précieux, rare, intense.
C'était poignant, positif, énergique, nécessaire. Tellement intense.
Un peu d'inquiètude : c'est dans un gymnase. Et il n'y a personne, ou presque, quelques centaines de personnes avant l'ouverture des portes.
Mais ça se remplit juste avant le concert : au Danemark, visiblement, on n'arrive pas à l'avance. Au final, un peu plus de 2000 personnes. Tous les genres sont représentés, même un type maquillé façon Kiss. Ca parle un peu dans toutes les langues.
Sans prévenir, sans éteindre les lumières, Metheny arrive sur la scène, et gratouille une intro. Ca devient rapidement "This is not America", enchaîné avec le thème principal de "The Way Up". Le reste du groupe monte sur scène, la lumière descend, et ils attaquent.
Dans son intro à l'album, et dans les interviews, Metheny a décrit cet album comme une protestation contre la médiocrité du paysage musical ... et politique. Je pense qu'enchaîner "This is not America" et "The Way Up" est aussi partie du message.
Pendant une heure, on en prend plein la tête. C'est éblouissant de virtuosité, mais aussi d'abnégation. On change d'instrument juste pour mettre *une* note, parce qu'elle est nécessaire là et qu'on a une main de libre. C'est intense, concentré, précis, une implacable horlogerie. Quand ça s'arrête pour la première fois, difficile de se rendre compte que ça a duré plus d'une heure.
Invraisemblable tour de force. Le nom de l'album annonce la couleur : sortir de la médiocrité ambiante par le haut. C'est exactement ce qu'ils nous proposent. The Way Up.
Ensuite, comme il le dit lui-même, une fois qu'ils ont joué ça ils ont à peu près tout dit. La difficulté est de trouver quoi jouer *après*.
Pour ne pas décevoir, après The Way Up, ils ont encore poussé les manettes un cran plus loin...
- Go Get it : duo guitare-batterie. Si Antonio Sanchez ne vous avait pas encore explosé la tête pendant l'heure précédente, il repasse une seconde couche. Il est le plus impressionnant de l'ensemble, Mays et Metheny compris. La puissance de feu d'un porte-avions, et la douceur d'une brise d'été en un seul package.
- James : un de mes vieux favoris, en version trio. Rodby, Metheny et Sanchez revisitent ce parangon de mélodisme. C'est brillant, tout simplement.
- Lone Jack : entre Lyle Mays. Lui et Metheny se livrent à un exercice que je ne les avais jamais vus pratiquer : un duel de solos. Sanchez et Rodby tiennent la baraque, et plus, avec brio. Que du bonheur.
- Are you going with me : ça commence en duo entre Metheny sur la Pikasso guitare - harpe- cythare, et Vu à la trompette, puis tout le groupe nous assène la version "classique", toujours aussi magique, envoûtante, efficace.
- Last Train Home : Rodby effleure la première note et la salle se pâme. Avec trois chanteurs, le final m'arrache des larmes de bonheur.
- Roots of Coincidence : version survoltée d'un morceau déjà passablement énergique à l'origine...
- Antonia : duo Metheny - Maret. Le son de Maret à l'harmonica est magnifique, et sa contribution aux morceaux "classiques" est vraiment intéressante. Une belle addition au groupe. Il joue aussi de la guitare, du vibraphone, des percussions, et il chante. La routine, quoi. Antonia est vraiment une tueuse.
- If I could : resurrection de cette magnifique ballade, en duo Metheny / Mays
- Have you heard : bon, le trompettiste et l'harmoniciste en duo sur un seul vibraphone, c'est du déjà vu, mais ça marche encore. Nando Lauria (guitariste, chanteur, percussioniste) est encore magnifique dans son rôle un peu ingrat de porteur d'eau, avec un enthousiasme visible.
Fin du set... rappel de rigueur :
- Song for Bilbao : kyrielle de solos, un final époustouflant.
Écrit par O.
le 18 mai 2005
à 11:15