14 novembre 2003
Petit lexique d'un conflit : O comme ordinaire.

La facilité et l'amour-propre, avec un certain sens de l'humour qui n'appartient qu'à moi, auraient dû me pousser à faire de ce O un "O comme oliviers" tant au niveau du symbole évident que du clin d'oeil même pas caché.

Mais je ne suis pas d'humeur... J'ai une image en tête.

Alors aujourd'hui, on met les deux pieds dans le quotidien. Aujourd'hui, on carbure à l'ordinaire. O, comme ordinaire.

Inspirez...


La scène se passe au check-point de Betléhem. Quand on arrive de Jérusalem, on doit contourner à pieds le poste de garde, et on débouche sur un passage couvert de tôle ondulée. Le passage fait peut-être quinze mètres. Au bout du passage, un soldat. De notre côté une femme, elle est la première dans la queue. Parce que, naturellement, il y a la queue.

Le soldat fait avec la main le signe d'approcher. Quatre fois. Il rythme le geste avec un mot en arabe, répété quatre fois. Yalla, yalla, yalla, yalla. "avance, avance, avance, avance".

La femme commence à avancer.

Le soldat, sans perdre le rythme, change de mot et de geste. Le geste fait signe de s'éloigner, le mot devient "ruh, ruh, ruh, ruh"... recule, recule, recule, recule.

La femme recule.

Le soldat est hilare : yalla, yalla, yalla, yalla... ruh, ruh, ruh, ruh... yalla, yalla, yalla, yalla... ruh, ruh, ruh,ruh...

Connerie ordinaire, méchanceté ordinaire, misère ordinaire, humiliation ordinaire, check point ordinaire. Bienvenue en Palestine occupée.

Autre check point, pas très loin de là, Al Ram. Un soldat, du haut d'un mirador, interpelle un vieux et un gamin qui tentaient de passer inaperçus sur le côté. Il leur fait signe d'approcher, et crie qu'ils doivent montrer leurs papiers. Le gamin prend les papiers du vieux et avance vers le mirador. Le soldat se met à hurler. Le gosse se fige, et tend les papiers à bout de bras. Le soldat prend une paire de jumelles, et du haut de son mirador, entreprend de lire les papiers. Il n'y parvient pas, et du geste renvoie le gamin et le vieux. Ruh ! Le vieux essaie de parler, mais sa voix est trop faible, le soldat ne l'entend pas. Voyant que les deux ne reculent pas, il arme son flingue, le pointe sur eux et appelle à l'aide. Deux soldats arrivent en courant, le gamin a peur et lève les bras, il prend un coup de pied. Ruh !

Haine ordinaire, scène ordinaire, absurdité ordinaire.

Petite litanie ordinaire. Le poison de l'occupation, qui tue lentement les Palestiniens et les Israéliens, qui s'insinue partout, dans les foucades de ces mômes qui grandissent trop vite sous un casque, dans la soumission de cette femme à ce rituel ignoble, dans la peur du gamin, dans l'impuissance du vieux.

Petit inventaire mortuaire d'une vie sans queue ni tête. Ruh, ruh, ruh, ruh... danse macabre. Parfois une dose d'humour : avec deux autres ambulanciers, nous avions "adapté" le rituel qui nous faisait avancer un par un et nous mettre torse nu avant de pouvoir amener l'ambulance à la fouille. Un soir, nous sommes arrivés, avons mis de la musique, avons avancé en ligne, tels des chippendale de bazar, et avons effectué un joli strip tease synchronisé. La sanction a été immédiate : le passage nous a été refusé. Faut pas plaisanter avec l'occupation. Ruh !

Ordinaire, l'arbitraire. Ordinaire, le refus. Ordinaire, le mépris. Ordinaires, la violence et la mort.

Sur mon mur, une affiche. Une vision stylisée du Mont des Oliviers, de Jérusalem.

Visit Palestine, dit l'affiche.

On peut avec un peu de persévérance visiter la Palestine. Y mener une vie ordinaire... ? Non. Yalla, yalla, yalla, yalla... RUH !

