29 janvier 2004
Trois bonnes raisons de ne pas lire Maurice G. Dantec...

Ca fait quelques temps que tout un tas de gens, divers et variés, me collent d'une façon ou d'une autre Maurice G. Dantec dans les pattes. G. comme Georges.

On me l'a d'abord présenté comme un génial auteur de science-fiction. Mais à l'époque, j'avais pas le temps : je jouais à cache-cache dans les rues de Jénine avec d'honorables représentants du dernier bastion de la civilisation contre la sauvagerie islamiste. Comme dirait Maurice soi-même.

PARISSI - La paternité a-t-elle changé votre regard sur le monde ?
MD - Elle m'a en effet rendu encore plus implacable.
Interview "lisible" ici. Ce genre de citation, pour moi, c'est une bonne raison de ne pas me disperser dans mes lectures. C'est une réplique pour Jean-Claude Van Damme, au mieux. Pas pour quelqu'un avec une petite fille. Implacable, c'est pas un bon mot pour un père. C'est juste un "bon mot".

Première raison de ne pas lire Maurice G.

Ensuite, on me l'a présenté comme l'ultime polémiste, l'homme dont la plume en forme d'aileron de missile à tête chercheuse ne rate jamais sa cible. Seulement voilà, faut pas mélanger : il y a une différence entre avoir la classe et avoir la hargne. Je ne dis pas que Maurice n'a pas de talent. D'abord, je n'y connais rien en talent, moi, alors que lui, il sait bien ce que c'est qu'un artiste, et tout ça. Et puis c'est un expert en provocation :

Votre avis sur le dernier album de Diams ?
Je ne connais pas. Comme vous le savez, en ce moment, j'écoute en boucle des chants militaires allemands, et je viens d'acheter un doberman.
(Extrait de ceci).

Notez, Maurice n'a pas tort sur tout. Loin de là. La citation ci-dessus s'inscrit dans un cadre où il a dans l'absolu *raison*. Sans rentrer dans les détails, il lui est fait un procès médiatique suite à une lettre ouverte qu'il a envoyée à des branques pour leur souhaiter la bonne année, et aussi leur dire qu'en gros même s'ils avaient deux ou trois trucs en commun, il n'était pas d'accord avec eux sur pas mal d'autres trucs.

Moi, j'aime l'idée qu'on a le droit de discuter avec qui on veut, et surtout avec ceux avec qui on n'est pas d'accord. On ne fait pas la paix avec ses amis, comme je le dis souvent dans un autre contexte. Notez que la différence entre eux, vu de loin, ça ressemble à un débat entre la peste et le choléra sur la meilleure façon d'emmerder le monde. Pas ma tasse de thé, mais dans l'absolu pas mon problème, et surtout, pas de quoi se réveiller la nuit.

Ce que je n'aime pas, c'est le mépris avec lequel Dantec traite la question et les questionneurs. Le coup du doberman, par exemple. Ha-ha. Presque aussi provocateur que Gainsbourg disant à la petite Whitney chez Drucker qu'il aimerait bien se l'enfiler. Whitney. Pas Drucker, hein.

Mais le mépris, c'est son fonds de commerce, à Maurice, et je crains que si on le lui enlève il ne passe du stade du roman à celui du tract.

Seconde bonne raison de ne pas lire Maurice G. : j'ai une pile de vrais livres en retard, écrit par des gens qui aiment les gens.

Je n'ai, comme je viens de le dire, pas lu les romans. Et j'ai pas envie, pour être honnête. Mais j'ai lu pas mal d'interviews, et pas mal de louanges. Laissons parler Maurice G. lui-même, dans sa très décriée "lettre aux identitaires", qu'on ne décrie pas pour les bonnes raisons. Et puis ça ne serait pas lui rendre service de citer ses thuriféraires.

Mon nom est Maurice Dantec, je vis au Canada depuis 6 ans, m'étant expatrié par volonté de protéger ma famille des exactions de nos amis les Chances-Pour-la-France, je vivais alors en banlieue sud, ma fille avait 2 ans, je ne voulais pas qu'un jour elle devienne la proie des bêtes sauvages (je préfère encore les ours du nord-Québec).

