09 novembre 2003
Mwhahahahahaha !!!!!

Mail reçu ce jour...

The UNITED STATES of AMERICA is welcoming 50.000 NEW PEOPLE this year! Get one of the thousands of Green Cards and turn your DREAMS into REALITY. The American Dream is calling you, start a better life in the Free World!

C'est officiel, les Américains nous prennent pour des cons...

[Entre les oreilles : Reste encore - Kent]

Écrit par O. le 09 novembre 2003 à 10:03
Réactions

T'as deja ete vivre en Amerique, au moins ?

Mis à jour par boq le 09 novembre 2003 à 10:33

Non ! Mais des tas de gens, dans les journaux, à la télévision, dans des livres, racontent ce qui s'y passe, et l'échantillon statistique est suffisament grand pour que ce soit significatif. Et puis je regarde aussi ce que ca EXPORTE, le Rêve Américain, et je ne suis pas pressé de me rapprocher de ce style de vie là.

Je vais te faire une confidence, même : j'ai jamais été très doué pour tomber dans les attrape-nigauds.

En plus, tu vois, je suis sympa : le rêve américain, je laisse ma part aux autres. Tu peux si tu le désires bénéficier de la Green Card qui m'était promise (contre un modeste versement, tout de même) dans ce mail, si tu veux...

Mis à jour par O. le 09 novembre 2003 à 11:50

Alors puisque tu parles de ce que tu n'as pas vu de tes propres yeux, je vais essayer de te raconter en partie mon experience.

1 an et demi a Boston, Massachussets. Milieu 100% academique. Une decontraction, un sens de la fete, une richesse intellectuelle et emotionnelle, une ouverture aux cultures du monde que je n'avais JAMAIS connu en France, ni en Israel d'ailleurs. Premiere question que tu poses a une personne que tu rencontres "Where are you from ?". Exemple: Bulgare ? Y'en a beaucoup des Bulgares a Boston ? Mais bien sur y'en a partout, dit le Bulgare. Et c'est la meme reponse pour les Francais, les Bengales, les Israeliens, les Indiens, les Syriens, etc. On est loin mais on ne se sent jamais seul. Des tas de gens des quatre coins du monde partis a la conquete de leurs reves, de leurs ambitions megalomanes. Un "droit inalienable a l'originalite", selon la formule de Tonino Benacquista, un de mes auteurs preferes.
Depuis l'Amerique, on voit son pays d'origine comme un tout petit pays qui se prend pour un grand. C'est comme ca, une sorte de lecon d'humilite. On a cette impression grandissante avec les mois qu'on se trouve au centre du monde.

Chacun voit avec tristesse la date d'expiration de son visa approcher. Il essaie de l'avoir, la Green Card. Parce qu'il n'a jamais ete aussi heureux, decontracte, en harmonie avec son milieu que depuis qu'il a atteri ici. Mais en meme temps il languit sa patrie. Parce que la-bas, disons en France, c'est la "vraie vie" (celle avec les problemes, celle dont on a peur de se "deshabituer"), c'est la famille, c'est des gens avec le regard profond, pas comme ces americain(e)s au regard vitreux, ces sourires ambulants qui t'ouvrent grand les bras sans jamais les fermer. Ces memes gens qui t'ont donne la possibilite de gouter a leur vie, avec une tolerance, une ouverture, et une curiosite d'enfant pionnier qui fait tellement defaut aux aigris du pays d'origine. Ca ca nous manque des que l'avion decolle pour le retour simple, tres souvent on en pleure.

Chaque jour que l'on passe sur le sol americain, on realise qu'il y a un ou deux oceans entre eux et le reste du monde. Une facon de penser completement differente, et qui ne transparait pas vraiment dans ce qui est exporte. Je me rappelle quand je regardais Friends ou Seinfeld a la tele, j'etais sidere par la finesse de l'auto-analyse comportementale. Le genre de truc impossible a ressentir depuis la France, qui plus est en VF.

Le debat politique ne manque pas aux USA, je peux te le dire pour avoir ete la-bas quand l'offensive sur le Kosovo avait ete decidee.

Tout ce que je te dis la, plus ou moins maladroitement parce qu'on ne resume pas tout ca en un texte, c'est une perception transcendante a l'origine ou aux positions politiques. Tu pourras demander a n'importe qui. En 17 mois la-bas, j'ai rencontre des gens de tous bords, et je ne connais personne qui ait echappe aux charmes du reve americain. Parmi ceux que j'ai rencontre dans le "vieux monde" et qui ont fait un tour comme moi dans le "nouveau", j'ai toujours retrouve cette etincelle dans le regard des qu'on prononce le nom de la ville americaine ou ils ont passe du temps.

Ne lis pas trop les journaux ou les menus du McDo, parle plutot aux gens qui ont vecu la-bas, dis le mot "Green Card", et observe bien leur regard.