Respirez, c'est fini.

Écrit par O. le 14 novembre 2003 à 16:04
Réactions

atroce...

Mis à jour par aqb le 14 novembre 2003 à 18:10

Euh, et P comme partage?

Mis à jour par Marc le 15 novembre 2003 à 01:23

Atroce, non. Si tu veux de l'atroce, aqb, c'est du cote d'Istanbul qu'il faut aller aujourd'hui. On trouvera les details dans un autre site.

Degoutant, peut-etre. Le comportement de ces soldats est degoutant. Ca fait partie des effets pervers de donner a un quelqu'un d'immature la responsabilite d'un check-point. Un effet de la peur aussi. Il se peut que ces soldats soient de vrais encules dans la vie aussi, qu'ils aient besoin d'un gun pour combler une frustration plus profonde. Il se peut aussi qu'ils prennent un tout autre visage loin de la guerre.

Ce qui me gene dans ce texte, c'est qu'il laisse entendre que le comportement de ces soldats est "ordinaire", alors que ce n'est qu'une selection de monstruosites comportementales. Ca s'appelle de la generalisation, et on peut y voir des relents racistes, comme si on voulait se venger du racisme de ces soldats. On va dire que c'est un abus involontaire de la part d'un auteur en colere...

Mis à jour par boq le 16 novembre 2003 à 10:39

Non, Boq. C'est tout simplement ordinaire. C'est tous les jours, tout le temps, et partout. C'est la pièce du puzzle qui te manque.

Mis à jour par O. le 16 novembre 2003 à 11:32

boq> Atroce (je maintiens). Même si c'est atroce dans les deux cas. Et ne généralises-tu pas en ne sélectionnant que les événements qui te touchent? Pour ma part, je peux t'assurer que ça me lève le coeur dans les 2 cas. Sauf que dans ce qui est décrit par O., l'échelle, l'ampleur et la durée sont un brin différents. Il ne peut pas y avoir d'échelle de comparaison de l'horreur humaine. Mais un peuple tout entier brimé tout de même...

Mis à jour par aqb le 16 novembre 2003 à 11:59

atroce et ordinaire, comme tous les soldats en situation de guerre, le même genre de faits atroces a été établi pour des soldats belges en Somalie,"Des photos montraient les soldats belges en train de griller un enfant somalien vivant au-dessus d'un feu" rien de neuf sous le soleil, c'est la limite de l'âme humaine. pourquoi? vous imaginez qu'il peut y avoir des guerres correctes?

Mis à jour par Noyau le 16 novembre 2003 à 13:15

C'est pas une guerre : c'est une occupation. C'est peut-être un détail pour vous, etc...

Mis à jour par O. le 16 novembre 2003 à 13:26

un détail? non, pas du tout, ce mot-là est indécent, et pas de généralisation non plus, mais occupation ou état de guerre sont très voisins quant à l'attitude de soldats à l'action, non? quant aux soldats belges, ils n'étaient ni en guerre, ni en occupation mais sous le couvert d'un maintien de la paix... un peu de pouvoir, et voilà...

Mis à jour par Noyau le 16 novembre 2003 à 13:42

Faut pas sortir le mot du contexte...

Mis à jour par O. le 16 novembre 2003 à 14:10

Etat de guerre et occupation, non ce n'est pas la même chose. Je ne veux pas dresser une typologie des guerres. Les guerres sont toujours quelque chose de dégueulasse, et ce sont toujours les innocents qui en paient le prix le plus cher. Mais entre résistance, libération et occupation il y a une marge.

Deux facteurs à ne pas oublier.

Le premier c’est le différentiel militaro-économique entre les belligérants. Que pouvait l’Irak contre «la première armée du monde»? Que peuvent les Palestiniens contre Tsahal?

