25 mars 2004
Morale ou politique ?

Intéressant, pendant la mi-temps de Chelsea-Arsenal, de regarder un passage de l'audition de Richard Clark, coordinateur de l'action anti-terreur pendant 4 administrations américaines, devant la commission "indépendante" chargée d'examiner le degré de préparation des USA contre les attaques du 11 septembre 2001

Pas de surprises : puisque le monsieur avait annoncé dans la presse qu'il critiquait l'équipe Bush, les Démocrates présents à la commission lui faisaient les yeux doux, pendant que les Républicains le flinguaient à tout va. Touchante démonstration d'intégrité politique dans les deux camps, témoin de l'importance attachée au sujet, le vrai sujet : les élections.

Mais tout de même, un moment savoureux. Un sénateur républicain brandit sous le nez de Clarck un briefing qu'il avait écrit à la demande de l'administration Bush, et dans lequel ses critiques n'étaient pas si virulentes, voire pas critiques du tout.

Et le Clark d'expliquer gentiment que quand on est conseiller spécial du président, dans n'importe quelle administration, et qu'on vous demande d'écrire un rapport à destination du public, on l'écrit dans le sens le plus favorable possible à l'administration de laquelle on est membre: c'est comme ça.

Le sénateur républicain joue la vierge offusquée : mais où est la morale là-dedans ?

Clark répond : nous ne parlons pas de morale, mais de politique.

Applaudissements dans la salle. Dans la salle, justement, pratiquement tout ce qui n'est pas journaliste ou membre de la commission est en fait un ensemble de familles de victimes du 11 septembre.

Ironiquement, pendant ces brèves secondes d'applaudissements, la morale a fugitivement rejoint la politique.

Peut-être.

Écrit par O. le 25 mars 2004 à 07:24