20 mars 2003
De l'autre côté...

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la première explosion n'est pas la pire. Quand on s'attend à une série d'explosions, la première signifie surtout qu'on a fini d'attendre.

Ces heures dans la nuit où on réinterprète tous les bruits. Parfois on n'ose pas se déplacer dans la maison; c'est irrationnel, on le sait.

Et enfin, donc, la libération. On a l'impression que ses organes se liquéfient, le sol tremble. Au fur et à mesure que les explosions déchirent le silence, on se recroqueville. Quand on est plusieurs, on reste silencieux. Parfois, quand ça dure, les nerfs lâchent, on se met à pleurer sans bruit, avec un soubresaut à chaque explosion.

Et ça, c'est un signe que tout va bien ; que l'explosion, c'est chez quelqu'un d'autre. Jusqu'à la prochaine, en tout cas.

Fallait bien que quelqu'un vous le dise. C'est ça la guerre. Sans logo en rouge et bleu, sans mise en page spéciale.

Dédié à tous les gens qui n'ont jamais pleuré de peur dans le noir quand de l'autre côté du mur de leur chambre à coucher un char d'assaut est en train de tirer à la mitrailleuse lourde sur la maison du voisin, et qui se réjouissent qu'enfin cette guerre arrive.

Écrit par O. le 20 mars 2003 à 07:42
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