Mis à jour par boq le 09 novembre 2003 à 13:27

Ca s'appelle de l'immigration sélective. Quant au rêve américain, il a un arrière-goût de cauchemar dans les quartiers délabrés dans lesquels s'entassent des gens vivant au dessous du seuil de pauvreté et qu'on fait travailler à perpette pour avoir droit à des aides sociales indigentes. Comble de malheur ces gens sont noirs. Leurs lointains ancêtres ne rêvaient sûrement pas de cela. Encore moins que leurs lointain descendants seraient vernis gâtés, puisqu'ils n'auraient pas à s'inquiéter de la date d'expiration de leur visa. Ils ont des préoccupations beaucoup plus terre à terre...
Cordialement. Joel.

Mis à jour par aqb le 09 novembre 2003 à 13:45

Les gens dont tu parles ne sont pas tous noirs, aussi decevant soit-il pour ton image d'epinal. Mais je sais il faut prendre un billet Paris-New York pour le voir, c'est cher.
Et les gens dont je parle ne sont pour la plupart pas des immigrants, mais des visiteurs dans le cadre professionnel ou etudiant. Et effectivement une des techniques pour obtenir sa green card, a cote de la loterie par essence non selective dont parle O., c'est d'avoir quelquechose d'interessant a proposer de part ses competences. Rien a voir avec la main d'oeuvre bon marche que representent en France les millions d'immigres du continent africain.

Mis à jour par boq le 09 novembre 2003 à 13:52

Tu es gentil, pour l'image d'Épinal tu repasseras. En valeur absolue il est logique que l'on trouve plus de Blancs pauvres que de Noirs puisque ces derniers ne constituent que 12% de la population totale (30 millions en gros) . En revanche en valeur relative 38% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté contre seulement 12% des Blancs. Si on regarde de près les tranches de revenus : 57% des Noirs ont des revenus faibles (moins de 25.000 dollars annuels) contre moins de 27% pour les Blancs. Alors, tu ajoutes à cela la très forte ségrégation spatiale des villes nord-américaines et tu obtiens de véritables ghettos, sans activités ce qui oblige ces habitants (Noirs pour plus de 90%) à aller bosser -pour des prunes- à plus d’une heure de trajet de chez eux. Bien entendu quand ces Noirs s’estiment bafoués et qu’ils ont le culot de se révolter on leur envoie la garde nationale (c’est à dire l’armée) comme à Detroit en 1967.

Tu as raison sur un point je n’y suis jamais allé, je n’en ai pas les moyens, mais je lis. Et le mépris n’est pas un argument. La loterie qu’évoque O. est bel et bien un attrape nigaud. La Green-Card étant attribuée selon la méthode des quotas, et reste très sélective. En ce qui concerne l’immigration nord-africaine, il faut revoir tes bases parce que c’est un brin plus complexe, et je te laisse à tes certitudes. Juste une remarque, Boston, ce n’est pas l’Amérique, c’est le vestige de ce que les premiers migrants ont voulu en faire.

Chiffres : Quid

L’ émeute de 1967 à Detroit :
Histoire
Documents
Texte et documents

A propos de la ségrégation spatiale tu peux consulter à loisir:
L’analyse de la géographe Cynthia Ghorra-Gobin
Les reflexions et documents cartographiques d’un universitaire américain à propos de Chicago
Et enfin les très belles photos de Dread Scott (honni par Bush)

Respectueusement. Joel.

Mis à jour par aqb le 09 novembre 2003 à 15:12

C'est bien de voyager a travers la connaissance, mais la connaissance passe aussi par le voyage. Mais dans les deux cas, l'un sans l'autre est une matiere insuffisante pour se faire un jugement.

L'Amerique existe de maniere aussi forte parce que beaucoup de gens, et des gens tres bien, trouvent leur bonheur sur son sol, dans ses institutions ou dans son modele. Ce n'est pas qu'une question de puissance.

L'injustice sociale existe la-bas aussi, et parfois le contraste se calque vaguement sur la dimension raciale, ai-je dit le contraire ? Ne vois-tu pas la meme chose dans tous les quartiers defavorises du monde ? Mais c'est aussi plus complique que noir ou blanc. Tu ne peux pas te faire un jugement en ne selectionnant que la merde, sauf a vouloir prouver quelquechose de politique et a se positionner en ennemi.


Boston, ce n’est pas l’Amérique

J'aime bien cette phrase. On a la meme pour New York, San Francisco, et toutes les grandes villes. On la retrouve meme pour Paris et la France, ou Tel-Aviv et Israel.
Mais on oublie souvent une chose: La perle de Boston, New York, ou San Francisco, n'aurait jamais pu exister ailleurs que dans l'huitre de l'Amerique.

