18 mai 2003
Qui veut la peau de Roader Mappit ?

Albert le disait en son temps : tout est relatif. Si personne n'a dénoncé les morts dans les territoires occupés de Palestine de ces jours derniers comme des coups portés au très éventuel revival du processus de paix israélo-palestinien qu'a failli être la fameuse "road map", on ne manquera pas de dire que les espoirs de paix sont morts avec les deux dernières attaques suicide palestiniennes.

Discours réducteur s'il en est, mais qui ne dérangera personne, sauf une poignée d'irréductibles empêcheurs de somnoler en rond. Et l'ensemble de la population palestinienne, naturellement.

Quand on y regarde d'un peu près, c'était quoi, cette "road map", cette feuille de route ? Eh bien c'était une très vague tentative de concrétisation sur le terrain d'une des visions de Junior. Rien que ça, de toute façon, aurait du mettre la puce à l'oreille de tout un tas de gens quand on voit le succès remporté par les visions précédentes : chaos en Afghanistan, chaos en Irak, et activité terroriste internationale comme jamais, sans compter les effets secondaires sur l'état de la diplomatie mondiale.

L'idée c'était de dire aux deux parties en présence que maintenant ça suffit et qu'il va falloir faire la paix.

Voilà.

Bon, on se disait bien que quelque chose n'allait pas, puisque de toute façon, tout humour danois mis à part, le mot "paix" n'a pas le même sens pour tout le monde. On n'a pas affaire à deux parties en présence, mais au moins trois, et probablement quatre, et chacune a sa vision des choses.


Inventaire. Côté palestinien, à ma droite : la population, massivement désireuse de paix, prête à beaucoup pour pouvoir retrouver un semblant de vie normale. Dans l'ensemble, des gens assez raisonnables, convaincus que leur futur et celui d'Israël sont liés. Côté palestinien toujours, à ma gauche : les partis islamistes durs style "Hamas". Eux, veulent le pouvoir, et donc veulent avant tout le démantèlement de l'autorité palestinienne, laquelle ne représente plus rien sur le terrain et plus grand-chose sur le plan international. Pour parvenir à cet objectif sans arriver à une guerre civile dont ils ne voudraient pas être tenus pour responsables, les islamistes ont décidé de faire faire le boulot par Israël. La méthode : torpiller sciemment toute tentative de dialogue par une paire de bombes bien placées. Ca ne peut fonctionner qu'avec la complicité des Israéliens, mais ça tombe bien, ils l'ont. La position de l'autorité palestinienne dans tout ça ? Rester au pouvoir. Mais ça sent le pâté.

Côté Israélien, maintenant : la population "normale". Traumatisée par à peu près tout, entre deux mille ans d'histoire et particulièrement les deux dernières années, la population israélienne n'a plus, je pèse mes mots, toute sa tête. La pensée rationnelle n'est plus et de loin le mode de fonctionnement, seule la réaction a droit de cité. Et l'idée à la mode, c'est une vie sans les Palestiniens. Quels que soient les moyens à employer. C'est l'affaire du gouvernement. Un mur s'il le faut, et si ça ne suffit pas et qu'il faut les déporter, qu'il en soit ainsi mais il faut retirer les Palestiniens du quotidien israélien. Comme on le voit, les deux populations ont des avis opposés sur la question.

Côté Israélien toujours, une fraction de la population, pour un mélange d'opinions religieuses, raciales, et d'opportunisme, prône l'annexion pure et simple des territoires palestiniens, et a mis le programme en oeuvre par le biais des colonies. Ceux-là ont un premier ennemi : l'autorité palestinienne. Sous leur impulsion, le gouvernement israélien a entrepris de détruire, localement et sur la scène internationale, toute trace de légitimité de l'autorité. Cette faction là a toujours su agir pour torpiller une initiative de paix, soit directement, soit en sachant chatouiller Hamas sous le menton jusqu'à obtenir la bombe de trop.

La road map était condamnée d'avance. Les Israéliens en avaient refusé le principe fondateur : des efforts des deux côtés en même temps. Une autre lecture de ce principe fondateur était que la situation sur le terrain est en partie fondatrice du terrorisme palestinien, et ça c'est un postulat que le parti des colons n'acceptera jamais. Alors les choses étaient claires : on ne négocierait qu'une fois que le problème aurait disparu, et en position de force.

Alors il a suffi de chatouiller les Palestiniens sous le menton : une offensive quasi permanente sur Gaza, des morts tous les jours, et la perspective d'en finir avec le crédit de l'autorité.

Et boum.

Boum à Kiryat Arba, Boum à Jérusalem.

Des fois, je préfèrerais ne pas comprendre.

Écrit par O. le 18 mai 2003 à 08:15
Réactions

o., merci de dire tout haut (etc et comme d'hab !)....
et pour tous ceux qui me reprochent d'etre "manipulee par la tele francaise qui fait de la propagande pro-palestinienne sans arret" : *toutes* les chaines ont ouvert sur "les espoirs de paix sont morts avec les deux dernières attaques suicide palestiniennes." - pas un mot, pas un seul sur le bouclage des territoires depuis que la feuille de route a ete livree.

Mis à jour par iza le 19 mai 2003 à 14:17

Oh, Iza, mais non voyons, nous sommes tous manipulés ! Un récent documentaire expliquait comment les Palestiniens avaient réusi à gagner la guerre des médias....... Ouais, peut-être... mais ça change quoi à leur vie de merde ?

Mis à jour par Chez le 19 mai 2003 à 17:28