T à la crème...
Je me souviens de la première fois où j'ai lu le Seigneur des Anneaux.
Je l'avais acheté un vendredi à la librairie. Sur la place, en face de la boulangerie, et à gauche de la boucherie.
Ne me regardez pas comme ça: je suis content de m'en souvenir, c'était il y a 25 ans, je suis très content d'arriver à reconstituer la scène. Quand on rentrait dans la librairie (plutôt un marchand de journaux, en fait, mais bon), les livres étaient tout de suite sur la droite.
On m'en avait parlé plusieurs fois, et bon, il était là, le premier volume. Rouge, avec trois anneaux dorés, je crois. Et deux petits bonshommes ridicules. Alors je l'ai acheté, en rentrant du CES. En plus ce n'était même pas ma route normale pour rentrer, de passer par là.
C'était un vendredi.
Je me suis plongé dedans tout de suite en rentrant. La nuit a été courte, et le lendemain matin, en allant au CES (le samedi matin j'avais techno, et c'était tellement insupportable que j'achetais toujours du chocolat à la boulangerie pour pouvoir tenir le coup) je me suis rué sur le rayon livres pour acheter la suite, parce que j'avais peur de rester en rade pendant le week-end.
Et la suite ils ne l'avaient pas ! Ils avaient le tome III mais pas le II !!
Pour vous dire à quel point j'étais fasciné par ce bouquin, j'ai pris le train dans l'après-midi pour aller à Paris chez Gibert pour acheter le deuxième volume. Les deux tours. Couverture bleue, si je me souviens bien, dans l'édition française du Livre de Poche.
Et dans le second tome, encore plus que dans le premier, j'étais totalement fasciné par le personnage de Gimli. Le nain. Pour moi, c'était lui le vrai héros de l'histoire. En tous cas celui auquel je m'identifiais le plus facilement, parce que dans un sens il n'avait rien d'héroïque. Juste les deux pieds par terre, et un coeur gros comme ça.
Et hier soir, je suis allé voir Les Deux Tours, le film.
Passons sur le film en lui même d'un mot : il est bien. Très bien, même.
Mais j'ai un arrière-goût. Ils se sont servis de Gimli comme comique de service, histoire de détendre l'atmosphère.
Dès les premières minutes, le ton est donné. Aragorn, Legolas et Gimli sont à la poursuite des ravisseurs de Merry et Pippin. Pour qui a lu le livre, c'est épique, énorme, immense, cette poursuite. Les trois poursuivants tenaces écrivant une des grandes pages de l'histoire des Terres du Milieu.
Et en effet, grandioses paysages, les silhouettes élancées d'Aragorn et Legolas, cheveux au vent... et le nain qui tombe. Et le nain qui est à la bourre. Qui proteste, souffle, grince...
Plus loin, son cheval qui fait tout le contraire de ce qu'il lui demande. Le nain enseveli sous un tas de carcasses et qui gigote pour essayer de s'en dégager. Le nain qui dit fièrement "j'en ai abattu deux" pour s'entendre répondre par Legolas qu'il en est, lui, à dix-sept. Orcs.
Le nain qui tombe de cheval, le nain qui est derrière un créneau et qui ne voit rien alors que tout le monde autour de lui regarde l'armée de Saroumane arriver. Et ainsi de suite...
J'ai vraiment bien aimé le film. Images magnifiques, un Gollum incroyable, des ents magnifiques, des batailles superlatives... mais le Gimli en moi a un peu mal au crâne... mes quatorze ans ont comme une tâche de café sur la photo.
Écrit par O.
le 10 février 2003
à 09:25
J'ai commencé par "Bilbo le Hobbit", et j'ai toujours adoré ce bouquin. "Le Seigneur des Anneaux" est une épopée magistrale, mais, la légèreté et la simplicité de "Bilbo" ma toujours un peu manqué -- j'étais jeune et je me disais que la vie ne pouvait pas être aussi sombre (finalement, si). Et, tout au début, j'ai trouvé Frodon un peu tristounet et glauque par rapport à Bilbo et ses "aventures". Nostalgie...
Beaucoup de mes contacts avec les livres (dont ceux-ci) s'opéraient à l'époque dans l'enceinte de la Bibliothèque Publique de mon quartier où je passais pas mal de temps. Certains (mais pas ceux-ci) que je n'ai tristement jamais pu retrouver par la suite. "Bilbo" était édité par la Biliothèque Verte, si mon souvenir est bon, et j'ai soudain les couvertures de la trilogie en J'ai Lu (bleue marine, rouge sombre et... noire?) qui me reviennent en mémoire... avec toute l'atmoshpère, les odeurs de papier, neuf ou vieux, la poussière, le soleil entrant par une baie vitrée, le livre qu'on attendait qui apparaît soudain comme par enchantement, la quiétude, le calme, et tellement de mots, tellement d'histoires... Parfois, la mémoire est une chose magique.
NB: "Middle Earth" est "La Terre du Milieu", pas "Les Terres..." Je sais, je suis chiant :-)