06 décembre 2002
Paul et Virginie

Il y a Virginie. Je vous ai déjà parlé de Virginie. Dans une autre vie ou, plus probablement, sur un autre weblog. En fait, il n'y a pas seulement Virginie, il y a tous ces gens qui me sont proches, ou que je pense proches, et que je perçois pourtant si lointains. Rien n'est jamais simple*.

Quelques photos de ces gens, dont finalement peu me sont réellement proches

Il y a ces personnes que je croise, pour lesquels je ressens une affinité, et que je n'ose pas aborder; soit parce que j'estime qu'il n'y a rien à espérer, par timidité ou fatalisme; soit parce que je pense que la situation ne s'y prête pas, parce qu'elles sont dans un groupe ou sur un quai de métro bondé; ou encore parce que j'ai peur du regard des autres, d'être jugé, d'avoir l'air ridicule. Et je laisse passer l'occasion... tellement d'occasions.

Il y a d'autres, que je fréquente, mais dont la relation me frustre. Que j'aimerais voir plus souvent ou dans d'autres circonstances ou, plus simplement (sic), dans un rapport différent. J'imagine que, de l'autre côté, il doit y avoir parfois les mêmes complexités. Des relations ambiguës, dont on n'arrive pas à définir le cadre, la profondeur de l'engagement, la température de l'amitié, voire la qualité de légèreté. Ou même savoir si c'est du lard (...mour) ou du cochon, quoique la question se pose plus rarement.

Mais une relation, c'est tout d'abord fragile, il y a des pas qui sont irrémédiables et qui peuvent, s'ils sont mal dansés, tout bousiller. Et puis il y a ces codes, exprimés ou implicites, instruments inévitables à tout rapport social, qu'il faut connaître pour en jouer. Il y a aussi qui on est, qu'on met dans la balance ou, avec un peu d'habileté, qui on veut paraître. Ça ne pèse pas forcément très lourd. Finalement, c'est marrant, mais ça se passe des fois tout seul, comme sur des roulettes, avec la candeur et la puissance d'une évidence partagée. Et, souvent, ça capote avec la même stupéfiante simplicité, nous laissant, un chouia hébétés, décalqués sur le dazibao de la vie.

Pourtant, qui sait si parmi toutes ces éventualités manquées, ces ébauches de proximité, ces inadéquations sociales, ces hiatus humains, ces pénibles ramassages de vestes, elle n'est pas à quelques mots, à quelques gestes, à un regard, à un sourire de moi, la personne que j'attends. Je vais faire une bise à mon iMac, tiens. Il faudrait d'ailleurs que j'arrête de lui parler.

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* Traduction de "Nothing is ever simple".

Écrit par gemp le 06 décembre 2002 à 18:02
Réactions

Le ridicule n'a jamais tué personne (hélas pour certains...)

Rien n'est jamais simple, en effet entre les êtres humains.

C'est même certainement le plus difficile.

Quand la vie nous semble décalée...est-ce que ce n'est pas que l'on est aussi décalé.

Est-ce que soit même on n'a pas blessé, déçu, manqué...?

On est toujours en partie responsables de la qualité ou l'intensité des relations que l'on entretien (ou pas, ou mal)

Quand on n'attend rien des autres,mais surtout quand on en exige rien, on reçoit beaucoup...

Quand on n'attend si fort quelqu'un qui ne viendrait pas, est-ce que l'on ne se fuit pas soit-même, ou à l'inverse c'est soit même que l'on ne trouve pas ?

Quand on a peu ou plus de repères, soudain tout est fragile, car nous sommes fragiles.

Courage Olivier, avec le temps...ça ira

Mis à jour par Aïcha le 07 décembre 2002 à 22:41

L'auteur de ce texte, c'est Paul, pas moi.
C'est pour ça que c'est signé "Gemp"...

Le commentaire en lui-même reste valable...

O.

Mis à jour par o. le 07 décembre 2002 à 23:05

Eh bien:

"Courage Paul, avec le temps ..."

Le commentaire est tout aussi valable, en effet, et le texte n'en reste pas moins émouvant. ;-)

Mis à jour par Aïcha le 08 décembre 2002 à 06:14