Mis à jour par boq le 09 novembre 2003 à 15:47

Le truc qui me frappe, moi, c'est qu'en Californie, la cinquième économie mondiale en tant que telle, le premier employeur, toutes branches confondues, est... l'administration pénitentiaire.

Ce seul chiffre me permet de dire qu'il y a quelque chose qui va très mal du côté du rêve américain.

Je ne vis pas dans un Barbie Land. Enfin si, dans un sens : on essaie de me faire croire que je suis citoyen d'une démocratie, t'as qu'à voir. Mais j'ai dépassé le stade où on peut me faire avaler n'importe quoi avec quelques dorures.

Mis à jour par O. le 09 novembre 2003 à 15:50

C'est marrant, j'ai passé du temps aux US avec ma famille. Mes parents n'étaient pas là en universitaires, non, comme travailleurs à Los Angeles. Et bien je suis désolé, c'est comme partout, l'étranger reste avec les étrangers. Oui il y a beaucoup de contacts avec les étrangers, les locaux, c'est pas la même chose... "Nice to meet you" mais si tu dis un mot de travers tu as un procès sur le dos. Si tu joues au basket avec quelqu'un et qu'il t'écrase le pied, il te passera pas un anti-inflammatoire mais la carte de son avocat. Je te parle d'expérience vécue, à Berverly Hills, donc normalement avec des gens qui ont une bonne éducation on va dire...

Alors le rêve américain, il est nuancé pour moi. Boq, la vision que tu présentes est ce que tu trouves dans presque toutes les universités en Europe à partir du moment où tu t'intègres dans la vie universitaire. Tu généralises ta vision de l'université à l'ensemble de la société américaine (au passage, combien cela coûte d'aller dans une bonne université aux US?). C'est gratuit au Danemark, tu reçois même automatiquement un financement pour tes études jusqu'au master.

Mis à jour par loic le 09 novembre 2003 à 15:54

J'avais beaucoup de contacts avec les locaux. Parfois ils m'enervaient, parfois ils me plaisaient, parfois meme j'en etais amoureux.

J'ai ete etudiant en France, et universitaire en Amerique, c'est a dire etudiant. C'etait pas la meme ambiance, je confirme. Fallait payer pour etre etudiant, ou bien obtenir une bourse, grace a un projet de recherche. Un autre modele que l'Etat providence danois ou autre, c'est sur. Les etudiants rencontres la-bas n'etaient pas tous des fils-a-papa, mais tres souvent des gens brillants, qui s'auto-assumaient tres bien.

Tu peux nuancer tes reves, moi j'en garde le meilleur. C'est toujours ca, d'autres choisissent de chercher la merde dans l'or.

Je ne parle pas tant de la societe americaine, que du reve americain, sujet initie par O. Et s'il y a un moment ou l'on est a l'ecoute de ses reves pour choisir l'endroit ou l'on veut vivre, c'est bien entre 20 et 35 ans. Et pour le coup, la cible marketing est particulierement bien servie.

Enfin bref, on va pas faire la gueguerre indefiniment entre les bons cotes et les mauvais cotes de l'Amerique. L'important est de savoir qu'elle merite autre chose qu'un Mwhahahahahaha.

Mis à jour par boq le 09 novembre 2003 à 16:14

Mwahahahahaha... *soupir*

Mis à jour par aqb le 09 novembre 2003 à 16:17

"Tu peux nuancer tes reves, moi j'en garde le meilleur"
Je nuançais tes propos, ce qui est très différent ! Tu ne connais pas mes rêves à ce que je sache :o) Et oui aux US il y a de bonnes choses, comme la FSF, j'ai pas dit la SF Olivier ! mais je peux faire un effort...

Mis à jour par loic le 09 novembre 2003 à 16:32

C'est quoi FSF ?

Et le Mwhahahaha, c'était pour la promo-chromo du "rêve américain". L'Amérique en elle-même étant, visiblement, peuplée de gens capables du meilleur, et du pire, dirigée en ce moment par des gens qui n'ont que le pire en vue.

Mis à jour par O. le 09 novembre 2003 à 16:37

La FSF est la Free Software Foundation http://www.gnu.org/ pour le côté capable du meilleur, on peut les mettre.

Mis à jour par loic le 09 novembre 2003 à 17:06

AH ! Oui, ceux-là, évidemment. Mais bon, je suppose qu'il y en a d'autres. Mais oui, ceux-là. :)

Mis à jour par O. le 09 novembre 2003 à 18:12

"L'Europe a des souvenirs, l'Amérique a des t-shirts."

Jean-Luc Godard

Mis à jour par rom le 09 novembre 2003 à 18:48

Mon Amérique à Mwahahahahaha...

Mis à jour par Fabrice le 10 novembre 2003 à 10:33