Je ne cherche absolument pas à "publiciser" le fait que je recoive désormais votre newsletter. Mais rien ne vous empêche de le mentionner si le coeur vous en dit. Comme vous le savez peut-être, je suis définitivement étiqueté "fasciste" ou "white trash" par la presse des bobos, donc, au point où j'en suis...
À lire ici.

Si je devais un jour -à Dieu ne plaise- consacrer un peu d'insomnie à Maurice G. Dantec, ça ne serait pas pour lui reprocher d'être un taré raciste islamophobe cherchant à masquer la vacuité par l'acidité.

Non-non.

Ca serait plutôt pour lui reprocher de s'imaginer que ça va changer le goût des nouilles.

Troisième raison de ne pas s'apitoyer sur Maurice G.

En parlant de nouilles et de goût, signalons que Maurice G. Dantec a une cohorte de fans sur le net. Coïncidence, ils sont quasiment tous "auteurs" de cette série de sites merdouilleux qui fleurissent sur l'idée que la France c'est l'enfer, que Simplet© et Tony vont sauver le monde, avec l'aide d'Ariel, et qu'en dehors de Notre Seigneur point de salut.

Vous me permettrez de ne pas adhérer.

Écrit par O. le 29 janvier 2004 à 06:47
Réactions

Amplement accordé.

La haine de ses thuriféraires est par ailleurs particulièrement vive en ce moment (pas contre Maurice évidemment, mais les "autres").

Mis à jour par aqb le 29 janvier 2004 à 08:19

Il y a quelques années, j'avais beaucoup aimé "Les racines du mal", un mi-polar mi-SF, vraiment noir et dérangeant. Un bon bouquin, je pense.
Et puis j'ai lu "Babylon Babies" et j'ai été un peu déçu : trop long, trop bavard mais quand même une bonne exploitation du thème de l'apocalypse moderne (drogues, mafia, réseaux, guerres, etc).
Après j'ai décroché... Dantec met un tel point d'honneur à être antipathique que... on finit par le croire et ça donne plus envie...
Dommage aussi qu'il se prenne pour un Céline moderne, parce que là, la comparaison n'est pas à son avantage : manque de souffle, manque de folie, manque de classe même dans l'horreur !

Mis à jour par françois le 29 janvier 2004 à 11:23

même parcours que françois, les racines du mal, bien, vraiment, tant par l'idée de base qui sous tend le roman que l'écriture elle-même. Babylone Babies, interessant sur le fond (l'arc des guérillas islamistes de l'Europe à la Chine, trafic d'armes), touffu dans la forme, donc sans doute sur le fond aussi, l'islamophobie transparait.

il est dommage qu'il n'ait jamais cherché à en parler hormis en traitant par le mépris ceux qui ne comprenne pas ses écrits. et puis ses tirades millénaristes et apocalyptiques sont assez pitoyables, révélatrices d'un esprit un peu déséquilibré.

puisqu'il parle du mal, je préfère l'échiquier du mal, et de loin.

Mis à jour par wam le 29 janvier 2004 à 12:03

Une dernière pour se convaincre (si besoin était) de la grande bêtise dudit Dantec (qui adore qu'on parle de lui) :

"Pour moi, Le Pen est un gauchiste".

C'était dans Libé le 22 janvier, où il justifiait ainsi son récent soutien au groupuscule français Bloc identitaire (ex-Unité radicale).

Mis à jour par rom le 29 janvier 2004 à 13:52

ha, ... là, évidemment ... ça fait beaucoup.

Mis à jour par wam le 29 janvier 2004 à 14:43

Dommage, il "a été", comme on dit chez les anglais. La "sirène rouge" est un bon polard, nerveux et saignant, dans lequel, signe d'autres temps, le héros s'est battu pour les musulmans bosniaques. Il faudrait demander à JB Pouy qui fut sa "marraine" en littérature, et qui en connait un rayon sur les errances politiques et militantes, ce qu'il pense de l'évolution de son ancien élève.
En tous cas je crois qu'il commence aussi à gonfler les canadiens, sans doute va-t-il demander l'asile politique aux USA, attention alors à ne pas plaisanter dans l'avion.
Et s'il revenait ? bah, je crois à la rédemption, et puis son fiston ne le ratera pas quand il sera ado !

