19 janvier 2004
Les malheurs de Cokie

Tout fout le camp. Les valeurs se perdent. Dans le sillage de la (faible) couverture médiatique du Forum Social Mondial à Bombay, cet article nous dépeint les diverses actions engagées, notamment en Inde, contre Coca Cola. Au menu, problèmes d'eau, de pesticides, de métaux. La routine. Ajoutez une campagne colombienne, toujours à propos de Coca Cola où les thèmes sont un peu différents : escadrons de la mort et répression syndicale, et vous obtenez une amorce de campagne globale avec des débuts de boycotts symboliques dans des endroits aussi divers que la cantine du parlement en Inde, deux universités américaines, l'université de Dublin et le Belfast Tourist Center (notez qu'on en parle nettement moins que du renommage des frites de la cantine du Capitole de Washington).

Tant que vous y êtes, lisez, si ce n'est déjà fait, le passage de "No Logo" de Naomi Klein décrivant la guerre que se livrent par exemple Coca et Pepsi pour le contrôle des campus et des écoles américains, et les effets que ça commence à avoir sur les programmes proposés aux élèves. Piqûre de rappel : ça commence aussi en France.

Écrit par O. le 19 janvier 2004 à 06:57
Réactions

Oulala, des marques à l'école, c'est terrrrrible !
Oulala, des boissons gazeuses sur des campus !
"Prendre le contrôle des campus" !! Fallait l'oser celle-là ! Je suppose que la phrase complète était "prendre le contrôle du marché des distributeurs de boissons gazeuses sur les campus" mais que, par souci d'objectivité - bref, pour donner un coup de pouce aux théoriciens du complot capitaliste môôôndial - la rédaction a jugé bon de tronquer cette partie...

Entre cette pauvre cruche de Naomi Klein et le génial Neal Stephenson, je dois reconnaître que tu as au moins le mérite de savoir faire le grand écart.

Mis à jour par Zarathoustra le 19 janvier 2004 à 10:44

La phrase complète mentionnait des effets sur les programmes proposés aux élèves. C'est parfaitement documenté.

On peut même étendre la réflexion sur les effets du sponsoring de certaines chaires, avec les sponsors s'opposant à la publication de travaux réalisés par les universités lorsqu'ils sont contraires aux intérêts de la marque.

Si j'étais un contribuable américain, je m'interrogerais même sur le mécanisme qui rend le sponsor de certains départements universitaires *propriétaire* des travaux de recherche de ces départements universitaires sponsorisés, bénéficiant ainsi à bon compte d'une main d'oeuvre qualifiée sur fonds publics, dans ce qui reste de financement public de l'éducation dans ce grand modèle que sont les USA.

Récemment lors de la journée-sponsor Coca-Cola d'une université américaine, un jeune a été sanctionné parce qu'il portait un t-shirt Pepsi. Faudrait que je recherche les détails.

Tiens, en parlant de grand écart et du génial Neal Stephenson, sur ce même sujet, tu peux utilement lire le non moins génial William Gibson dans son dernier opus qui parle largement de la dissémination des marques. Tu verras qu'on n'est pas si loin de Naomi Klein que tu voudrais le croire.

Mis à jour par O. le 19 janvier 2004 à 11:05

Concernant le sponsoring de certaines chaires et l'opposition à la publication de certains travaux universaitaires, je te répondrai que moi, si j'étais non pas contribuable américain, mais directeur du département en question, je renégocierai plutôt le contrat qui me lie au sponsor en question pour que ces travaux soient publiés, car je te rappelle que tout est une histoire de contrats librement consentis.

Concernant l'anecdote du T-Shirt Pepsi, j'aimerais effectivement connaître toute l'histoire. Donc, si tu la retrouves...

Quant aux écrivains de science-fiction qui voient des complots partout, je connais. Philip K. Dick en a également écrit.
Seulement, je sais encore faire la différence entre un roman de SF et la réalité.

Mis à jour par Zarathoustra le 19 janvier 2004 à 11:40

Justement, ces contrats sont-ils si librement que ça consentis... ?

