30 juillet 2004
a place in the world...

Hier, ma Lady et moi nous sommes allés voir Supersize me.

Quand on est sortis de là, on avait tous les deux les jetons.
Pas à cause de McDo. Ça, on sait. C'est du futur qu'on avait peur. Les chiffres annoncés sont terrifiants. Le portrait tracé de la nourriture dans les écoles est terrifiant. Pour vous dire, j'ai même regardé mon pot de Nutella de travers ce matin.

Ce matin, je lisais ma p'tite presse quotidienne, et la Naomi Klein, celle de No Logo, m'y assénait à la face cette petite phrase toute bête qui m'a assomé :

It's not that the president is dumb, which I already knew, it's that he makes us dumb.

Ce n'est pas que le président soit stupide, ça je le savais. C'est qu'il nous rend stupides.

Tout ce qui arrive n'arrive *que* parce que nous le laissons arriver.

La petite Naomi, tant qu'elle y était, a réussi à exprimer clairement ce que je ressens au sujet de John Kerry :

This madness has to stop, and the fastest way of doing that is to elect John Kerry, not because he will be different but because in most key areas - Iraq, the "war on drugs", Israel/Palestine, free trade, corporate taxes - he will be just as bad.

Il faut que cette folie cesse, et la manière la plus rapide d'y parvenir c'est d'élire John Kerry, pas parce qu'il sera différent, mais parce que dans la plupart des secteurs clé - Irak, la "guerre contre la drogue", Israël / Palestine, libre échange, impôt sur les sociétés - il sera tout aussi mauvais.

Sa thèse, c'est qu'on focalise sur la présupposée bêtise (relativement démontrable, tout de même, hein, il a fait ses preuves) de Junior, et qu'on espère qu'en élisant un mec un tant soit peu moins obtus on arrangera les choses.

Non.

C'est le système et l'ensemble des valeurs qui vont avec qu'il faut changer, et John Kerry n'a pas la moindre intention de le faire.

Il faut chasser l'entreprise des écoles, casser l'effroyable machine à fabriquer des consommateurs, arrêter de tout sacrifier... tout... sur l'autel du profit et de la rentabilité. Allez voir Supersize me. Les Américains sont toujours un peu en avance sur nous pour les bonnes idées, et souvent beaucoup en avance pour les mauvaises.

Et ne focalisez pas sur cette histoire de MacDo, ou de Junior. Regardez l'arrière plan. Les gens. Les choses. L'état des lieux.

Elle a raison, Naomi. Tout sauf Bush, mais après faudrait voir à se remettre au boulot, tous. Histoire de s'attaquer aux choses importantes.

Lisez No Logo, de Naomi Klein, et lisez ensuite Patten Recognition, de William Gibson, et demandez-vous pourquoi deux personnes si différentes en arrivent à écrire des livres similaires.

Je crains d'avoir compris.

[entre les oreilles : a place in the world - Pat Metheny Group]

Écrit par O. le 30 juillet 2004 à 08:13
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