Mis à jour par Manu le 29 janvier 2004 à 16:32

Voilà un bien long post pour une idée finalement très courte. Trois raisons, dis-tu, de ne pas lire MGD ? Mais, à te lire, je n'en vois qu'une et elle se résume à : je n'ai lu AUCUN LIVRE de Dantec, mais cela me suffit pour vous conseiller de ne pas le lire.

En fait, tu te contentes de citer deux-trois passages choisis ici et là, deux-trois "critiques" piochés là et ici, et voilà ton avis bien tranché. Quelle honnêteté ! Je pense sincèrement que tu aurais dû te contenter d'écrire que tu ne connais ni Dantec, ni ses livres.

A l'occasion, tu pourras toujours venir en discuter avec nous, "sa cohorte de fans", sur le forum de Subversiv.

PS: pour vous, avoir peur de l'Islam est-il un délit ? Et, toujours selon vous, les islamistes existent-ils ?

PPS: Oui, Le Pen est un gauchiste. Sa préférence nationale, c'est l'exception culturelle des socialistes (UMP comprise), sa haine envers les Etats-Unis et ses diatribes anti-israëliennes - voire franchement antisémites - sont LES MEMES que celles de l'extrême-gauche antimondialiste. Bref, il suffit de comparer...

Mis à jour par Zarathoustra le 29 janvier 2004 à 18:29

Quand je vous disais que citer ses fans n'était pas lui rendre service...

Mis à jour par O. le 29 janvier 2004 à 18:59

"Quand je vous disais que citer ses fans n'était pas lui rendre service..."
C'est-à-dire ?

PS: on ne dit pas pas "fan", on dit "lecteur". ;)
PPS: quitte à l'étiqueter, la définition la plus juste est : ECRIVAIN LIBRE.
Tout le reste - rapprochements et autres pérégrinations littéraires - est bien superflu.

Mis à jour par Zarathoustra le 29 janvier 2004 à 19:12

Ainsi parlait Zarathoustra !!!!


:-)

Mis à jour par Matoo le 29 janvier 2004 à 19:22

Dis moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es.

Mis à jour par Laurent le 29 janvier 2004 à 19:30

"Dis moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es."
C'est de Lénine ou de Staline, cette citation ?

Réduire une personne à ce qu'elle lit. Quelle flamboyante idée...

Mis à jour par Zarathoustra le 29 janvier 2004 à 19:43

C'est marrant, quand je lis "implacable dans ses idées", "méprisant envers ses ennemis", et "inconsciemment inoffensif", je pense tout de suite à Michael Moore, ou à tout autre militant politique avec une grande gueule.

Donc pour résumer trois raisons en une seule, O ne lira pas Dantec parce qu'il n'est pas d'accord avec lui.
Il ne saura donc pas que ses romans passés sont plutôt éloignés des sujets qui lui tiennent à coeur ces derniers temps.
Son thème récurrent, c'est pas les reubeus, mais les tueurs psychopathes protégés par l'inertie de la bureaucratie de l'Etat, en l'occurence Francais, et qu'il essaie à chaque fois de zigouiller à l'aide de méthodes à 99% technologiques. Ces personnages du Mal sont en général plutôt à l'extrême de la droite. Une position politique transpirant la convenabilité qui ne permet pas vraiment de présumer de ses orientations politiques.

Moi j'ai suivi le processus inverse d'O. Lui n'a pas aimé ses positions politiques, et a donc refusé de le lire.
Moi j'ai adoré le lire, et vous pouvez imaginer ma joie de lecteur politisé-polarisé en découvrant dans ses interviews ses positions pro-américaines et pro-sionistes.

Pour la phrase "Le Pen est un gauchiste", il faut lire "les (extreme-)gauchistes (d'aujourd'hui) sont des le-penistes". Tout à son honneur.

Tout à son honneur aussi, cette capacité à l'auto-dérision, qui fait défaut à nombre d'entre nous, quand il arrive à ironiser sur l'étiquetage de facho qu'il subit et qui lui est si insupportable quand on connait un peu l'individu.

Mis à jour par boq le 29 janvier 2004 à 20:35

[soupir]

Mis à jour par O. le 29 janvier 2004 à 21:03

Réduire une personne à ce qu'elle lit. Quelle flamboyante idée...

Ca pourrait être pire, Zara : imagine qu'on veuille te réduire à ce que tu *écris*...

