15 juillet 2004
Responsables, mais pas coupables...

Et voilà qu'on nous ressort l'aigre litanie des gouvernements pris la main dans le pot à confiture. Que ce soit aux USA ou en Angleterre, les mécanismes d'auto-blanchissement tournent à plein régime et utilisent les mêmes grosses ficelles.

Figurez-vous que c'est la faute à personne.

Le truc, là, en Irak.

La faute à personne.

Dix-mille morts au mieux, l'infrastructure économique du pays dévastée, les mécanismes internationaux grippés, c'est la faute à personne.

Par deux fois déjà en Angleterre, et une (pour le moment) aux USA, la tartufferie institutionnelle réchauffe les plats et reprise les chaussettes des pouvoirs en place. Le rapport Hutton avait laissé tout le monde interloqué sauf Tony le Bienheureux, et on remet ça avec le rapport Butler. Aux États-Unis, de la même façon, tous les élus impliqués dans la course à la guerre ont tourné le projecteur vers ceux qui les servent, laissant George et Dick flottant béatement sur un nuage rose d'innocence inespérée.

C'est la faute à la CIA, mais on ne va pas demander au patron de démissionner, on a eu la prévoyance de le mettre au placard quelques semaines auparavant. C'est la faute au MI6, mais s'il vous plait ne virez pas le patron, nous avons une haute opinion de ses capacités et d'ailleurs avec qui je vais jouer au golf le lundi si on le vire ?

Si on en croit ces rapports, les gouvernements américain et britannique ont agi de bonne foi. En toute innocence. Ils sont maintenant libre de déverser leur juste courroux sur les lampistes.

Personnellement, j'ai une objection de base, voire de principe, à ce genre de pratiques. Je fais partie de ces gens qui pensent qu'il y a un mur entre responsable et coupable. Qu'en cas d'erreur, le responsable doit répondre (indice) de ses actes, surtout quand ça implique la peau des autres. Coupable ou pas.

Et naturellement, je suis très loin d'être convaincu, après avoir lu une bonne partie du rapport Butler, de l'innocence du gouvernement britannique.

Les mécanismes de contrôle des pouvoirs en place restent à inventer. Il est tout de même hallucinant de voir que si on prend, par exemple, le sang contaminé, l'affaire Clinton - Lewinsky et la guerre en Irak, le seul exemple où on a réussi à trouver une quelconque resonsabilité au plus haut niveau c'est la pantalonnade de la fesse triste. Le sperme présidentiel est plus chargé que les missiles irakiens.

Il fut un temps où les Américains savaient virer un président convaincu de mensonge. Qu'on se souvienne du Watergate. Mais peu après, quand un Reagan est convaincu de mensonge pour l'affaire des Contras pas exemple, il passe au travers. Le Watergate était-il un malencontreux accident, ou les pouvoirs en place ont-ils appris à profiter de notre apathie ?

Car c'est au final de nous, "We the People", qu'il s'agit.

Écrit par O. le 15 juillet 2004 à 06:56
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