Le second c’est le motif véritable et la légitimité de l’occupation. Si en Irak les troupes US sont rapidement devenues des troupes d’occupation, aux yeux des irakiens, c’est parce que les beaux principes affirmés avant, pendant et après la guerre, non seulement n’ont jamais été appliqués, mais que l’occupation elle-même s'est faite sur des motifs fallacieux. Basés sur des mensonges d’Etat. Et on assiste à l’enlisement d’une armée tombée dans le piège infernal du cercle vicieux attentat-représaille. Ce qui laisse pantois devant ce qui est censé être la première armée du «monde libre». Une petite remarque historique au passage, même quand la légitimité de l’occupation peut se défendre (je pense à la défaite de l’Allemagne en 1945) la tentation a toujours été très grande de faire subir aux vaincus des brimades et représailles, contraires aux plus élémentaires principes et valeurs des vainqueurs. (Nombreux exemples)

L’occupation des territoires palestiniens répond, j’en ai bien peur, à une logique du même ordre. Les même causes produisant les mêmes effets...

Mis à jour par aqb le 16 novembre 2003 à 14:36

Ca m'énerve, les gens qui donnent un surnom à une armée. C'est pas Tsahal. C'est l'armée israélienne. Tu te vois appeler l'Armée de l'Air Adèle? Que les israéliens le fassent, c'est leur langue et leur armée. Mais entendre un journaliste français parler de "Tsahal" ou des "boys" me fout en rogne.

Mis à jour par O. le 16 novembre 2003 à 14:42

C'est juste. Ceci dit 'Adèle' ça irrait assez bien nan? ;)

Mis à jour par aqb le 16 novembre 2003 à 15:14

:)

Mis à jour par O. le 16 novembre 2003 à 15:57

Il ne peut pas y avoir d'échelle de comparaison de l'horreur humaine. Mais [...]

...

Mis à jour par Sam le 16 novembre 2003 à 23:29

C'est pas un argument, Sam.

Mis à jour par O. le 16 novembre 2003 à 23:37

Sam> Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Tu sors la phrase de son contexte, et tu veux y voir ce qui n'y est pas. J'ai clairement exprimé mon dégoût devant le moindre acte meurtrier. Ne vas pas t'imaginer pas que je me réjouis devant le spectacle affligeant d'un attentat meurtrier contre une synagogue. Je ne faisais pas de parallèle, relis le fil de la discussion en repartant de l’article. L’objet de la discussion avec boq portait sur la généralisation et la sélectivité des faits retenus. Ce que vivent des millions de Palestiniens est atroce. Et cela est organisé, planifié et justifié par un Etat. Mis en œuvre par son armée. On ne peut pas dire que les faits relatés par O. dans son billet soient de simples incidents ponctuels. Ils sont le fruits de l’occupation. La France elle-même a mené des guerres d’occupation et a commis les mêmes erreurs tragiques.

Quand je dis qu’on ne peut pas établir de hiérarchisation de l’horreur, je suis sincère. Mais tu as sorti ma phrase de son contexte. Les attentats quels qu’ils soient me dégoûtent. Ceux en France et en Turquie ne sont même pas compréhensibles, ils relèvent de la même connerie universelle dont les Hommes sont capables. Ceux commis en Israël sont le fruit de la désespérance. Même si bien entendu il y a d’abjects instigateurs qui instrumentalisent cette désespérance.

Que tu me dises que la formulation était malheureuse ça oui je veux bien l’admettre. Que tu en tires des conclusions bien hâtives m'attriste et ne me rassure pas. Car je ne souhaite qu’une chose en ce bas monde, c’est un peu plus de paix, nécessairement basée sur le dialogue et la compréhension. Et là de dialogue je ne suis pas sûr qu’il y ait eu.

Respectueusement et amicalement. Joël.

Mis à jour par aqb le 17 novembre 2003 à 08:38
Ceux en France et en Turquie ne sont même pas compréhensibles...
...Ceux commis en Israël sont le fruit de la désespérance.

C'est la qu'un fosse nous separe, aqb. Et c'est pas qu'une question de vocabulaire.

Et aussi poli sois-tu, quand je lis tes atrocites, parce que en voila de l'atroce, j'ai envie de t'insulter.