Mis à jour par O. le 29 janvier 2004 à 21:07

"Ca pourrait être pire, Zara : imagine qu'on veuille te réduire à ce que tu *écris*..."

Mais tu l'as déjà fait !
Maintes fois, d'ailleurs...

Mis à jour par Zarathoustra le 29 janvier 2004 à 22:12

[re-soupir]

Mis à jour par O. le 29 janvier 2004 à 23:53

Le gauchiste Le Pen a été condamné pour avoir dit que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire alors j'ai envie de vous dire d'aller vous faire foutre avec ce connard de Dantec.

Mis à jour par Fabrice le 30 janvier 2004 à 00:31

Excellent mot de la fin........La messe est dite !

Mis à jour par Danielle le 30 janvier 2004 à 10:05

En tous cas c'est sain comme débat.
Il y a rien je ne savais même pas qu'il existe ce bonhomme.
Aujourd'hui j'ai envie de me forger mon opinion.
La seule chose dont je sois sûr avant même de l'avoir lu, c'est qu'il me sera d'un grand secours de faire appel à son nom pour briller dans les salons et autres mondanités.
18 réactions c'est bon çà Coco !
Bien mieux qu'avec les post Apple, Microsoft, Google et autres Linux...

Mis à jour par PA le 30 janvier 2004 à 10:07

Demain, je pose nu dans CCN... :) avec un livre de Maurice G.

Mis à jour par O. le 30 janvier 2004 à 10:20

Réponse à deux questions posées par Zara un peu plus haut :
- avoir peur des islamistes est-il un délit ?
A l'évidence non. Une connerie, sans doute. Mais pas un délit.

les islamistes existent-ils ?
On n'échappe pas aux questions fondamentales. Oui, Zara. Ils existent. J'ai bon ?

Mis à jour par O. le 30 janvier 2004 à 10:24

«Demain, je pose nu dans CCN... :) avec un livre de Maurice G.»

Bon, nous sommes le 30, O et nous attendons...

Mis à jour par Lci le 30 janvier 2004 à 13:22

J'trouve pas le livre au Danemark, désolé... :)

Mis à jour par O. le 30 janvier 2004 à 14:47

Y'en a la FNAC.
Et pour commencer je prendrai un Librio:

Dieu porte-t-il des lunettes noires ?
Et autres nouvelles

à 2Euro c'est pas trop risqué...

Mis à jour par PA le 30 janvier 2004 à 16:03

ZARATHOUSTRA ENTERTAINMENT présente :
Le raisonnement de Fabrice.

1) Le Pen a été condamné pour avoir dit que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire.
2) Le Pen est étiqueté "extrême-droite"
3) Dantec dit que c'est un gauchiste.

Que fait alors le cerveau de Fabrice ?
Se basant sur l'idée farfelue que SEUL un type d'extrême-droite peut basculer dans le négationnisme le plus crasse, il insulte (cf. "connard" et "allez vous faire f*****") les personnes qui osent prétendre le contraire.

Que c'est beau, un sophisme !

POUR O.
Merci pour tes réponses.
"Une connerie, sans doute."
C'est justement ce que me disaient deux amis, l'un Soudanais et l'autre Iranien. Et ils ajoutaient d'ailleurs qu'en fait la loi islamique appliquée chez eux - qui n'est pas une connerie, comme tu t'en doutes -, c'est un peu comme notre Déclaration des Droits de l'Homme à nous...

"Oui, Zara. Ils existent. J'ai bon ?"
Désolé, vous n'êtes pas convaincant.
Mais, on vous rappellera...

