Quand j'entends "kultur", je sors mon char d'assaut

Je dois rejoindre P. au stand de DanChurchAid où, comme l'année dernière ils ont un stand consacré à la Palestine, sous le mot d'ordre "abattez le mur". Un peu d'agacement parce que je ne sais plus où c'est, et qu'en plus le centre ville est totalement envahi de gens qui portent tous sur leur vêtement le badge rouge du "kulturpas". C'est la nuit de la culture à Copenhague...

Je finis par retrouver P., et nous voilà partis. Direction Politiken, un journal, qui a une journée portes ouvertes. On visite la nouvelle ancienne imprimerie (je veux dire : ils viennent d'en changer), et le dingue qui s'occupe de la dernière page (bagside) de la section un nous montre sa dernière trouvaille : le système HAPPS. En résumé, le système analyse les sons émis par deux poules pour prédire la date à laquelle la princesse Mary sera enceinte. Présents aussi les deux dessinateurs du moment, Wulff et Morgenthaler. Je ne me suis jamais totalement remis du départ de Strid, mais je m'habitue...

Bon. On ressort.

Sur la place de la mairie,l'habituel gang de péruviens en costumes joue de la flûte indienne, accompagné par une bande magnétique. Une fille en poncho typique avec pas grand-chose en bas vend le CD.

On visite un bus itinérant qui présente des nouvelles lois européennes contre le discrimination, les discriminations, enfin un certain nombre de discriminations, et puis on visite un bus (les bus de Copenhague de quand P. était petite...), et puis on remonte la rue piétonne.

Dans la rue, un gang de péruviens en costumes d'indiens d'Amérique du nord joue de la flûte indienne accompagné par une bande magnétique sinistre. Une fille en veste à franges et jupe très courte vend le CD.

Ensuite, visite à une station de radio de jazz, nommée Radio Jazz, animée par des volontaires. Bière à l'oeil et New Orleans à l'oreille. Sympa. On ne savait même pas qu'elle existait, il y avait juste un vieux barbu à la porte qui essayait de faire rentrer des gens avec un tract pathétique. Ensuite, un magasin de cartes (routières, touristiques, géographiques...) annonce fièrement une minable soirée thématique "France". On entre, on sort, on continue.

On arrive à Nytorv, où on veut voir une expo de photos de Yann-Arthus machin, consacrée au cheval. C'est absolument magnifique.

Sur la place, un gang de péruviens en costumes non-identifiables joue de la flûte indienne, accompagné par une bande magnétique. Ça devient totalement surréaliste.

Ensuite, inspiration : je veux visiter Christiansborg, le parlement. En route.

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On approche, et on entend des tambours. Déjà résignés à la découverte d'un gang de péruviens en costumes de danseuses de samba jouant de la flûte indienne pendant qu'un travesti vendrait le CD, on découvre en fait une très sympathique troupe de percusionnistes danois (en costumes de samba) qui font danser une centaine de personnes, c'est très festif. Parfois ils font un break dans le rythme et entonnent une chanson à boire danoise, avant de relancer la machine.

Il y a une queue d'enfer pour visiter le parlement, mais moi je suis avec P.
Elle prend un huissier entre quatre yeux et deux sourires, et revient avec l'emplacement de la porte de derrière où - effectivement, il n'y a pas de queue.

La salle du parlement elle-même est absolument impressionnante, mais surtout par la fantastique lumière qui y règne. Jamais vu ça avant.

Ensuite, on décide de visiter les diverses manifestations prévues dans le parlement par les groupes politiques. C'est la nuit de la culture, après tout.

Vous allez dire que j'en rajoute, mais je jure à l'avance que ce que je raconte ici est vrai. Allons, en route, de l'extrème gauche à l'extrème droite...

Enhedslisten. Dans un coin trois filles chantent accompagnées par une guitare électrique. Pas beaucoup de talent, mais de l'enthousiasme. Une sorte de monopoly est proposé : on te donne des billets de banque représentant le budget du Danemark, et on te met devant une série de boîtes en carton représentant les postes budgétaires. Les grands gagnants sont éducation, logement, protection sociale. Bonne dernière, la contribution à l'Europe. Leur emblème, c'est deux gamins qui se tiennent par la main, c'est dessiné par... Strid, et ça dit en gros "le monde, c'est plus grand que l'Europe".

Ensuite, SF : socialistik folkeparti. Pas besoin de traduire. Un trio féminin de jazz, du café, des gens qui discutent, de la couleur, c'est sympa. C'est marrant, quand j'y pense, quasiment tous les trucs de musique qu'on a vu, en dehors des péruviens, c'étaient des femmes.

Radikale... un groupe de jazz (mais on ne les a pas entendus, ils faisaient une pause, des trucs projetés sur les murs... bon enfant, sans trop en rajoûter dans le politique.

Konservative... tout jaune et vert (argl !), des gens bien habillés qui sirotent une tasse de thé et chuchottent pour ne pas déranger les voisins. Ne vous dérangez pas, on ne fait que jeter un oeil.

Venstre (littéralement : "la gauche" !!), le parti au pouvoir. Des grande banderoles bleues avec le "V" blanc pendent du plafond, ça m'évoque irrésistiblement Nüremberg, ou Zorglub, imagerie dérangeante et ridicule. Une armada de jeunes souriants en uniforme (polo bleu "venstre") t'assaillent pour te démontrer tout le bien qu'il faut penser du gouvernement. Dans une coin, une Marie Charlotte en uniforme se fatigue à s'enthousiasmer pour un jeu débile : on l'a chargée d'animer les momes. Les yuppies s'agitent et vibrionnent, proposent un jeu où on se fout de la tronche (physiquement) d'un leader de la gauche (la vraie)... bon, on ne va pas s'attarder.

Pour finir, le clou du spectacle, le FN local. Danske Folkeparti.
À l'entrée de leur salle, un panneau (couleur "camouflage") : Danske Folkeparti a décidé dans le cadre de la Kulturnat (nuit de la culture, je le rappelle) de nous présenter la... défense nationale. Du kaki, des uniformes, des gilets pare-balles, des photos de chars en Irak, encore des galonnés, des filets de camouflage... je m'enfuis avant d'avoir envie de vomir.

On sort.

Sur la place, la Fredsvagt vient de plier bagage. Tous les jours, depuis le premier jour de la guerre en Afghanistan, ils sont là toute la journée devant le parlement à réclamer la paix.

Dernière visite à la fac de droit, la salle de remise des diplomes est magnifique, et puis on rentre tant qu'on a des jambes.

Écrit par O. le 09 octobre 2004 à 10:25