L'AFP a fait un bon boulot.

Sans aucun respect ni amitie. Michael.


Mis à jour par boq le 17 novembre 2003 à 09:33

L'AFP et Kol Israël, visiblement, se partagent le boulot.

Mis à jour par O. le 17 novembre 2003 à 09:45

Aux uns et aux autres : on ne peut éternellement éviter le fond du problème sous prétexte que la rhétorique de l'autre ne nous convient pas.

Mais je dis ça comme ça hein.

Mis à jour par O. le 17 novembre 2003 à 09:48
Aux uns et aux autres : on ne peut éternellement éviter le fond du problème sous prétexte que la rhétorique de l'autre ne nous convient pas.

Ce n'est plus une question de rhetorique, a ce niveau-la. On est au contraire en plein dans le fond du probleme.

Mis à jour par boq le 17 novembre 2003 à 10:01

Qu'est-ce que tu t'imagines ? Que l'Europe, et l'humanité n'ont que ça à foutre sur terre que de chasser le Juif ? Note que ça peut avoir un côté confortable comme système de pensée : pas de question à se poser. Toi, Juif, victime, moi, Européen, bourreau salaud.

C'est comme ça que tu vois la vie ? Blanc bleu d'un côté, noir blanc rouge de l'autre ?

Ca t'amènera pas loin, individuellement, ça vous amènera au désastre collectivement.

On ne peut pas faire l'impasse sur un antisémitisme, en Europe ou ailleurs. Mais en faire un fourre-tout, un tapis sous lequel on peut commodément évacuer tout ce qui gène, au final, ça ne va pas arranger les choses.

Mis à jour par O. le 17 novembre 2003 à 10:26

Ce n'est pas exactement ca, Olivier.

L'antisemitisme est un fleau a au moins deux titres. D'une part il menace directement les juifs, bien evidemment. D'autre part il empeche les concessions. Signer la Paix tout en laissant en fond le discours "Vous voyez bien que quand vous donnez vous avez la vie sauve", ou bien "C'etait comprehensible que vous en preniez plein la gueule, tant que ...", eh ben c'est dangereux. Parce ce que ces phrases qui mettent des conditions sur la vie des Juifs, sont la garantie-meme que le massacre continuera APRES la paix. C'est exactement ce qui s'est passe pendant les annees Rabin, quand les attentats continuaient alors que le discours et les actes de paix etaient omnipresents. Rabin utilisa meme la formule fatale "les victimes de la paix", une erreur rhetorique intellectuelle et morale, justement parce qu'elle est l'aveu de l'absence TOTALE de correlation entre terrorisme et paix.

Tant que je ne sentirai pas la perte de terrain de l'idee selon laquelle il y aurait une difference morale/logique/rhetorique entre le terrorisme islamiste en Israel, en Irak, en Turquie et ailleurs, je ne pourrai pas me resoudre a l'idee de la moindre concession en faveur de ceux qui utilisent ce terrorisme-la comme bras arme.
Et ce n'est pas pour mon plaisir ou mon confort d'autruche, c'est pour un principe que je considere comme garant de ma survie. Et en meme temps, l'antisemitisme, ce neo-antisemitisme de gauche, nous mets en danger en repoussant dans le temps ce que nous devrions faire vite.

Ca fait deux mois qu'on n'a pas eu d'attentat en Israel, et il est fort possible que les brimades continuent aux check-points. Il se trouve que cette idee me plait, parce que ca laisse entendre que les sentiments d'humiliation ne gouvernent pas la rage de tuer. Et ca me donne l'energie de me revolter contre ces brimades. Et pendant ce temps, comme par magie, les mots de paix poussent de tous les cotes, a chaque coin de rue, au detour de chaque conversation entre amis, depuis le Shabak aux anciens presidents de la Knesset, jusque dans le bureau d'Ariel Sharon. Que tu le croies ou non, le peuple d'Israel fonctionne comme ca: moins on l'attaque, plus son humanisme se reveille. Et je crois que tous les peuples sains d'esprit fonctionnent comme ca.