Mis à jour par Zarathoustra le 30 janvier 2004 à 16:30

Allez, pour la route, je vous donne, une quatrième raison de ne pas le lire, à travers un extrait du Laboratoire de Catastrophe Générale:
"Ah, médiocrité insondable des démocraties crépusculaires !
Ces crétins de conservateurs calvinistes qui banalisent, massifient la peine de mort, comme dans une vulgaire république populaire, et en font une peine bien moins mystérieuse et terrifiante tout en la rendant plus injuste et abjecte, sont les complices névropathes des abolitionnistes humanitaires, onucrates et européens en tête, empêchant tous ensemble que d'authentiques criminels de masse puissent encourir cette sentence pour des motifs qui en valent la peine - si je puis dire - au tribunal international de La Haye par exemple.
Un braqueur de banques malchanceux finit à la chambre à gaz à Huntsville, mais les généraux serbo-communistes, responsables collectivement d'environ deux cent mille morts, ou les miliciens hutus, ayant à leur actif un petit million de victimes, ne risquent rien de plus qu'une retraite un peu monacale et légèrement précipitée dans un établissement sécuritaire où les droits de l'homme leur seront garantis.
Aux USA mêmes, les "droits" du citoyen y étant devenu à ce point liberticides, certains tueurs en série, reconnus coupables de plusieurs meurtres planifiés, avec viols et tortures, n'auront écopé que de peines d'emprisonnement. Dans un Etat voisin, voire dans le même Etat, un autre juge, un autre jury décideront qu'un pauvre schizophrène sachant à peine épeler son nom, et ayant on ne sait trop pourquoi estourbi deux individus, devra griller sur la chaise ou subir une injection létale.
D'un bord à l'autre de l'Atlantique, maximalistes et abolitionnistes se livrent à la plus ignoble des mascarades, cette bouffonnerie moderne où le sens de la Justice, celui de la Mesure précisément, est à jamais travesti des oripeaux humanitaires, ou illuministes, sans que personne n'y gagne, ni les criminels ni les sociétés, sinon les bureaucraties parasitaires qui prospèrent depuis des lustres sur ces dialectiques décadentes.
La peine de mort devrait être une limite absolue, un sacrifice qui sanctionne un crime hors du (droit) commun.
Son abolition fut une lâcheté.
Sa banalisation est une folie.
"

Mis à jour par Zarathoustra le 30 janvier 2004 à 16:33

Infatigable Zara... Y'a du Duracell là-dessous? Merci quand même de confimer que ses lectures sont dispensables. Quand je lis:

La peine de mort devrait être une limite absolue, un sacrifice qui sanctionne un crime hors du (droit) commun.
Son abolition fut une lâcheté.
Sa banalisation est une folie.

J'ai comme des sueurs froides...

Mis à jour par aqb le 30 janvier 2004 à 18:10

Je ne suis qu'un petit lecteur de Dantec. Je n'ai lu que Babylone Babies et Sirène Rouge (dans cet ordre). Sympa. Sanglant. Digressioniste. Sans plus. Reprendre la technique utilisée par W. Gibson, c'est-à-dire mener de front et simultanément plusieurs récits qui se croisent, s'entre-choquent, s'inter-pénètrent. Mais sans le talent de Gibson, car trop d'idées sont émises pour être immédiatement laissées tombées.
Bref, un bon moment de lecture. Sans pour autant dynamiter l'Académie Française. Ça pue juste un peu trop une paranoïa queje trouve trop auto-biographique.

Mis à jour par Barzi le 30 janvier 2004 à 21:48

En plus, j'ai prêté mon appareil photo alors...

Mis à jour par O. le 30 janvier 2004 à 21:59

Excellent passage, Zara.
Je crois que je vais me replonger dans le Laboratoire.

Mis à jour par boq le 30 janvier 2004 à 22:26

Drôle de hasard, ce matin on parlait de Dantec à Radio Canada. Vous trouverez l'extrait à l'adresse suivante
http://radio-canada.ca/radio/indicatifpresent/ (désolée Paul)
Vous cliquez sur la première heure et l'extrait est entre 10.52 et 12.19. Pour ceux que l'accent québécois rebute (oui j'ai cru comprendre que certains ont l'oreille délicate ou ethnocentrique ;-))) le chroniqueur a un magnifique accent...canadien anglais.

P.s. O, tu sais il y a Amazon pour te commander des livres ;-)

Mis à jour par Lci le 31 janvier 2004 à 00:20

J'ai retrouvé les indications de Paul alors je m'essaie
Indicatif présent

à la grâce de Dieu...

Mis à jour par Lci le 31 janvier 2004 à 00:42

Désolée, pour savoir ce que l'on dit de Dantec dans les chaumières du Québec, il vous faudra faire du copier-coller sur le lien...

