une petite traductrice...

Elle s'appelle Katherine Gun. Elle est spécialiste en Mandarin, le langage utilisé par la Chine pour ses communications officielles, entre autres à l'ONU. En Mars, elle a tiré la sonnette d'alarme, dévoilant à la presse un mémo qu'elle avait reçu ordre d'appliquer : on lui demandait de traduire les conversations de diplomates chinois à l'ONU.

Le contexte de l'époque : L'Angleterre cherchait à tout prix à sécuriser une résolution des Nations Unies, pensant à l'époque que la guerre serait déclarée illégale sans résolution par le grand manitou de la justice, lequel s'est d'ailleurs montré plus flexible qu'on ne l'aurait cru. Les US cherchaient tout autant, sous l'impulsion de Powell, à avoir une certaine légitimité aux yeux de l'opinion internationale et américaine.

Ces deux nations, faisant fi de toute notion de savoir-vivre diplomatique, ainsi que d'une brouettée de conventions internationales, ont donc lancé une opération d'espionnage d'envergure pour tâcher de collecter des informations leur permettant d'influencer le vote des nations "pivot". Y compris, donc, au moins un membre permanent du Conseil de Sécurité.

Ce qui est "amusant" dans l'histoire c'est que la petite traductrice risque gros, mais que les reponsables qui ont accepté et exécuté cette opération totalement illégale ne risquent rien.

Amusant aussi le profil extrêmement étroit donné aux deux commissions d'enquête, tant au Royaume Uni qu'aux États-Unis, qui ne leur permet pas d'enquêter sur l'usage que les gouvernements en question ont fait de l'information qu'ils avaient, mais seulement de la qualité de ces informations.

En résumé, ces deux gouvernements vont probablement échapper à toute critique officielle, alors qu'il faut une tournure d'esprit bien particulière pour supposer qu'à aucun moment ils ne se doutaient que leurs informations sentaient le pâté.

Plus, ici, là, ou même ailleurs...

Écrit par O. le 08 février 2004 à 16:15