Tant que le calme regne, Israel et les palestiniens avancent vers la paix. Contentez-vous ailleurs, pour ce qui concerne Israel, de repousser l'antisemitisme sous toutes ses formes, des plus flagrantes aux plus insidieuses.

Mis à jour par boq le 17 novembre 2003 à 11:19
«Les querelles ne dureraient pas longtemps si le tort n'était que d'un côté» (La Rochefoucauld)

Mes "atrocités"? Tu te rends compte de ce que tu dis? C'est vraiment désolant. Quelles atrocités? Le "fossé" qui nous sépare boq, je ne suis pas sûr que tu souhaites réellement le combler, et c'est bien le point d'achoppement du problème. J'ai grand peur de comprendre que tu t'en accommodes, voire que tu le cultives. De dialogue tu ne veux pas. Tu es enfermé dans des certitudes simplistes. Qui a raison? Qui a tort? Où est la Vérité? Rien n'est pourtant jamais aussi simple. Il n’y a pas de vérité universelle, et je ne prétends surtout pas la détenir. Ma seule quête est de tendre vers elle, dans une démarche intellectuelle la plus honnête possible. En variant les sources. Je ne suis pas un produit de l’AFP, mais comme tout être humain il m’arrive de me tromper. En cherchant à m'informer, je suis souvent déstabilisé par ce que je lis. C'est tout l'intérêt des bons blogs comme CCN! ou celui netlex.

Cette fausse polémique est une diversion. Si on en revient à l'article "O comme ordinaire", elle cherche à occulter le fait qu’un peuple entier souffre d’une occupation injuste. Et pour cela tout est bon, y compris ce vieux principe freudien qui consiste à rejeter les fautes sur celui qui les dénonce. Je n'ai jamais excusé aucun attentat, quel qu'il soit, où que ce soit. Mais tant que perdurera cette injustice tu auras tout le loisir de ruminer l’envie de m’incendier et me faire des procès d'intentions. Si seulement être ton bouc-émissaire pouvait régler le problème...

Respectueusement & amicalement (Parce que sans démarche vers l'autre, tous les autres, il n'y a que de l'incompréhension). Joël

Mis à jour par aqb le 17 novembre 2003 à 11:27

En gros : dès que vous aurez maitrisé le symptôme, on s'attaque à la cause du problème. C'est ça ?

Note, si ça marche, hein.

"tant que le calme règne, Israël et les Palestiniens avancent vers la paix". Euh. Tu peux me donner une indication ? Rien qu'une, hein. Même petite. Allez, une demi indication.

Bien sûr que le "calme" c'est plus propice à la réflexion. Demande donc à tes petits amis de l'IDF de laisser les Palestiniens au calme, ça peut aussi les aider à réfléchir, non ? Ou ça marche que pour les blancs ?

Samedi, un mort et un blessé. Par balles Idf. Quatorze ans, le mort.
Vendredi : un vieux écrasé par un colon sur une route, devant témoins.
Jeudi : 5 blessés par balles Idf
Mercredi : un mort, un blessé, 15 ans chacun
Mardi : un mort (14 ans) et trois blessés
Lundi : deux blessés graves (un est le mort du mardi)
Dimanche : 2 morts (62 et 12 ans) et un blessé critique (14 ans)
Samedi : 6 morts

Etc... etc...

Il vous faut encore beaucoup de "calme" pour vous décider ? Parce qu'on finira par être à court de Palestiniens, hein.


Mis à jour par O. le 17 novembre 2003 à 11:44

Je vais pas discuter des heures avec toi aqb, notre échange sur Attac a été stérile et je ne réitererai donc pas. Quelques remarques simplement. Comme la plupart des gens qui se pressent vers l"altermondialisme" je pense que tu es sincère dans ton humanisme et ton désir de voir le monde évoluer vers une société plus juste, plus équitable et plus apaisée. C'est mon cas aussi et c'est le cas de la plupart des gens. Idem pour le conflit israelo-palestinien je ne mets pas en doute ta bonne foi. Mais tu te trompes et ton vocabulaire trahit cette fébrilité propre aux gens de gauche qui voient le monde de façon binaire (les méchants, les gentils; les bourreaux, les victimes; les riches et les pauvres) et qui sont donc incapables de voir les choses telles qu'elles sont c'est-à-dire en général un tantinet plus compliquées que ça. Tu fais des efforts pour apparaître mesuré mais visiblement tu ne peux t'empêcher de te trahir.