Mis à jour par Lci le 31 janvier 2004 à 00:45

Pour ceux que ça intéresse, avant-hier j'ai croisé Libération devant un Lavazza allongé, et j'ai dérapé sur un Rebond de Pierre Marcelle intitulé Pour Dantec, l'enfer sera tiède.
Je ne connais Dantec que de nom, avec tout le boucan qui est fait autour, auquel je ne prête d'ailleurs plus qu'une oreille distraite. J'ai déjà quelques nombreux bouquins de retard sur une longue liste à laquelle je n'ai pas l'intention d'ajouter les manifestes épandages dudit.

Mis à jour par gemp le 31 janvier 2004 à 16:14

je pige même pas qu'on (que tu) en parle(s), mais j'ai toujours le même problème : pub, ou dénonciation ?

Mis à jour par eric le 01 février 2004 à 13:00

et toujours pas de photo de O. nu. O, on s'en fout du bouquin ... pas la peine de le chercher.
;)

Mis à jour par wam le 02 février 2004 à 10:04

Gnégnégné. :)))

Mis à jour par O. le 02 février 2004 à 10:11

Comme Gemp avait lu l'article de Pierre Marcelle, je me permets de vous donner la réponse de MGD à l'intéressé - droit de réponse que, bien entendu, Libération ne lui accordera pas :

Il existe un Paradis pour les journalistes. Comme il existe un enfer pour les écrivains.
Le paradis des journalistes s’appelle : LA PEUR. Et il conduit très directement à l’enfer des écrivains.
La Peur est le véritable maître de l’Homme de presse, c’est par elle qu’il régne, depuis bientôt 200 ans, sur la libre pensée, qu’il écrase de ses bottes à chaque occasion qui se présente.
Celle-ci devient de plus en plus en rare. LA PEUR ! Son régime de domination si particulier, s’est en effet instauré dans tous les esprits. Tout le monde est le flic de chacun, et de tous, et à commencer par soi-même.
Ernest Hello avait su, il y a plus d’un siècle, en quelques lignes fulgurantes, délimiter fermement la ligne de partage entre la peur et la crainte. La crainte c’est ce qui vous force à vous agenouiller devant la plus haute des souverainetés, et en fait elle conduit à la JOIE. La peur, créature du Diable, ne forme au final que des valets, dont l’angoisse est proportionnelle à l’ennui.
Aussi, dès que par l’effet d’une sorte de hasard parfaitement impromptu, une voix ressurgit du silence, c’est à dire du bavardage continu qu’ils avaient cru une fois pour toute installé sous leur arbitrage, alors leur sang de navet ne fait qu’un demi-tour et leur bouche écume la rage tout juste bouillonnante des petits frustrés. Pierre Marcelle est le chef de ces Archanges dont les merdicules d’encre et de papier mâché auréolent la présence plus sûrement encore que le halo des saints.
Il est le Grand Vigile. Le Grand Collaborateur. Il est celui qui veut que les paroles qui sont des actes (je paraphrase à nouveau le grand Hello) cessent, immédiatement, car pour lui, la parole, il suffit de lire sa consternante prose dont on ne voudrait pas comme serpillière à urinoirs pour s’en apercevoir, la parole, pour Marcelle, c’est ce qui se répète, jusqu’à la nausée, dans les colonnes de son torchon.
La Peur a un seul ami. Son nom est Mensonge. Par exemple, lorsque ce triste Jdanov du Ve arrondissement se permet de dire que je me suis lié politiquement à un groupe néo-nazi, l’enflure Marcelle ne peut invoquer l’erreur : il commet sciemment un double-mensonge, comme d’autres pratiquent le double fist-fucking.
Marcelle avait envoyé quelques sbires faire le sale boulot à sa place il y a une quinzaine de jours. Après tout, pourquoi paye t-on au lance pierre, avec des salaires de peóns brésiliens, les pigistes de Libé ?
Mais sa petite conjuration n’a trouvé qu’assez peu d’imbéciles pour lui emboîter le pas, mis à part ce qui fut un jour Le Monde. Aussi, enragé d’être forcé de constater que toute la France médiatico-culturelle ne le suivait pas comme un seul homme, prêt à brandir la tête de l’infâme au bout de sa pique, Marcelle, son courage ne parvenant pas tout à fait à se liquéfier sous lui, l’a pris à deux mains et l’a répandu dans un article dont la confection et le message rappellent fâcheusement, même certains de ses "amis" s’en sont rendus compte, les méthodes du Die Stürmer ou de la Pravda de la grande époque.
Rien, absolument rien ne peut arrêter un Pierre Marcelle. Rien ne peut arrêter le nihilisme de ces petits-bourgeois de gauche, rien ne l’arrêtera, sinon sa propre agonie, qui est d’ailleurs si proche que c’est à se demander si tous ces piaillements ne signifient pas en fait que son heure, enfin, a sonné.
Ce qui, bien sûr, augmente d’autant la détresse du Marcelle. Le Marcelle vit dans un Monde qui doit absolument se perpétuer, c’est à dire sous la forme désormais indépassable de la constestation-marchandise.
Dans le Monde des Marcelle vous avez le droit d’être tout :
vous avez le droit d’être homosexuel.
Vous avez le droit d’être athée.
Vous avez le droit d’être communiste.
Vous avez le droit d’être socialiste.
Vous avez le droit d’être écologiste.
Vous avez le droit d’être anarchiste.
Vous avez le droit d’être pro-islamiste.
Vous avez le droit d’être anti-sioniste.
Vous avez le droit d’être libéral.
Vous avez le droit d’être anti-libéral.
Vous avez le droit - et même le devoir - d’être anti-impérialiste.
Vous avez le droit (comprenons-le en fait sous le sens de "devoir") d’être anti-occidental.
Vous avez le droit (devoir) d’être anti-capitaliste.
Vous avez le droit-devoir d’être contre toute "survivance de l’ordre ancien" honni.