Je m'explique : bien évidemment, personne ne met de flingue sur la tempe du président de l'université qui signe. Mais son directeur financier, qui attend dans l'entrée, au vu de la baisse des financements publics, l'incite probablement à être "raisonnable".

Pas de liberté de recherche sans financement public, moi je dis. Et pas de liberté de la recherche sur financement privé.

Le truc du t-shirt, je vais jeter un oeil.

Mis à jour par O. le 19 janvier 2004 à 11:50

Je cite :
In 1998 a student of Greenbriar Highschool in Evans, Georgia, named Mike Cannon was suspended for a day for wearing a Pepsi-shirt on "Coca Cola"-day. Coca Cola had called all schools in the USA to develop strategies for distributing of Cola-Tokens and Greenbriar-school took the whole thing really serious: dressing all students in Cola-shirts, forming a human Cola-Logo, and so on including lessons about the brown sugary liquid. (The price at stake were 500 Dollars.). C'est ici.

Cité également ici, et en Allemand ici et .

Ce n'est qu'un incident sans gravité, mais le symbole est intéressant. Et la question reste à mon avis ouverte.

Mis à jour par O. le 19 janvier 2004 à 12:08

Je suis actuellement en thèse, et pour cela j'appuie totalement Olivier sur la liberté de choisir un financement. Les labos manquent tellement d'argent que quand l'entreprise dit, en fait elle dicte.

Zarathoustra> Quant à la pénétration des entreprises au niveau des écoles, c'est très grave. Le jour où tu découvriras que ton gamin apprend à lire sur des livres donnés par Pizza Hut ou Mac Do, qui vantent les mérites d'aller manger des pizzas trucmuch(tm) tu commenceras peut-être à te poser des questions. C'est actuellement le cas aux US.

Tu sembles avoir une vision très idéaliste/naïve du monde. Il te manque peut-être de t'être frotté à la réalité...

Mis à jour par loic le 19 janvier 2004 à 15:42

Je vois mal pourquoi vous vous étonnez, les écoles de commerce françaises sont soumis à ce problème depuis qu'elles existent ... leurs subsides et leurs thèmes de recherche dépendent de la pression des membres les plus influents de la Chambre de Commerce du coin.

Exemple, le département Sciences Sociales / ressources Humaines de Sup' de Co Clermont évite de parler de la politique "Humaine" (flicage et pression) de Michelin. Pas un article sur les délocalisation et le chômage clermontois induit. Il est bien évident que le contrat en l'espèce n'est pas librement consenti. Comment le serait-il puisque les parties au contrat ne sont pas égales & qu'il y a rapport de dépendance ??

Par ailleurs, les écoles maternelles & primaires publiques françaises ont déjà des "kits éducatifs" (Colgate et autres) dans leurs classes depuis que certains crédits sont devenus insuffisants.

Pardon, j'ai dit un gros mot : "publiques".

Ensuite, le désengagement public de la recheche procède du même type de phénomène : les libéraux (neo, archeo et autres) sont persuadés que l'externalisation des charges est LA solution ultime à tous les mots ie à l'Etat. Sauf qu'il est des secteurs et des activités qui necessitent une mutualisation. Je ne vois même pas par quel méandre tortueux de l'esprit on peut discuter ce point.

Enfin, les auteurs de SF ou autres sont aussi des gens avec un cerveau. Le propre de la littérature et de tout art, est de proposer une vision du monde environnant. Je ne parle pas des lectures de gare, de repos ou de loisir, mais bien de littérature. A refuser tout autre prisme ou grille de lecture que celui de la "théorie" (mouarf) libérale, il est bien évident que le monde de zara doit manquer de repères. pour le moins et pour rester poli.

Mis à jour par wam le 20 janvier 2004 à 16:07

désolé pour les fautes d'orthographes.

Mis à jour par wam le 20 janvier 2004 à 16:09

désolé pour les fautes d'orthographe.

Mis à jour par wam le 20 janvier 2004 à 16:09

désolé pour les fautes d'orthographe.

Mis à jour par wam le 20 janvier 2004 à 16:10