J'ai mis ta phrase en exèrgue parce qu'elle me fait penser au fameux "chuis pas raciste mais...". Les gens qui disent ça sont les premiers que je soupçonne de l'être. Les gens qui ne sont pas racistes ne l'affirment pas et ne s'en excusent pas !

C'est la même chose dans ton discours. Dans ta réponse à ma laconique citation tu commets *exactement* la même erreur et ce qu'en dit boq je le reprend entièrement à mon compte (pour une fois):

Ceux en France et en Turquie ne sont même pas compréhensibles...
...Ceux commis en Israël sont le fruit de la désespérance.

"Même pas compréhensibles" ? Tu te rends-compte de ce que tu dis, de ce que tu sous-entends (probablement malgré toi - j'espère !) ?

C'est plus que de la maladresse aqb, c'est un lapsus. Un acte manqué tant de fois entendu dans la bouche (en coeur) de tant de gens de bonne volonté.

C'est aussi le signe, soit que tu n'es pas aussi équitable, mesuré et impartial que tu voudrais bien le croire, soit que ta naïveté confine à la stupidité. J'espère que c'est la première suggestion qui es la bonne.

Mis à jour par Sam le 17 novembre 2003 à 15:16

C'est bien mal me connaitre que me considérer comme manichéen, de gauche qui plus est (oh que c'est mal ça). Je ne suis pas antisémite. C'est vraiment devenu n'importe quoi. J'ai la lettre A de l'abcdaire de O. qui me revient en flashback là... Quand je vois la virulence de vos attaques, infondées, non argumentées, pointant sur des mots, à défaut de traiter du fond, je me dis que vous êtes vraiment à cours d'idées pour sortir de l'impasse. Alors comme ça je découvre que le problème c'est moi. Vous êtes des victimes, et moi un complice des salauds. Et c'est moi qui suis manichéen?....
Pour la compréhension oui je me rends compte de ce que je dis. C'était peut-être maladroit, je ne suis pas Victor Hugo. Mais c'est à ne pas chercher à comprendre qu'on rend les problèmes insolubles. Comprendre n'est pas excuser, ni admettre l'inacceptable. Dans le cas d'Istambul les motivations restent à mes yeux obscures, dans le cas des kamikazes palestiniens, on est clairement dans la désespérance. Je comprends au sens premier du mot (compréhension, pas acceptation ou légitimation). Ca ne veut pas dire que le premier me dégoute mais que j'accepte l'autre. Non, ca veut dire que dans le premier cas je ne comprend vraiment pas et que dans l'autre je devine d'où vient le problème. Combien de fois va-t-il falloir que j'écrive que je n'accepte pas la violence? (Je devrais ajouter verbale) et que je reconnais sans équivoque le droit à l'existence de l'Etat d'Israël? Que je ne suis pas antisémite etc. ? C'est devenu fou.

"C'est aussi le signe, soit que tu n'es pas aussi équitable, mesuré et impartial que tu voudrais bien le croire, soit que ta naïveté confine à la stupidité. J'espère que c'est la première suggestion qui es la bonne."

Je n'ai pas prétendu être impatial etc. On a tous notre vision du monde. Mais je ne suis pas sûr d'être aussi partial et injuste que tu veux bien le croire. Quant à ma naïveté il est bien probable qu'elle confine à la connerie pour essayer de dialoguer. Alors idéaliste oui, car le monde s'est bâti sur des idéaux.

O. a toute latitude pour effacer mes propos s'il les juges inappropriés ou contraire au respect des personnes. Je t'y encourage vu que je tape ça sous l'effet de l'émotion, *très* mauvaise conseillère.