Mais vous n’avez pas, bien sûr, le droit d’être "nazi", car ce mot-valise fort pratique permet désormais d’enfermer à double tour toute pensée critique dans les oubliettes du déshonneur, mais surtout :
Vous n’avez pas le droit d’être Chrétien, et encore moins Catholique.
Vous n’avez pas le droit d’être Sioniste.
Vous n’avez pas le droit d’être opposé - théologiquement et politiquement, ce qui ne fait qu’un dans cette religion - à l’Islam (sous peine d’être taxé d’islamophobie, cette maladie mentale qui fait, comme en son temps l’anticommunisme, des dégâts sans cesse croissants dans la conscience des européens).
Vous n’avez pas le droit d’engager un dialogue poli, quoique très critique, avec des gens qui ont été enfermés dans le mot-valise des Marcelle.
Enfin, vous n’avez pas le droit de vous émouvoir, avec quelque indignation, de l’existence de centres de viol répandus par centaines dans les "cités" de notre bienheureuse "République".
Les Marcelle ne veulent pas que cela s’ébruite.
Car leur Paradis pourrait alors s’écrouler.
C’est alors que leur seule amie, la PEUR, entre en jeu.
Leur Monde ne pourrait tenir sans elle, car elle est ce qui, pour le moment encore, interdit aux bouches de s’ouvrir. Mais la peur est une physique instable, elle une créature du diable, les Marcelle s’en croient les commanditaires, ils n’en sont que les manoeuvres.
Et c’est pour cela que la PEUR, maintenant, leur revient à la face.

Quelque chose s’est produit. Quelque chose a désorbité la peur de sa propre balistique quotidienne. Quelque chose a retourné la PEUR contre elle même.
Et cette chose, ô Miracle, c’est LA PEUR ELLE-MÊME.
Le paradis des Marcelle n’est qu’un simulacre, un PROGRAMME. Il est à peu près aussi réel que la dernière version de SuperMario.
Le Monde réel lui, vit sous sa domination car il croit que c’est ce simulacre, le réel, et lui-même, ne lui a t-on pas assez rabâché, qui est un pur phantasme. Par exemple le type qui se fait cramer trois fois sa bagnole dans l’année vit un PHANTASME. Comme les adolescentes violées en tournantes. Comme les gens qu’on fracasse à coups de pierre parce qu’il n’auront pas donné une cigarette, comme les filles qu’on incendie avant d’être jetées dans une benne à ordure.
Le Paradis des Marcelle n’est valable que pour les Marcelle, et leurs sous-fifres. Il n’est donc réel que pour eux. Les autres, ces pauvres phantasmes dont l’idiotie est sans cesse moquée et dénoncée par les Maîtres du Simulacron, n’ont souvent - pour survivre dans le grand camp de concentration franco-mondial - comme nourriture de subsistance que des livres.
C’est pour cela que l’oeil du Grand Vigile est constamment braqué sur ceux qui parviennent encore à en écrire. Car nous parlons de livres, bien sûr, pas de ces objets de consommation jetables, comme les tampons hygiéniques, que précisément la Peur a domestiqué, et propose sans cesse aux citoyens de la "République".

