20 août 2003
Un vent frais souffle...

J'ai déjà évoqué ici l'imbroglio pognono juridique dans lequel SCO tente de plonger le monde de l'informatique en clamant que Linux contient du code qui lui a été volé.

Ce qu'ils ont toujours refusé de faire, c'est de montrer des preuves. Ou seulement à des gens disposés à signer un accord de confidentialité. Mais hier, sous la pression des contre-procès qui commencent à leur tomber dessus, ils ont pour la première fois montré des fragments de code, expliquant qu'il s'agissait en fait de millions de lignes de code.

Ils ont montré quelques slides, préparées avec amour sous Powerpoint, je suppose.

Première remarque : pour cacher une partie de leur code à eux qui se trouvait sur l'écran, ils ont recouru au top des techniques de codage : ils ont changé la police de caractères et ont tout écrit avec la police "Symbol". Un gamin de dix ans aurait dit : "mais si quelqu'un prend une photo, et retape le même texte et change la police, ils auront le vrai code, pas vrai ?" . Ben oui. C'est beau, la technologie SCO.

Seconde remarque, et c'est là où je voulais en venir : une heure après le début de la conférence où ces slides ont été montrées, des photos circulaient sur le net, et une armée de linuxiens se penchait sur la question. Dans les deux heures, une floppée de pages montrait ce qu'était le code incriminé, d'où il venait, qui l'avait écrit, et tous les endroits où on pouvait le trouver. Il s'avère que là où SCO a expliqué qu'ils avaient utilisé ce qu'ils appellent des pattern recognition engines" (des analyseurs de code, mais ça plaira aux fans de Gibson) pour détecter les copies de code, la communauté Linux a rétorqué qu'il suffisait de taper les lignes de code en question dans Google pour se rendre compte que la plainte de SCO était nulle et sans fondement.

En deux heures, un groupe hétéroclite de gens qui ne se connaissent pour la plupart probablement même pas ont effectué un travail de recherche colossal, et l'ont mis à la disposition de la communauté.

Pour vous donner une idée du sérieux avec lequel cette affaire est suivie par ceux qu'on présente souvent comme une bande de tête en l'air en dehors des réalités, jetez un oeil à cette page-ci. C'est affolant de documentation. Il ne doit pas y avoir moins de 200 liens sur cette page.

En face, on a deux slides miteux.

Le vent souffle, moi j'dis. Et c'est un poil raffraichissant.

[Entre les oreilles : Pretty Flowers Were Made for Blooming - Bill Frisell]


Écrit par O. le 20 août 2003 à 08:40
Réactions

Dans le second slide, au debut:

if(size == 0)
return)((ulong_t NULL);

ca veut rien dire en C/C++... Erreur de syntaxe.

On dirait une blague de mythomanes ton truc.

Mis à jour par boq le 20 août 2003 à 12:29

C'est ce qu'ils disent aussi : ça ne compilerait pas. Mais ce n'est pas le problème. Ce qui m'épate, c'est le monstrueux volume d'information compilé par ces types.

Mis à jour par O. le 20 août 2003 à 13:05

Une chose est claire: la "technologie" SCO ne vaut pas un centième de celle d'IBM.

Une autre chose est moins claire: qui va gagner le procès. Parce que, malheureusement, c'est une question de licenses et non de technologies. IBM a fait le choix stratégique de miser sur Intel et, par la même occasion d'enfoncer encore plus la communauté Unix, elle risque de payer pour cela.

Il y a une différence de taille dans la plainte de SCO: elle ne s'attaque pas à la communauté Linux elle-même (ces techies), mais bien à la grosse machine qu'est IBM (celle qui a la thune). IBM a investit ces 3 dernières années plus de 3 milliards de billets verts pour promouvoir un Linux gratuit, j'ai bien peur qu'elle risque de payer aussi pour ce procès...

Ce qui pourrait être marrant dans cette histoire qui reste des plus navrantes (car le gagnant sera de toute façon Intel et les perdants les communautés Unix et Linux), c'est que le juge américain (j'imagine un vieux schnock, comme tiré d'une série B des années 80) appelle Linus Torvalds comme témoin et lui demande sous serment qu'il explique comment il a crée Linux. La tête que ferait alors l'audience serait des plus intéressantes à voir...

Mis à jour par pes le 20 août 2003 à 15:25

Mais si, SCO s'attaque aux nerds. Ils disent qu'à terme tout utilisateur de Linux devra leur payer une licence...

Mis à jour par O. le 20 août 2003 à 16:57

La stratégie IBM ne repose pas uniquement sur le choix Intel. IBM est un fondeur de puces, dont les PowerPC. Le modèle G5 équipera notamment les PowerMac disponibles en septembre. D’autres modèles équipent des serveurs de bigblue. Une guerre stratégique se profile avec le passage au 64bits entre IBM/Apple et le clan Intel/Microsoft. Reste à savoir maintenant pour qui et pourquoi roule SCO... :o) - Amitiés

Mis à jour par aqb le 21 août 2003 à 19:08