Mis à jour par aqb le 17 novembre 2003 à 15:43

1) Je ne suis pas boq, ni affilié avec lui en aucune façon (il nous arrive cependant parfois/rarement d'être d'accords et franchement je l'aime bien). Je ne suis pas israëlien non plus. Le "vous" n'est donc pas de circonstance.

2) Où t'ai-je traité de "complice de salaud" ? Où t'ai-je traité d'antisémite. Où ça ? Où me suis-je considéré comme une victime ? Hum hum... Excuse my english : WHERE-THE-FUCK-DID-YOU-SEE-THAT ?????

3) Tu n'as pas besoin de répéter que tu reconnais le droit à l'existence de l'Etat d'Israël (c'est bien le minimum soit dit en passant)franchement je m'en fous et ce n'est pas ce dont je parlais.

4) Sur ta formulation effectivement assez odieuse, bien que non voulue (mais ne t'inquiètes pas niveau atrocités naives j'en ai lues de biens pires ici-même) je n'ai que trois mots : tu t'enfonces. "comprendre" mais pas "excuser" ? S'il te plait arrête de te noyer. Quand on est humaniste et qu'on a des idéaux il n'y a pas mille façon de voir les choses. Un geste qui consiste à mettre en morceaux les corps de civils, hommes, femmes et enfants quels-qu'ils-soient, pour-quelque-raison-que-ce-soit est odieux, inacceptable et... incompréhensible. La seule chose à comprendre c'est comment faire cesser ces actes.

Au risque de te décevoir, sur le conflit dont on cause, on risque même d'être d'accord sur les moyens, les responsabilités et les objectifs... Ce qui ne change rien au fait que ta prose m'échauffe les oreilles.

Mis à jour par Sam le 17 novembre 2003 à 16:19

Sam, les actes terroristes n'ont rien d'incompréhensible. On est capable de comprendre la schizophrénie, la paranoïa, les personalités multiples, le mysticisme, on peut comprendre le terrorisme.

Ce qu'on ne peut pas faire, c'est l'accepter.

Je sais très bien pourquoi les tarés en Irak s'attaquent aux Nations Unies, à la Croix-rouge, aux Jordaniens (sans même mentionner les troupes US). Tout le monde le sait. Il s'agit d'enlever à quiconque l'envie d'aider les USA. Mais j'ai les genoux qui flageollent à chaque bombe. Comme à chaque bombe en Israël. L'horreur me scie à chaque fois. Mais je sais très bien qui fait quoi et pourquoi.

Il n'est que de prendre un individu un peu faible dans sa tête, et de lui fournir la bonne soupe : il ira se faire sauter où on lui demandera. Ca n'a rien d'incompréhensible.

Comme il est compréhensible de balancer une paire de missiles de croisière sur un pâté de maisons parce qu'on pense que Saddam y est. Il y a une pensée rationnelle derrière l'éparpillement aux quatre vents des gens qui n'étaient pas Saddam mais se trouvaient là.

Après, on est, ou on n'est pas, d'accord avec la méthode. Que ce soit la bombe humaine ou le missile de croisière, je ne suis pas d'accord.

On sait ce que c'est la haine, la manipulation... c'est pas Yassine ou les leaders du Hamas qui vont se faire sauter, hein. C'est toujours des pauvres bougres. Si Yassine allait se faire sauter lui-même, ça m'inquièterait plus. Mais là non, on est dans une terriblement banale instrumentalisation de la terreur. Que ce soit sous cette forme par les enfoirés de Hamas ou Al Qaida (encore une fois, je dis enfoirés plutôt que tarés, parce que c'est pas Usama lui même qui va se faire sauter...), ou sous la forme de la machine à broyer qui ravage la Cisjordanie.

On a dans tous les cas un petit groupe d'enfoirés avec un but, et un tas de pions. Manipulés. Ensanglantés.

Moi, je suis du côté des pions. Tous les pions.

Mis à jour par O. le 17 novembre 2003 à 16:54