Dans son appendicule où chaque ligne exsude de haine et d’ignorance crasse, le Roi des Marcelle ne me promet rien moins que l’Enfer! Il se fait en cela, benoîtement, l’écho des quelques rumeurs qui ont couru sur internet au sujet de ma possible "éviction" de chez Gallimard, et qui ont, de fait, créé l’effet papillon que personne n’attendait !
Pauvre Marcelle ! Incapable d’écrire dans une langue francaise un tant soit peu correcte, il croit pouvoir jouer les florentins de la rue Sébastien-Bottin ! Pauvre Marcelle qui n’a pas compris que LA PEUR que lui et tous ses sbires sans cesse distillent, a mobilisé, par milliers, à ce que je sais, des lecteurs de "Dantec-le-catho-facho" qui ont CRU, en effet - et n’avaient-ils pas toutes les raisons de le faire ? - que LA PEUR, encore une fois, aurait le dessus. Car cette PEUR, c’est celle dont Pierre Marcelle fait entendre régulièrement les jappement lugubres. Ils ont en effet PEUR de toute la clique qui est aux commandes de la culture, tels des Duvalier du carré germanopratin.
Ils connaissent son pouvoir de nuisance. Ils vivent eux-mêmes dans la PEUR. Cette PEUR, par je ne sais quelle divine intorsion des éléments, les a alors délivrés d’elle-même. Ils ont dit : NON.
Ils ont dit NON, monsieur Marcelle, nous ne voulons pas que "Dantec" rejoigne "l’enfer" dans lequel vous avez jeté déjà tant d’autres écrivains, qui ne pensent pas comme vous.
Ils ont dit NON à votre Paradis monsieur Marcelle : vous êtes en effet très puissant. Vous être le valet de la Peur. Regardez maintenant son Maître droit dans les yeux.

Montréal, le 31 janvier 2004.

Mis à jour par Zarathoustra le 03 février 2004 à 19:00

(violons)

Mis à jour par O. le 03 février 2004 à 19:17

Putain! J'avais pas lu tout ça, moi, dans l'article à Marcelle! Comme quoi on ne peut pas avoir la PEUR, l'argent de la PEUR et baiser le DANTEC.

Et c'est plein de mots savants et de belles insultes! C'est un nerveux, le gars. Oulala.

Merci, en tout cas, pour ce droit de réponse instructif -- que personne, effectivement, n'aura la JOIE de lire dans Libé :)

PS: Je vais peut-être copier le texte de Marcelle qui risque de passer dans les archives payantes... Voilààà.

Mis à jour par gemp le 03 février 2004 à 20:03

Note que j'aime bien le mot "merdicule". On n'aura pas tout perdu.

Mis à jour par O. le 03 février 2004 à 21:24

On comprend Libé. :)

Mis à jour par aqb le 03 février 2004 à 22:41

j'avais bien aimé "désorbité" ... on fait un concours ? mouarf !!

Mis à jour par wam le 04 février 2004 à 14:40

"divine intorsion des éléments"
En tous cas il a l'air fâché...

Mis à jour par Manu le 04 février 2004 à 17:22

Apparemment, vous n'avez toujours pas de dictionnaires...

C'est dommage, c'est le genre de livres qui vous ferait drôlement rire : c'est rempli de mots que vous n'utiliserez jamais !

Sinon, pour ceux que ça pourrait intéresser, le dossier est ici et .

Mis à jour par Zarathoustra le 04 février 2004 à 19:24

Voui-voui. Rien de plus urgent à lire, t'imagines bien...

Mis à jour par O. le 04 février 2004 à 23:31

I know.
I was kidding.

Mis à jour par Zarathoustra le 05 février 2004 à 00:56

Là, les gars, vous m'avez vraiment fait rire.

Magnifique échange :D

Mis à jour par gemp le 05 février 2004 à 03:01